Le Protévangile de St Jacques raconte la rencontre entre Anne et Joachim, éleveur venu faire sacrifier des bêtes de son troupeau au Temple. Or il devait au préalable laver ses moutons dans la piscine de Bethseda près de la Porte des Brebis et Anne se tenait à cette porte de la ville, si bien qu’elle vit Joachim arriver avec ses troupeaux.

D’après Anne Catherine Emmerich « Joachim et Anne furent mariés dans une petite bourgade. Anne avait alors dix-neuf ans. Ils habitèrent chez Eliud, le père d’Anne. Sa maison dépendait de la ville de Sephoris. Ils vécurent là plusieurs années. Tous les deux avaient quelque chose de distingué dans leur manière d’être ; ils avaient bien l’air tout à fait juif, mais il y avait en eux je ne sais quoi qu’ils ne connaissaient pas eux-mêmes : leur gravite était merveilleuse. Je les ai vus rarement rire, quoique dans les commencements de leur mariage ils ne fussent pas précisément tristes. Leur caractère était tranquille et égal, et dès leur jeunesse ils ressemblaient déjà à de vieilles gens par leur air réfléchi. J’ai vu autrefois de semblables jeunes couples qui avaient l’air très réfléchi et je me disais alors : Ceux-ci sont comme Anne et Joachim.

Ils avaient beaucoup de parents qui se réunissaient chez eux dans toutes les occasions solennelles. Je ne vis pas qu’on y menât grande chère. Je les vis souvent dans le cours de leur vie donner à manger à quelques pauvres, mais je ne vis jamais de festins proprement dits. Quand ils étaient ensemble, je les voyais ordinairement assis par terre en rond ; ils parlaient de Dieu avec un vif sentiment d’espérance. Je vis souvent de méchants hommes de leurs parents qui se montraient pleins de mauvais vouloir et d’irritation lorsque, dans leurs entretiens, ils levaient au ciel des yeux pleins de désir ; mais ils étaient bienveillants pour ces gens si mal disposés, les invitaient chez eux dans toutes les occasions, et leur donnaient double part. Je vis souvent ces personnes exiger grossièrement et brutalement ce que l’excellent couple leur offrait avec affection. »

Saint-Jérôme nous apprend qu’ils vivaient saintement, priant Dieu pour la venue du Messie, (qui d’après la prophétie de Daniel révélée par l’archange Gabriel devait s’incarner à leur époque).

Ils faisaient trois parts de leurs biens. La première était destinée au temple de Jérusalem, et nul n’était plus fidèle qu’eux à s’y rendre aux solennités fixées par la loi. La seconde était distribuée aux pauvres. La troisième servait à l’entretien de la maison.

Saint Vincent Ferrier nous représente ces chastes et saints époux, insistant auprès de Dieu de quatre façons différentes :

« C’était, premièrement, par leurs ferventes et continuelles prières, unies à leurs larmes et aux élans de leur cœur. Si nous voulons savoir ce que durent être ces prières, il nous suffit de considérer la manière dont elles furent exaucées.

Secondement, ils multipliaient les aumônes aux pauvres, ils multipliaient leurs offrandes au temple de Jérusalem, et leurs pèlerinages les y amenaient fréquemment en présence du Seigneur.

Troisièmement, ils se souvenaient de la parole écrite au livre de Tobie, disant que la prière est bonne accompagnée du jeûne, et ce qui ne pouvait être le fruit de leur mariage sera le fruit de leurs mortifications.

Enfin, ils y joignirent une promesse. Tous deux voueraient au Seigneur l’enfant qu’il leur donnerait. »

Après la naissance de leur fille aînée, Marie Héli, leur stérilité dura vingt ans, et alors qu’ils entraient dans la vieillesse, chaque jour semblait venir diminuer leur espoir ; et cependant, en présence de l’âge et de la stérilité, ils ne cessaient pas d’avoir confiance en celui qui, des pierres du désert, peut faire des enfants d’Abraham.

Dieu voulait faire resplendir leur foi dans une dernière épreuve.

(A suivre)