Les 3 Ave Maria, une pieuse pratique

En l’honneur de la Puissance, de la Sagesse et de la Miséricorde de la Très Sainte Vierge.

Un jour, en semaine, coup de sonnette à ma porte, c’est une des fidèles qui vient gentiment me rendre visite et m’apporte une très belle image de la Vierge Marie (la Madone Sixtine de Raphaël) avec au dos une prière à réciter matin et soir. Comme elle me fait plaisir !

La prière c’est l’Ave Maria que je n’avais pas oubliée depuis mon enfance et que je venais de réapprendre en latin :

Je vous salue Marie, pleine de grâce, Le Seigneur est avec vous, Vous êtes bénie entre toutes les femmes, Et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni. Sainte marie, mère de Dieu, Priez pour nous, pauvres pécheurs, Maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il.

Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum, Benedicta tu in mulieribus, Et benedictus fructus ventris tui, Jesu. Sancta Maria, mater Dei, Ora pro nobis, peccatoribus, Nunc et in hora mortis nostrae. Amen

Récitation suivie de la demande :

Sainte Vierge marie, protégez-moi pendant cette journée (ou cette nuit), préservez-moi de tout péché mortel, et accordez-moi la grâce d’une bonne mort.

C’est sainte Mechtilde (XIIIème siècle) qui en eut la révélation. Alors qu’elle chantait l’Ave Maria le jour de la fête de l’Annonciation et demandait à Marie de daigner l’assister de sa présence à sa dernière heure. La Sainte Vierge lui est apparue et lui a répondu : « Je te le promet, mais toi, récite chaque jour trois Ave Maria ». Elle lui expliqua que le nombre de trois faisait référence aux trois personnes de la Sainte Trinité — le Père, le Fils et le Saint-Esprit — qui n’avaient cessé de la combler de toutes grâces, elle la Mère de Dieu.

Selon cette promesse, quiconque, à l’heure de la mort, aura récité fidèlement les 3 Ave Maria sera réconforté par le Père qui chassera loin de lui toute puissance ennemie ; son âme sera remplie des lumières de la foi et de la science par le Fils de Dieu ; et il recevra du Saint-Esprit la suavité du divin amour pour triompher des douleurs et de l’amertume de la mort.

Depuis la révélation de son importance, une multitude de chrétiens ont pris l’habitude de prier quotidiennement trois « Je vous salue Marie »en y voyant un moyen sûr d’obtenir le salut éternel. Et beaucoup de saints s’en sont faits les apôtres comme le missionnaire Léonard de Port-Maurice qui y attachait une extrême importance, saint Alphonse de Liguori, qui fixa la manière de réciter les trois Ave, et en établit, à tout jamais, l’excellence et l’efficacité ; le saint curé d’Ars, Jean Bosco et de nombreux autres à travers le monde qui ont encouragée cette « pieuse pratique ».

« Ceux qui sont sous la protection de Marie doivent tout espérer de Dieu, puisqu’elle connaît toutes leurs nécessités, qu’elle veut et qu’elle peut les secourir. » (Saint Bernard)

Le Notre Père

Médité selon les exercices spirituels de St Ignace de Loyola.

Le Notre Père est la première prière qu’il m’a fallu réapprendre, en français d’abord, puis en latin. C’est une prière centrale pour le christianisme. Elle est la « vraie prière », la seule consignée dans les Évangiles comme étant de la bouche même de Jésus-Christ.

Jésus, en réponse à une question des disciples sur la façon de prier, leur déclare : « Quand vous priez, dites : “Notre Père…” » Le texte se trouve, avec quelques variantes, dans les Evangiles selon St Matthieu (6:9-13) et selon Saint Luc (11:2-4). En Matthieu, la prière, qui est mentionnée à la suite du Sermon sur la montagne, comprend sept versets ; en Luc, elle n’en compte que cinq. Ces deux textes ont été rédigés vers la même époque, c’est-à-dire entre 70 et 85.

