Les quarante ans de Saint-Pré

Saint-Pré c’est le nom du hameau qui abrite le couvent des dominicaines-enseignantes où nous allons chaque dimanche assister à la messe. Et en 2014, c’était l’anniversaire de leur installation dans ce lieu magnifique et grandiose, où, en quelques trois mois notre vie avait basculé.

Quarante ans, une fête est prévue dans le parc. Nous y sommes conviés. Il y a beaucoup, beaucoup de monde, des dignitaires, une multitude de prêtres, de religieux, de religieuses et les très nombreux fidèles. Une estrade et un barnum sont installés pour une messe en plein air avec des centaines de fauteuils de jardin blancs sur l’herbe verte, c’est très beau ; plus loin dans le parc ombragé, derrière une bambouseraie, des dizaines de longues tables, de bancs pour un repas servi à chacun.

La veille, une amie est venue me chercher pour aller donner un coup de main. Nous avons passé plusieurs heures à découper des portions de tartes au citron et aux fruits. Les dominicaines de Saint-Pré, elles sont une quarantaine, s’activent à stocker, à préparer les saucisses et les barbecues, à mélanger les salades, à cuire les pâtes dans d’énormes chaudrons !

Quand vient l’heure de la messe, nous sommes étonnés et ravis de la qualité du sermon. C’est un dominicain qui prêche, et l’on apprend que les dominicains sont aussi appelés « frères prêcheurs » pour la qualité de leurs homélies. Et l’on apprend également que nous pouvons écouter chaque semaine les sermons des dominicains qui sont près d’Angers et qui les publient sur leur site internet.

Dès le lendemain nous commençons à écouter, et nous sommes émerveillés ! C’est passionnant, c’est fort, c’est magnifique !

Nous comprenons alors que nous devons étudier le Catéchisme pour apprendre les premiers éléments de la Foi. Nous achetons le « Catéchisme du Concile de Trente » (1562). Saint Pie V en ordonna la publication en 1566. Pour nous c’est une mine d’informations sur le Credo, les sacrements, les Dix Commandements, la prière.

Puis, nous continuons notre instruction avec le « Catéchisme de Saint Pie X » publié en 1912, vu « la nécessité de pourvoir autant que possible à la formation religieuse des enfants, un catéchisme qui expose d’une manière claire les éléments de la Sainte Foi et les Vérités divines sur lesquelles doit se régler la vie de tout chrétien ». Pour nous qui sommes des enfants dans cette nouvelle voie de notre vie, c’est tout-à-fait d’actualité.

Nous en étudierons plusieurs autres de catéchisme mais je vous en parlerai sûrement plus tard.

Un beau souvenir avec l’Ave Maria de Gounod.

Une promenade par une belle journée de printemps provençal dans un charmant petit village. La place centrale plantée, pour la fraîcheur en été, de majestueux platanes centenaires et une petite fontaine ronde qui gazouille. La grande rue bordée de maisons de pierre au milieu desquelles circule un petit ruisseau sautillant, et dans cette rue une église modeste dont la porte est grande ouverte.

Ce qui est rare de nos jours, les églises sont fermées pour éviter les vols. Il n’y a plus assez de « consacrés », plus assez de pratiquants ……

Il n’y a pas si longtemps, il y avait de la vie à l’intérieur : le curé, ses vicaires, le sacristain, des hommes ou des femmes venus se recueillir. Tout ce monde venait rendre visite au Saint-Sacrement, faire une petite prière, entretenir les lieux, se reposer ou méditer.

Le monde a tant changé, Dieu a été chassé de nos vies, ce monde qui ne nous vante que les plaisirs, l’épanouissement personnel, la liberté de faire ce que je veux quand je veux, un monde d’égoïsme et d’indifférence à l’autre, quelle catastrophe !

Il suffit de lire la vie de certains grands saints pour vite comprendre comment trouver le bonheur et la paix même dans les vicissitudes de la vie…. On ne nous parle aujourd’hui que de psychologie, de philosophie, de sociologie, de politique, mais toutes ces disciplines font partie inhérente des commandements de Dieu, de l’Eglise et du Catéchisme !

Je suis avec une amie qui régulièrement réunit ceux qui le veulent, chez elle, pour découvrir des chansons et des chants. Nous entrons dans l’église, et arrivées près du chœur, nous avons la même impulsion : chanter « l’Ave Maria » de Gounod qu’elle vient de nous apprendre.

