Sainte Anne (Anne veut dire grâce ou miséricorde) donna le jour à la Vierge Marie et devint donc la grand-mère de Jésus-Christ, selon la chair.
Anne fut amenée à l’école du Temple dans sa cinquième année, ainsi que Marie le fut plus tard. Elle y passa douze ans et revint à dix-sept ans dans la maison paternelle,
Le Protévangile raconte la rencontre entre Anne et Joachim, éleveur venu faire sacrifier des bêtes de son troupeau au Temple. Ils se marièrent à l’âge de 20 ans.
Saint-Jérôme nous apprend qu’ils vivaient saintement, priant Dieu pour la venue du Messie qui, d’après la prophétie de Daniel révélée par l’archange Gabriel, devait s’incarner à cette époque.
Saint Vincent Ferrier nous représente ces chastes et saints époux, insistant auprès de Dieu de quatre façons différentes :
C’était, premièrement, par leurs ferventes et continuelles prières, unies à leurs larmes et aux élans de leur cœur.
Secondement, ils multipliaient les aumônes aux pauvres, ils multipliaient leurs offrandes au temple de Jérusalem, et leurs pèlerinages les y amenaient fréquemment en présence du Seigneur.
Troisièmement, ils se souvenaient de la parole écrite au livre de Tobie, que la prière est bonne accompagnée du jeûne, et ce qui ne pouvait être le fruit de leur mariage sera le fruit de leurs mortifications.
Enfin, ils y joignirent une promesse. Tous deux vouèrent au Seigneur l’enfant qu’il leur donnerait.
Leur stérilité durait depuis vingt ans, et ils entraient dans la vieillesse, chaque jour semblait venir diminuer leur espoir ; et cependant, en présence de l’âge et de la stérilité, ils ne cessaient pas d’avoir confiance en celui qui, des pierres du désert, peut faire des enfants d’Abraham.
Dieu voulait faire resplendir leur foi dans une dernière épreuve.
C’était une des fêtes de la loi, et Joachim, suivi de sainte Anne, s’était rendu à la Ville Sainte. Au milieu de la multitude des chefs de famille qui se pressaient au temple pour présenter leurs offrandes, Joachim apportait également les siennes. Mais les prêtres les refusèrent devant toute la foule.
« Comment le Seigneur les aurait-il pour agréables, dirent-ils à Joachim, puisqu’il n’a pas daigné féconder votre union, et vous accorder ce qu’il accorde à tant d’autres ? Quel crime l’a irrité contre vous ? »
Joachim savait que sa conscience ne lui reprochait rien, mais il ne chercha pas à se justifier. Soumis à la volonté de Dieu qui les éprouvait, les vieux époux acceptèrent sans murmure ce terrible affront et sortirent du temple.
Peu de jours après, saint Joachim partit sur une montagne voisine, veillant sur les troupeaux qu’il possédait. Seul, en présence de Dieu, il priait avec ardeur.
Anne, de son côté, se trouvait dans son jardin à Nazareth ; elle s’y était fait comme une solitude et, en ce moment même, elle y renouvelait ses supplications.
Tout à coup, le futur messager de l’Incarnation, celui qui avait fixé à Daniel les soixante-dix semaines d’années après lesquelles viendrait le Christ, l’archange Gabriel, qui annoncera aussi Jean-Baptiste et Jésus, apparut à Joachim. Il lui dit de la part de Dieu que ses prières avaient été exaucées, lui apprit la naissance d’une fille qui s’appellerait Marie, objet de la prédilection de Dieu et de la vénération des anges.
Tel est le récit de la tradition.
L’ange vient également annoncer à sainte Anne, priant à l’ombre des arbres de son jardin, la naissance de Marie, qui devait réparer la faute d’Eve.
Quand le temps fut arrivé, Anne mit au monde la Mère de Dieu.
Pour remercier le Seigneur, ils firent le vœu de mener Marie lorsqu’elle aurait cinq ans au Temple à Jérusalem pour qu’elle y soit éduquée, par Zacharie, un grand prêtre, époux d’Elizabeth (cousine germaine de Marie), les parents de Jean Baptiste, futur cousin de Jésus. C’est Noémie qui s’occupa de Marie au Temple, elle était la tante de Lazare, Marthe et Marie-Madeleine.
Nous ignorons la date précise de la mort de sainte Anne. Certains pensent qu’elle a vécu jusqu’après le retour de la Sainte Famille de la terre d’Egypte. C’est même ce que la Sainte Vierge aurait révélé un jour à sainte Brigitte. S’il en fut ainsi, la bienheureuse mère put donc être témoin des divines destinées de sa fille, destinées que l’ange lui avait apprises, mais dont elle avait gardé le secret au fond de son cœur. Elle put, dans un transport inexprimable, serrer sur son cœur maternel le Fils même de Dieu, venu pour nous sauver de la mort éternelle, son petit-fils bien-aimé. Elle put mourir, emportant avec les dernières prières de Joseph et de Marie, les dernières caresses et le dernier baiser de Jésus. Elle put raconter aux âmes des patriarches et des prophètes les merveilles de l’Incarnation, en attendant la visite du Rédempteur et l’Ascension glorieuse.
La France est devenue l’héritière des reliques de sainte Anne : elles reposent à Apt en Provence ; et parmi tous les lieux de pèlerinage dédiés à la Mère de Marie, il n’y en a point de plus célèbre que celui de Sainte-Anne d’Auray en Bretagne où elle apparut à Yvon Nicolazic en 1623.