 « Vous prierez donc ainsi :
Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié.
Que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd’hui le pain nécessaire à notre subsistance.
Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons les leurs à ceux qui nous doivent.
Et ne nous induisez point en tentation, mais délivrez-nous du mal ». (Matthieu 6:9-13)

 « Un jour que Jésus était en prière en un certain lieu, lorsqu’il eut achevé, un de ses disciples lui dit : « Seigneur, apprenez-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples.  »
Il leur dit : « Lorsque vous priez, dites : Père, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive.
Donnez-nous aujourd’hui le pain nécessaire à notre subsistance, et remettez-nous nos offenses, car nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous doivent ; et ne nous induisez pas en tentation. » (Luc 11:1-4)

Le Notre Père se déploie en deux temps.

Les trois premières demandes s’adressent au Père qui se révèle aux hommes.

« Notre Père qui êtes aux cieux, que Votre nom soit sanctifié, que Votre règne arrive, que Votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Reconnaissance et louange à la gloire ou à la volonté de Dieu : celui qui prie ne demande rien pour lui-même et, implorant Dieu d’établir son Royaume, il s’écarte de ses propres préoccupations.

Le réciter machinalement, évidemment ne suffit pour comprendre l’importance de cette prière. Il m’a fallu approfondir en détail le Notre Père, ses paroles et ses formules traditionnelles.

Dès le commencement, le ton est donné : Père. C’est ainsi que nous nous tournons vers le Dieu Tout-Puissant, Créateur de toutes choses, et nous l’appelons « Père » avec une intimité et une confiance qui seraient inacceptables et inconcevables s’Il n’était pas aussi et surtout un Dieu d’Amour. L’ouverture du Notre Père définit déjà la nature de notre relation avec Dieu : un fils qui se tourne vers le Père, avec respect et révérence, mais surtout avec une confiance et un amour total, avec la certitude de pouvoir toujours trouver l’écoute, le pardon, l’accueil, un lieu sûr pour revenir et trouver refuge. Mais pas seulement. Dieu n’est pas seulement « Mon Père ». Il est le Père de tous les hommes sans distinction. Peu importe ce que nous avons fait de bien ou de mal. Dieu est là et est prêt à nous accueillir dans son étreinte et en tout temps. C’est pourquoi nous disons Notre Père. Sa générosité infinie l’a conduit à se donner aux hommes, à se sacrifier pour nous donner espoir et salut.

Après l’ouverture, la prière continue avec d’autres phrases qui identifient Dieu, non seulement comme Père, mais aussi comme Seigneur de toutes choses. Nous l’avons appelé Père, nous avons dit qu’il était à nous, et pourtant nous n’oublions pas sa grandeur, son omnipotence, son omniscience, Il est le Seigneur de la Terre et du Ciel. Nous disons « qui êtes aux cieux » non pas pour indiquer qu’Il est loin de nous, mais pour nous rappeler que là où Il est, Il sait tout, Il voit tout, il peut tout, et qu’Il ne cesse pas pour autant d’être Notre Père.

À partir de ce point, trois déclarations se succèdent, exprimant de notre part l’engagement au témoignage « que Votre nom soit sanctifié », à la fidélité « que Votre règne arrive » et à l’amour et une foi totale en Dieu « que Votre volonté soit faite ».

Nous disons « que Votre nom soit sanctifié », parce que la tâche (louer, aimer et servir Dieu) de chaque croyant a toujours été de glorifier le nom de Dieu et de le faire connaître à tous, même à ceux qui ne le connaissaient pas. Avec cette formule, nous préservons le nom de Dieu du mépris, des blasphèmes, des outrages et de l’indifférence de ceux qui ne le reconnaissent pas, nous le louons avec respect et joie, espérant qu’Il sera respecté et aimé de tous.

De même, « que Votre règne arrive » est le souhait que nous Lui adressons. Car nous savons que Jésus reviendra, comme Il l’a annoncé, pour le salut de l’humanité. Ce souhait manifeste notre volonté de faire de notre mieux pour que chaque jour, autour de nous, le royaume de Dieu soit présent grâce à nos bonnes actions et au bien que nous sommes capables de faire à notre prochain Le paradis peut être beaucoup plus proche que nous ne le pensons si nous nous efforçons de le rendre réel, d’en construire un « petit morceau » chaque jour.

En disant « que Votre volonté soit faite » nous reconnaissons simplement la supériorité de la volonté de Dieu, de son grand et immense dessein sur notre volonté fallacieuse et égoïste, de nous aider à la reconnaitre et à l’accepter avec humilité et foi. Nous ne serons jamais assez clairvoyants et assez sages pour connaître le grand dessein divin, mais en reconnaissant et en exigeant son accomplissement, nous pouvons en faire partie.

