Il me faut vous dire que, baptisée à la demande de mes parents, je n’ai pourtant pas reçu grand-chose en guise d’éducation religieuse. Maman, le soir avant de nous coucher, nous faisait réciter à mon petit frère et moi jusqu’à l’âge de 8/10 ans, un Notre Père, un Je vous salue Marie et un acte de contrition. Et nous allions à la messe tous les dimanches.

Mais je n’ai jamais vu mes parents, ni mes grands frères et sœurs prier à la maison. Nous ne parlions jamais de religion, en fait nous ne parlions de rien. A tel point que lorsque mon frère aîné nous a décrit avec une grande émotion la mort de son infirmier après une échauffourée en Algérie : « J’ai passé la nuit à lui bourrer le crâne de coton en récitant « Ave Maria » sur « Ave Maria » , j’ai été complètement interloquée et j’ai pensé : « Mais alors les prières ce n’est pas que pour les petits, c’est pour les grands aussi ». J’avais déjà une douzaine d’années…. Quelle misère spirituelle !

Pourtant mes parents m’avaient confiée à des écoles libres catholiques, pensant que j’y recevrai sans aucun doute l’enseignement nécessaire… et je sais maintenant que maman priait sans cesse la Vierge Marie, discrètement, en silence, sans doute pour ne pas contrarier mon père qui avait un caractère difficile et que manifestement elle craignait. Chez nous, tout se passait dans le non-dit, du moins, c’est ainsi que je l’ai ressenti. Peut-être que certains de mes frères sœurs ne seront pas d’accord avec ceci, nous étions huit enfants, et j’étais la septième, je me suis rendu compte, avec le temps, que nous n’avions pas tous la même façon d’appréhender nos parents.