Oui, déjà une nette aspiration en 2004.

Dix ans avant ma conversion, il s’est passé quelque chose d’étonnant dans ma vie, et je vais vous en parler.

C’était en mai ou juin 2004, je visitais dans le Midi de la France, un lieu nommé « la cathédrale d’images » près des Baux de Provence. Il s’agit d’une ancienne carrière, et sur les très hautes parois calcaires immaculées sont projetées des images féériques et géantes, le spectateur est alors immergé dans un univers visuel et musical se rapportant à un programme précis. A cette époque, le thème était : « De vieux fous de Dieu depuis le Portugal jusqu’en Asie Mineure ».

 Je regarde, émerveillée, estomaquée, ces énormes personnages projetés sur les murs, personnages édentés, échevelés, parfois, très sales, et j’écoute ces hommes et ces femmes, plutôt âgés, vivant très pauvrement et simplement, souvent en ermites, de toutes sortes de confessions chrétiennes ou juives, ayant tout abandonné pour vivre dans l’adoration et la louange de Dieu. Ils ou elles sont magnifiques de pureté, semblent joyeux et respirent la plénitude. Je suis très, très impressionnée, subjuguée… des sanglots m’envahissent, j’ai la gorge serrée, j’aimerais tant un jour devenir une « vieille folle de Dieu ».

Je sens que je suis confrontée à quelque chose de très important pour moi et que, peut-être, je me suis trompée de voie jusqu’à ce moment. J’ai suivi le modèle parental et social, je suis, en fait, entré dans le monde sans y être préparée, sans avoir la connaissance nécessaire, et, comme on dit, j’en ai « pris plein la figure ». Je me suis sentie trahie, abandonnée, rejetée, souvent, trop souvent. J’avais mis ma foi en l’homme, alors qu’il n’est pas toujours fiable ! C’est à cette abandon dans les bras de la Vérité, au retrait de ce monde livré à la folie que j’aspire intensément, c’est quelque chose de très profondément enfoui dans mon âme qui s’ouvre et se révèle !

Aujourd’hui encore, quand je repense à ce moment de pure grâce, je ressens à nouveau cette émotion et ce désir.

Je ne vis pas en ermite, j’ai tout le confort dont j’ai besoin, mais mon cœur se sent de plus en plus proche de ce dénuement nécessaire pour suivre Celui qui veut sauver mon âme.