Jour 6 : L’hymne de l’espérance
Depuis le matin jusqu’au soir, Israël espère dans le Seigneur.
Des profondeurs de l’abandon où la justice divine semble les avoir laissées, les âmes du purgatoire font monter jusqu’à vous, ô mon Dieu, l’hymne de leur inaltérable confiance et de leur filial amour. Comme le saint homme Job, elles saluent d’avance en vous, ô Jésus, leur Rédempteur vivant ; elles savent qu’elles vous verront et vous posséderont un jour dans la gloire, et cette espérance est gardée précieusement dans leur cœur.
Exilées, elles comptent moins le temps écoulé dans leur triste captivité, que les jours et les heures à y demeurer encore pour en voir la fin. Pensées, désirs, affections, tout ce qui peut sortir d’elles-mêmes, tout ce qui s’en échappe, tout a pris et prend son vol vers le ciel ; l’âme elle-même les suivra bientôt ; en attendant, elle murmure son hymne d’espérance, que nulle douleur ne peut arrêter sur ses lèvres.
Cohéritières de vos biens, ô Jésus, empourprées de votre sang, fiancées de votre amour, elles ne s’inquiètent plus que des plus petites ombres qui déparent encore leur beauté, des moindres taches qui déflorent l’éclat de leur robe nuptiale, du dernier fil qui retient leur suprême essor vers vous, leur unique bien.
Pour mieux vous voir, vous entendre, vous goûter, vous saisir, vous suivre partout où vous irez, elles se hâtent de purifier dans les flammes les plus ardentes, leur vue, leur ouïe, leur odorat, leur intelligence, leur amour, leur activité, tout ce qu’elles ont et tout ce qu’elles sont, car elles ne veulent être qu’à vous ; elles n’ont d’autre soin que celui de se faire belles, de la beauté des anges et de la beauté des saints, pour vous plaire. Elles ne rêvent qu’au jour où, de votre voix la plus tendre, vous direz à chacune d’elles en particulier : « Te voilà devenue toute belle et sans tache aucune ; viens à moi et je te couronnerai ».
Ô divin Cœur de Jésus, accordez-nous l’insigne honneur de pouvoir prêter nos humbles services à vos royales servantes, afin que leur parure brille au plus tôt de sa dernière splendeur et que, joyeuses, elles s’envolent jusqu’à vous.
Pater, Ave, De profundis.
Jour 7 : Le chant de la reconnaissance
Car dans le Seigneur est la miséricorde, et une abondante rédemption.
Des profondeurs de leurs justes châtiments, les âmes du purgatoire font monter, ô mon Dieu, jusqu’au trône de votre infinie miséricorde, le cantique de leur action de grâces.
N’est-ce pas votre miséricorde qui, après les avoir préservées de l’éternelle perdition, travailla encore si efficacement, à la dernière heure, pour assurer leur salut ?
N’est-ce pas elle qui leur obtint un purgatoire mitigé, beaucoup moins rigoureux celui réclamé par leurs fautes ? Car elle vous porte toujours, ô mon Dieu, à nous punir en deçà, et à nous récompenser au- delà de nos propres mérites.
N’est-ce pas elle, ô Jésus, qui donna à la très Sainte Vierge, votre Mère et la nôtre, le privilège de se dire la mère et la consolatrice de tous ceux qui gémissent dans le purgatoire ?
N’est-ce pas votre miséricorde qui permet à leurs saints protecteurs, à leurs anges gardiens et à d’autres messagers du ciel de les visiter, les réjouissant de leur présence et de leurs doux entretiens ? N’est-ce pas elle, ô mon Dieu, qui a inspiré à tant de parents, d’amis, de connaissances, à tant de pieux fidèles inconnus, de multiplier les suffrages de toutes sortes pour venir au secours des fidèles trépassés ?
N’est-ce pas elle, en ce moment, qui leur applique par de nombreux associés le remède nouveau, si souverain à leurs souffrances ? Car c’est ainsi que ces pauvres âmes nomment la dévotion au Sacré-Cœur, et principalement les messes en son honneur.
Ô Cœur infiniment bon de Jésus, ajoutez encore aujourd’hui à vos miséricordes en délivrant ou soulageant, à mon humble prière, quelques-unes de ces âmes qui me sont si chères, et qui m’obtiendront en retour l’éternelle miséricorde dont j’ai besoin.
Pater, Ave, De profundis.