C’est aussi ce qui suit, « sur la terre comme au ciel » : de même que dans le ciel les anges et les saints entourent le trône céleste, glorifiant Dieu éternellement, ainsi devrait-il en être sur terre, aussi petits et indignes que nous soyons. C’est une autre façon de nous rappeler que le paradis commence ici, sur Terre, et que c’est à nous de le construire, avec la bienveillance de Dieu.

Viennent ensuite les trois demandes :

« Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Mais ne nous laissez pas succomber à la tentation et délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il. »

Ce sont donc, la demande de l’aide de Dieu « Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour », celle du pardon des péchés « Pardonnez-nous nos offenses…», et enfin celle du salut « Et ne nous laissez pas succomber à la tentation mais délivrez-nous du Mal ».

« Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » donnez-nous ce dont nous avons vraiment besoin, ce qui compte vraiment. Pas de futilités, pas de désirs inutiles et illusoires. Pour nous, fidèles, rien n’est plus nécessaire pour nourrir notre âme, notre vie spirituelle, que le Pain Vivant, le Corps du Christ qui se donne à nous dans l’Eucharistie, et nous assure du salut que Dieu nous a préparé pour la Vie éternelle. Et puisque nous avons aussi des besoins physiques réels, liés aux limites de notre corps, qui mieux que Dieu peut décider de ce qui est vraiment nécessaire pour notre subsistance ? C’est pourquoi nous demandons à Dieu de nous donner ce dont nous avons besoin, Pain Spirituel et pain temporel, et, implicitement, de nous libérer du désir de ce qui est superflu.

Nous demandons aussi à Dieu de pardonner nos péchés, mais pas seulement : nous Lui demandons aussi de nous aider à pardonner à ceux qui nous ont blessés, lésés, accusés, injuriés. Nous sommes les premiers artisans de notre salut : si nous n’apprenons pas à pardonner à nos ennemis, comment pouvons-nous oser demander à Dieu de nous pardonner ? Voici donc la formule « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », c’est-à-dire, rendez-nous semblables au Christ, qui a pardonné à ceux qui l’ont flagellé, ceux qui l’ont crucifié, Lui qui n’avait que des paroles de pardon et d’amour pour ses bourreaux. Aucune prière n’a de valeur si elle n’est pas soutenue par les bonnes actions, par le repentir sincère, par la volonté réelle de bien faire.

« Et ne nous laissez pas succomber à la tentation », troisième demande, nous avons tellement besoin de vivre avec droiture et vertu, de résister aux tentations que Satan mettra tout au long de notre chemin. C’est pourquoi nous prions Dieu, non pas tant pour qu’Il nous évite les tentations, mais pour qu’Il nous rende assez forts pour les affronter et les vaincre.

Quand nous demandons à Dieu « mais délivrez-nous du mal », nous lui demandons de nous soutenir dans notre combat quotidien. Comme les enfants effrayés par les monstres des ténèbres, nous demandons à notre Père aide et protection, et ainsi la prière se termine, comme elle a commencé, dans la confortable étreinte de Dieu, sous son regard bienveillant.

Le Notre Père est une prière, mais c’est aussi un retour à la maison, la maison la plus précieuse que nous puissions jamais avoir, l’endroit le plus sûr que nous puissions connaître « maintenant et dans tous les siècles des siècles. »

Déjà en 2004 !

Oui, déjà une nette aspiration en 2004.

Dix ans avant ma conversion, il s’est passé quelque chose d’étonnant dans ma vie, et je vais vous en parler.

C’était en mai ou juin 2004, je visitais dans le Midi de la France, un lieu nommé « la cathédrale d’images » près des Baux de Provence. Il s’agit d’une ancienne carrière, et sur les très hautes parois calcaires immaculées sont projetées des images féériques et géantes, le spectateur est alors immergé dans un univers visuel et musical se rapportant à un programme précis. A cette époque, le thème était : « De vieux fous de Dieu depuis le Portugal jusqu’en Asie Mineure ».

