Régulièrement nous passons un dimanche après-midi chez l’un ou l’autre des fidèles, et nous nous rendons compte qu’ils récitent le chapelet dans l’après-midi ou en soirée, en famille, agenouillés devant quelques statues ou crucifix. Parfois, ils nous invitent à le faire avec eux. Ils m’en vantent les bienfaits, me disent que l’on en retire de grandes grâces si on le prie chaque jour et, je me laisse convaincre. Je décide de les imiter.

Cette dévotion à Marie me plait, et petit à petit, comme j’ai du temps, je récite chaque jour un chapelet, et de temps en temps deux, et finalement, au bout de quelques mois trois chapelets, soit un Rosaire entier. Je suis heureuse de donner un peu de mon temps à la merveilleuse Mère de Dieu, penser et repenser à sa vie, à ses joies, à ses souffrances, lui confier mes soucis, mes espoirs, m’associer à ce Jésus, son fils, homme et Dieu en même temps, quel mystère !

Parfois Sébastien, quand il vient me voir dans mon studio, se joint à moi. A ce jour, comme nous habitons le même appartement, et ce depuis plus de quatre ans, nous sommes fidèles à dire notre Rosaire tous les jours, généralement en trois fois : les mystères joyeux en fin de matinée, les douloureux après le repas de midi et le dernier, les mystères glorieux après le repas du soir. Et si certains jours nous ne sommes pas ensemble, nous le prions chacun de notre côté.

Le Rosaire avait été institué par saint Dominique au commencement du XIIIe siècle, suite à une apparition de la Vierge qui lui remet un chapelet et lui demande de propager cette dévotion.

En 1570 alors que l’Islam devient toujours plus menaçant, le pape saint Pie V, inquiet des formidables préparatifs du sultan, invite les princes chrétiens à se joindre à la Sainte Ligue de Résistance qu’il organise et leur demande de prier le Rosaire popularisé par son ordre dans le sillage de saint Dominique. Ce 7 octobre, alors qu’il examine des comptes en présence de prélats, « tout à coup, comme mû par une impulsion invincible, il se lève, s’approche d’une fenêtre, l’ouvre, regarde l’Orient, demeure en contemplation, puis se retourne vers ses serviteurs, les yeux brillants encore de l’extase : « Ne nous occupons plus d’affaires, dit-il, mais allons remercier Dieu. L’armée chrétienne vient de remporter la victoire ». Il reçoit la confirmation de cette victoire dans la nuit du 24 octobre ; il ordonna alors que tous les hôtes du Vatican fussent réveillés et le suivissent à sa chapelle afin d’y glorifier la munificence de Dieu. Le lendemain, Rome retentit des volées joyeuses de toutes les cloches, des acclamations enthousiastes de toute la foule et du chant du Te Deum. »

Plus tard, dans les premières années du XVIIIe siècle, parut un homme extraordinaire appelé à bon droit le Dominique des temps modernes, et qui fut le grand propagateur de la dévotion au saint Rosaire ; c’est Saint Louis-Marie Grignon de Monfort, dont j’ai lu la passionnante biographie, (livre de plus de 600 pages écrit par le Père Louis Le Crom, il y consacra plus de dix ans de sa vie).

Depuis saint Dominique, il n’y a pas eu d’homme plus zélé que ce grand missionnaire pour l’établissement de la confrérie du Rosaire : il l’érigeait dans tous les lieux où elle ne l’était pas ; c’est le moyen qu’il jugeait le plus puissant pour établir le règne de Dieu dans les âmes. Il composa lui-même une méthode de récitation du Rosaire, qui est restée la meilleure entre toutes, la plus facile à retenir, la plus instructive et la plus pieuse. Il récitait tous les jours son Rosaire en entier, et le faisait de même réciter publiquement tous les jours dans ses missions.

Son œuvre a continué après lui ; c’est le Rosaire à la main que la Vendée, en 1793, a défendu ses foyers et ses autels ; c’est aussi le Rosaire ou le chapelet à la main que les populations chrétiennes paraissaient dans toutes les cérémonies religieuses jusqu’au début du XXème siècle.

Et, en 1917, à Fatima, la Sainte Vierge exhorte les trois petits enfants (Lucie, François et Jacinthe) à réciter quotidiennement le Chapelet. Les 13 mai, 13 juin, 13 juillet, 19 août, 13 septembre et 13 octobre 1917, à chacune de ses apparitions elle répètera :

« Récitez le Chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre ».