Jour 2 : Les angoisses de l’indigence
Que vos oreilles soient attentives à la voix de ma prière.
Des profondeurs de leur néant, qu’elles reconnaissent, les âmes du purgatoire dénuées de tout vous supplient, ô mon Dieu, d’accueillir favorablement la supplication de leur extrême pauvreté.
D’elles-mêmes, elles ne sont rien. Elles en ont la plus claire évidence. À tort, durant leur vie passagère, elles se sont glorifiées d’une existence que vous leur aviez gratuitement accordée, d’une position qu’elles tenaient uniquement de votre choix, d’une richesse qui venait de votre prodigalité, d’une science qui n’était qu’un mince et pâle reflet de la vôtre, d’une liberté que vous leur aviez concédée dans l’unique but de vous servir pour vous préférer à toute chose, vous, le seul et unique bien du temps et de l’éternité.
D’elles-mêmes, elles n’ont rien si ce n’est la misère que le péché leur a laissée, les dettes qu’elles ont à payer à cause de lui, l’exil auquel elles sont condamnées jusqu’à ce qu’elles aient réparé l’offense faite à votre infinie majesté. Les biens de la grâce, les vertus acquises, les mérites pour le ciel seront plus tard récompensés. Aujourd’hui tout cela est caché, voilé, lié et comme inutile tant que ces âmes, si riches dans l’avenir, si pauvres dans le présent, conserveront du passé un grain de poussière, un reste du plus petit péché.
D’elles-mêmes, elles ne peuvent rien. Loin du monde où git leur dépouille mortelle, de leur famille et de leurs amis qui, si souvent les délaissent, privées des biens de la nature jusqu’à ne pas avoir une obole, des biens de la grâce jusqu’à ne plus pouvoir acquérir le plus petit mérite, des biens de la gloire auxquels elles ne peuvent encore toucher, elles sont réduites à nous demander, à nous qui pouvons user à notre gré de l’abondance de la grâce, l’aumône de notre prière et de notre charité.
Ô Cœur de Jésus, donnez-nous le privilège d’apporter, en votre nom, à cette immense multitude, quelque soulagement et quelque consolation.
Pater, Ave, De profundis.
Jour 3 : Les sanglots du repentir.
Si vous tenez compte de nos iniquités, Seigneur, qui pourra subsister devant vous ?
Des profondeurs de leurs iniquités passées, les pauvres âmes détenues dans le séjour de l’expiation vous font entendre, ô mon Dieu, les sanglots de leur inconsolable repentir.
Elles pleurent toutes les fautes innombrables dont leur vie, hélas ! a déroulé, jour après jour, la longue chaîne ; même les fautes les plus légères, celles qu’elles traitaient d’insignifiantes et qu’elles commettaient couramment, sans les compter. Ces fautes ont déjà été pardonnées, mais le regret en a été si peu profond et la pénitence si minime !
Elles ne connaissaient point alors le péché dans toute sa laideur et dans toute sa malice ; elles ne s’étaient pas inquiétées de savoir jusqu’à quel point il outrage un Dieu infiniment bon, détruit l’œuvre du salut, foule aux pieds le sang du Sauveur.
Elles voient maintenant combien il en coûte d’avoir désobéi à la loi divine, écouté les fallacieuses promesses du monde, dépensé follement sa vie dans la vanité et le plaisir alors qu’elle leur était donnée pour connaître, aimer et servir Dieu.
Elles comprennent aujourd’hui, bien mieux que nul ne pourra jamais le comprendre sur la terre, ô Jésus, les trop justes plaintes de votre Cœur sur les ingratitudes des hommes.
Sentir que l’on a été si passionnément aimé par vous, ô Jésus, et s’avouer qu’on vous a été si souvent infidèle ! Voilà ce qui fait éclater en sanglots les pauvres âmes repentantes.
Ah ! Si elles pouvaient sortir un moment de leur prison, parcourir la terre entière en montrant seulement l’abondance de leurs larmes, elles dépasseraient par leur muette éloquence, tout ce que les Pères de l’Église et les orateurs sacrés les plus en renom n’ont jamais dit sur l’horreur et sur les conséquences du péché.
Ô Cœur de Jésus, nous vous prions pour ces pauvres âmes, nous ferons pénitence pour elles, nous apaiserons avec votre précieux sang la justice divine pour que votre miséricorde puisse au plus tôt les délivrer.
Pater, Ave, De profundis.