Anne Catherine Emmerich nous raconte :
« Le premier enfant qu’Anne mit au monde dans la maison de son père fut une fille, mais qui n’était pas l’enfant de la promesse. Les signes qui avaient été prédits ne se montrèrent pas à sa naissance, qui se trouva liée à quelques circonstances pénibles. Je vis, par exemple, qu’Anne, pendant sa grossesse, éprouva du chagrin de la part de ses gens. Une de ses servantes avait été séduite par un parent de Joachim. Anne, très troublée de voir ainsi violée la stricte discipline de sa maison, reprocha un peu vivement sa faute à cette fille. Celle-ci prit son malheur trop à cœur et accoucha avant terme d’un enfant mort. Anne fut inconsolable de cet accident ; elle craignit d’en avoir été la cause, et il s’ensuivit qu’elle-même accoucha avant terme ; mais sa fille vécut. Comme cette enfant n’avait pas le signe de la promesse et qu’elle était née prématurément, Anne vit là une punition de Dieu, et fut extrêmement troublée, car elle croyait s’être rendue coupable. Toutefois, les parents accueillirent avec une joie sincère la naissance de l’enfant, qui fut appelée Marie Héli. C’était une enfant aimable, pieuse et douce. Ses parents l’aimaient beaucoup ; mais il restait en eux quelque trouble et quelque inquiétude, parce qu’ils reconnaissaient qu’elle n’était pas ce fruit béni de leur union qu’ils avaient attendu. Cette petite Marie grandit entourée de ses parents, grands-parents, ainsi que d’une nombreuse parenté.
Anne et Joachim firent longtemps pénitence et vécurent souvent séparés l’un de l’autre. Anne était devenue stérile, ce qu’ils regardaient comme le résultat de leurs fautes, et cela les portait à redoubler leurs bonnes œuvres. Je les vis souvent, chacun de leur côté, faire de ferventes prières, puis vivre à part l’un de l’autre pendant de longs intervalles, donner des aumônes et envoyer des victimes au temple.
Ils vécurent ainsi sept ans chez le père d’Anne, Eliud, ce que je pus voir à l’âge du premier enfant, lorsqu’ils se décidèrent à se séparer de leur famille et à s’établir dans une maison avec quelques terres attenantes, qui leur était venue des parents de Joachim, et qui était située dans les environs de Nazareth. Ils avaient l’intention d’y recommencer à nouveau, dans la solitude, leur vie conjugale, et d’attirer la bénédiction de Dieu sur leur union par une conduite qui pût être plus agréable encore à ses yeux. Je vis prendre cette résolution en famille. Ils partagèrent les troupeaux et mirent de côté, pour le nouveau ménage, des bœufs, des ânes et des moutons. On chargea les bœufs et les ânes, qui étaient devant la porte, de provisions, d’ustensiles et d’effets de toute espèce.
Quand tout fut prêt, les valets et les servantes se mirent en marche et poussèrent devant eux les troupeaux et les bêtes de charge jusqu’à la nouvelle habitation qu’il leur fallait préparer à cinq ou six lieues de là. Anne et Joachim, après avoir pris congé de tous les amis et serviteurs avec toute sorte de remerciements et de recommandations, quittèrent la maison d’Eliud qu’ils avaient habité jusqu’alors, pleins d’émotions et de pieuses résolutions. La mère d’Anne ne vivait plus, mais je vis pourtant des membres de la famille des deux époux les accompagner vers leur nouvelle demeure. Marie Héli, leur fille aînée, âgée d’environ six ou sept ans, faisait aussi partie du cortège. Le père d’Anne, Eliud, semblait s’être remarié.
Quand les parents eurent installé leurs enfants dans leur nouvelle demeure, ils prirent congé d’Anne et de Joachim, qu’ils embrassèrent et bénirent, et ils reprirent le chemin de leur maison, ramenant avec eux la petite Marie Héli qui revenait avec ses grands-parents, ca qui avait été décidé avec l’accord de tous, y compris Marie Héli qui, comprenant la nécessité qu’éprouvait ses parents à vivre retirés, dans la prière, préférait rester avec ses grands-parents, ses tantes, Mahara et Sobé, son cousin Eliud et les ami(e)s de son village. Elle rendrait fréquemment visite à ses parents, Anne et Joachim.
(A suivre)