Elle a une belle voix forte et chaude, je la suis avec mon maigre filet de voix mais j’y mets tout mon cœur. Après les deux « Amen » de la fin, nous entendons des applaudissements, nous sommes étonnées, un peu gênées mais aussi, fières d’avoir honorer la Reine du Ciel.

Je vous mets ci-dessous une vidéo qui date de 1950, de cet « Ave Maria » chanté par Mario Lanza.
Ce nom vous est peut-être inconnu, mais certains de ma génération ne l’ont pas oublié.
Mario Lanza est décédé en 1959, à l’âge de 38 ans. C’était l’un des ténors les plus connus de son époque.

Mais le plus surprenant, c’est le petit choriste qui chante avec lui, qui n’est autre que Luciano Pavarotti !  Ce petit garçon à la voix d’or a fait son chemin !!

Bernadette Soubirous, la petite voyante de Lourdes

11 Février c’est la commémoration de la première apparition de la Sainte Vierge à Lourdes.

Comme elle était insignifiante cette petite Bernadette Soubirous qui, le 11 février 1858, fut conviée au rendez-vous de la grotte de Massabielle ! On peut dire qu’elle cumulait toutes les petitesses :

Les faiblesses intellectuelles de sa parenté sont de notoriété publique : « De chez les Soubirous, que peut-il sortir de bon ? » murmurait-on dans le voisinage.

La pauvre maison familiale : Un ancien cachot, étroit, sans air et sans lumière, où les parents et les quatre enfants s’entassent.

Ils n’ont que peu de revenus :  Il n’y a pas de bois au logis pour préparer le repas, et Bernadette comme elle le fait souvent, vient ce 11 février sur les bords du Gave ramasser ce dont ils ont besoin.

Elle sait tout juste le « Notre Père », le « Je vous salue Marie » et le « Credo », et pas un mot de catéchisme, car sa mémoire rétive ne retient rien.

Elle est née frêle et souffreteuse. Elle a quinze ans, mais on lui en donnerait à peine douze. Garder un petit troupeau de moutons, c’est tout le travail qu’on a pu lui confier.

Ses vêtements rapiécés crient misère : robe raccommodée, petite cape aux couleurs passées, bas troués, sabots usés.

Et pourtant, malgré toutes ses petitesses, la plus puissante des reines, la Reine du Ciel fit à Bernadette la grande grâce de lui apparaître et de lui délivrer un message important pour sauver le monde de la « Grande Guerre ».

Bernadette est venue avec sa sœur Toinette et son amie Jeanne Abadie, ramasser donc sur les bords du Gave, du bois pour le feu et des os qu’elles espèrent vendre pour quelques sous afin d’acheter des sardines. En face de la grotte, les fillettes se déchaussent pour traverser l’eau glacée. Bernadette qui craint pour son asthme demande à Jeanne de la prendre sur son dos, mais : « Tu n’as qu’à faire comme nous » s’entend-elle répondre. Alors résignée, Bernadette s’apprête à mettre les pieds dans l’eau quand, soudain, un vent violent, de ceux qui annoncent un orage, agite un buisson de ronces et d’églantiers devant l’ouverture d’une niche au flanc du Mont Massabielle.

La Dame que Bernadette a sous les yeux est Celle-là même dont l’Evangile ne nous rapporte que sept paroles. A Lourdes, à la première apparition, Elle demeure silencieuse. Mais Elle parle par gestes. C’est « les bras étendus vers la terre et les mains déployées » qu’Elle se manifeste au premier instant de l’Apparition.

Ecoutons Bernadette : « Dans ma frayeur, je prends mon chapelet que je portais habituellement sur moi, je veux faire le signe de Croix, mais je sens ma main paralysée, je ne puis la porter à mon front. La Dame prend alors elle-même son chapelet et se signe. Sentant mon bras dégagé, je peux faire comme elle et en même temps qu’elle le signe de la Croix ».

Quand Bernadette eut terminé son chapelet, la vision s’évanouit soudain. Alors elle passe le canal pour aller rejoindre ses compagnes En entrant dans l’eau, elle est surprise de la trouver « chaude comme l’eau de vaisselle… comme si on l’avait chauffée ».