 Je regarde, émerveillée, estomaquée, ces énormes personnages projetés sur les murs, personnages édentés, échevelés, parfois, très sales, et j’écoute ces hommes et ces femmes, plutôt âgés, vivant très pauvrement et simplement, souvent en ermites, de toutes sortes de confessions chrétiennes ou juives, ayant tout abandonné pour vivre dans l’adoration et la louange de Dieu. Ils ou elles sont magnifiques de pureté, semblent joyeux et respirent la plénitude. Je suis très, très impressionnée, subjuguée… des sanglots m’envahissent, j’ai la gorge serrée, j’aimerais tant un jour devenir une « vieille folle de Dieu ».

Je sens que je suis confrontée à quelque chose de très important pour moi et que, peut-être, je me suis trompée de voie jusqu’à ce moment. J’ai suivi le modèle parental et social, je suis, en fait, entré dans le monde sans y être préparée, sans avoir la connaissance nécessaire, et, comme on dit, j’en ai « pris plein la figure ». Je me suis sentie trahie, abandonnée, rejetée, souvent, trop souvent. J’avais mis ma foi en l’homme, alors qu’il n’est pas toujours fiable ! C’est à cette abandon dans les bras de la Vérité, au retrait de ce monde livré à la folie que j’aspire intensément, c’est quelque chose de très profondément enfoui dans mon âme qui s’ouvre et se révèle !

Aujourd’hui encore, quand je repense à ce moment de pure grâce, je ressens à nouveau cette émotion et ce désir.

Je ne vis pas en ermite, j’ai tout le confort dont j’ai besoin, mais mon cœur se sent de plus en plus proche de ce dénuement nécessaire pour suivre Celui qui veut sauver mon âme.

Un long cheminement…

Et voilà, c’était l’histoire de ma conversion. Et maintenant il me faut appliquer cette parole de St Paul dans une des ses lettres aux Hébreux (10 : 36,38) :

« …Vous avez une richesse meilleure et qui durera toujours. N’abandonnez donc pas votre assurance ; une grande récompense y est attachée. Car la persévérance vous est nécessaire afin que, après avoir fait la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis »

Sept années ont passé : un grand, grand chamboulement, une remise en question et une analyse de chaque période de ma vie depuis mon enfance, du travail, de la persévérance, de la constance, un profond désir de parvenir au but espéré et promis, la certitude d’être sur la bonne voie, une immense et intense reconnaissance pour cette conversion très certainement due aux prières de ma si sérieuse et si appliquée petite mère.

Depuis le Paradis qu’elle avait dû bien mériter grâce à sa profonde dévotion à la Vierge Marie et à toutes ses acceptations face à son lourd quotidien et à sa vie qui n’a pas été toujours facile, facile ! Abnégation quotidienne afin de s’occuper au mieux de la maisonnée pour satisfaire son exigeant époux, et de ses nombreux enfants et de ses parents, oui, depuis le Paradis elle s’était encore longuement occupée de moi et de mes enfants ! Oui à ce jour, c’est très certainement grâce à elle que mes deux enfants sont aussi sur le chemin du salut !!!!!

C’est un jeune séminariste rencontré plusieurs fois fin 2014 qui m’en a fait prendre conscience. Alors que je lui racontais ma conversion : « Vous devez avoir quelqu’un au Ciel qui a beaucoup prié pour vous », et pour moi ce fut l’évidence, ce ne pouvait être que ma maman, décédée en 1996, elle qui nous confiait constamment à la garde de « sa » Sainte Vierge. Sa dévotion, sa persévérance nous avaient gagnés les grâces de notre Créateur.

Je vais donc essayer de vous raconter les différentes étapes parcourues jusqu’à aujourd’hui. J’espère qu’il me sera laissé assez de temps encore pour tenter de me parfaire.

Le magnifique testament chrétien du Roi Louis XVI

Voir l’article que j’ai publié pour l’anniversaire de la mort de Louis XVI : https://annickpage.fr/2021/01/21/aujourdhui-21-janvier-anniversaire-de-la-mort-de-louis-xvi/

Le voici dans son intégralité :

Aujourd’hui, vingt cinquième jour de Décembre, 1792.

Moi Louis XVIe du nom, Roy de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune Loy existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser.

Je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.

Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.

Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.

Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en Sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique.

Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur.

Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.

Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.

Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.

Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.

Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.

Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité.

Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur.

Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.

Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.

Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.

Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moments de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.

Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.

Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.

Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.

Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.

Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.

Fait double à la Tour du Temple le 25 décembre 1792.