Avec Toinette et Jeanne, elle reprend le chemin de Lourdes, chacune chargée de son fagot. Mais le fagot de la petite Toinette est trop lourd et elle ne peut monter le chemin de la colline. Bernadette vient le prendre et le porte aisément en plus du sien. Etonnement de Toinette : « Je suis pourtant plus forte que toi, dit-elle. Comment peux-tu porter ce fagot ? »

La Vierge Marie voulait nous montrer, par ces deux scènes touchantes, comment elle se plaît à faire intervenir sa puissance près des petits et des faibles, au nombre desquels il importe que nous nous rangions si nous voulons bénéficier de son ineffable protection.

Ce n’est pas dès la première appa­rition que Bernadette connaîtra l’identité de la Belle Dame.

Effectivement, on la harcelait de questions. On lui disait : « Quel est donc ce personnage qui nous prie d’aller en procession à la Grotte ? » Il lui faudra attendre le 25 mars pour pouvoir satisfaire leur curiosité et répondre : « C’est l’Immaculée Conception ». Des mots qu’elle répète sans les comprendre.

Le Rosaire

Régulièrement nous passons un dimanche après-midi chez l’un ou l’autre des fidèles, et nous nous rendons compte qu’ils récitent le chapelet dans l’après-midi ou en soirée, en famille, agenouillés devant quelques statues ou crucifix. Parfois, ils nous invitent à le faire avec eux. Ils m’en vantent les bienfaits, me disent que l’on en retire de grandes grâces si on le prie chaque jour et, je me laisse convaincre. Je décide de les imiter.

Cette dévotion à Marie me plait, et petit à petit, comme j’ai du temps, je récite chaque jour un chapelet, et de temps en temps deux, et finalement, au bout de quelques mois trois chapelets, soit un Rosaire entier. Je suis heureuse de donner un peu de mon temps à la merveilleuse Mère de Dieu, penser et repenser à sa vie, à ses joies, à ses souffrances, lui confier mes soucis, mes espoirs, m’associer à ce Jésus, son fils, homme et Dieu en même temps, quel mystère !

Parfois Sébastien, quand il vient me voir dans mon studio, se joint à moi. A ce jour, comme nous habitons le même appartement, et ce depuis plus de quatre ans, nous sommes fidèles à dire notre Rosaire tous les jours, généralement en trois fois : les mystères joyeux en fin de matinée, les douloureux après le repas de midi et le dernier, les mystères glorieux après le repas du soir. Et si certains jours nous ne sommes pas ensemble, nous le prions chacun de notre côté.

Le Rosaire avait été institué par saint Dominique au commencement du XIIIe siècle, suite à une apparition de la Vierge qui lui remet un chapelet et lui demande de propager cette dévotion.

En 1570 alors que l’Islam devient toujours plus menaçant, le pape saint Pie V, inquiet des formidables préparatifs du sultan, invite les princes chrétiens à se joindre à la Sainte Ligue de Résistance qu’il organise et leur demande de prier le Rosaire popularisé par son ordre dans le sillage de saint Dominique. Ce 7 octobre, alors qu’il examine des comptes en présence de prélats, « tout à coup, comme mû par une impulsion invincible, il se lève, s’approche d’une fenêtre, l’ouvre, regarde l’Orient, demeure en contemplation, puis se retourne vers ses serviteurs, les yeux brillants encore de l’extase : « Ne nous occupons plus d’affaires, dit-il, mais allons remercier Dieu. L’armée chrétienne vient de remporter la victoire ». Il reçoit la confirmation de cette victoire dans la nuit du 24 octobre ; il ordonna alors que tous les hôtes du Vatican fussent réveillés et le suivissent à sa chapelle afin d’y glorifier la munificence de Dieu. Le lendemain, Rome retentit des volées joyeuses de toutes les cloches, des acclamations enthousiastes de toute la foule et du chant du Te Deum. »

Plus tard, dans les premières années du XVIIIe siècle, parut un homme extraordinaire appelé à bon droit le Dominique des temps modernes, et qui fut le grand propagateur de la dévotion au saint Rosaire ; c’est Saint Louis-Marie Grignon de Monfort, dont j’ai lu la passionnante biographie, (livre de plus de 600 pages écrit par le Père Louis Le Crom, il y consacra plus de dix ans de sa vie).

Depuis saint Dominique, il n’y a pas eu d’homme plus zélé que ce grand missionnaire pour l’établissement de la confrérie du Rosaire : il l’érigeait dans tous les lieux où elle ne l’était pas ; c’est le moyen qu’il jugeait le plus puissant pour établir le règne de Dieu dans les âmes. Il composa lui-même une méthode de récitation du Rosaire, qui est restée la meilleure entre toutes, la plus facile à retenir, la plus instructive et la plus pieuse. Il récitait tous les jours son Rosaire en entier, et le faisait de même réciter publiquement tous les jours dans ses missions.

Son œuvre a continué après lui ; c’est le Rosaire à la main que la Vendée, en 1793, a défendu ses foyers et ses autels ; c’est aussi le Rosaire ou le chapelet à la main que les populations chrétiennes paraissaient dans toutes les cérémonies religieuses jusqu’au début du XXème siècle.

Et, en 1917, à Fatima, la Sainte Vierge exhorte les trois petits enfants (Lucie, François et Jacinthe) à réciter quotidiennement le Chapelet. Les 13 mai, 13 juin, 13 juillet, 19 août, 13 septembre et 13 octobre 1917, à chacune de ses apparitions elle répètera :

« Récitez le Chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre ».

Aujourd’hui, 2 février, fête de la Purification de la Vierge Marie et Présentation de Jésus au Temple.

La Purification se célèbre le quarantième jour après Noël.  La Sainte Famille vint présenter l’Enfant Jésus au Temple afin que Marie soit purifiée suivant la loi. Car la loi juive avait décrété que toute femme ayant enfanté un fils restait impure jusqu’au quarantième jour après sa délivrance, elle était alors admise dans le temple, où elle offrait son enfant avec des présents.

La Vierge Marie n’avait pas à se soumettre à cette loi de purification, puisque sa grossesse ne venait point d’une semence humaine, mais de l’inspiration divine. Cependant elle voulut se soumettre à cette loi, pour donner l’exemple de l’humilité et pour rendre hommage à la Loi, que son divin fils venait accomplir et non point détruire.

Marie et Joseph offrirent pour lui au Seigneur un couple de tourterelles, ce qui était l’offrande des pauvres, tandis que l’agneau était l’offrande des riches.

Cette fête est aussi celle de la Présentation, puisque l’Enfant Jésus fut présenté au Temple, où Siméon et Anne le reçurent. Et le vieux Siméon, le prenant dans ses bras, le bénit en disant :  

« Maintenant, ô Maître, vous laissez partir votre serviteur en paix, selon votre parole ; puisque mes yeux ont vu Votre Salut, que vous avez préparé à la face de tous les peuples : Lumière qui doit dissiper les ténèbres des Nations et Gloire d’Israël, votre peuple. »
Le père et la mère de l’Enfant étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui. (Luc 2 : 29-33)

Enfin, cette fête s’appelle la Chandeleur (fête des chandelles), parce que les fidèles portent, ce jour-là, des cierges allumés.

Avant la messe du jour, il y a distribution et bénédiction des cierges. Les fidèles rapportent chez eux les cierges bénits, comme le buis bénit le jour des Rameaux, ou l’eau bénite de la Veillée Pascale.

Elle a pour objet de corriger une habitude païenne. Car autrefois les Romains, pour honorer la déesse Februa, mère du dieu Mars, avaient coutume, tous les cinq ans, les premiers jours de février, d’illuminer la ville avec des cierges et des torches, pour obtenir de la déesse que son fils Mars leur assurât la victoire sur leurs ennemis. Entre ces cinq ans, les Romains avaient l’habitude de célébrer, durant le mois de février d’autres dieux dont Pluton, le dieu de la mort ; et, pour obtenir leurs faveurs à l’égard des âmes des morts, ils passaient toute une nuit à chanter leurs louanges, avec des torches et des cierges allumés. Et, comme c’est toujours chose difficile de renoncer à une coutume, le pape Saint Gélas Ier au Vème siècle décréta que, pour donner à cette habitude-là une portée chrétienne, on honorerait tous les ans la Vierge, en ce jour, en portant à la main un cierge bénit. Ce Pape aimait offrir des galettes aux foules de pèlerins. Des galettes, dont proviennent la fameuse tradition perpétuée jusqu’à maintenant. À l’époque, ces crêpes étaient d’autant plus appréciées qu’elles étaient perçues comme des symboles de prospérité en raison de leur forme ronde et de leur couleur ambrée, semblable à celle du soleil. De cette façon l’ancienne coutume subsistait, mais relevée par une intention nouvelle.

Le cierge bénit de la Chandeleur doit nous rappeler celui de notre baptême qui nous éclairera au jour des Noces Eternelles lors de notre mort. Quand ils le peuvent, les chrétiens se doivent d’allumer ces cierges bénits au chevet des agonisants.