Jusqu’à la naissance du Messie, l’Orient, berceau du genre humain, gardait d’antiques traditions venues des révélations primitives. La mieux conservée était celle qui annonçait la venue d’un Dieu, roi, législateur et libérateur du monde. « Tout l’Orient, écrit Suétone, retentissait de l’antique et constante croyance qu’il était dans les destins, qu’en ce temps (vers l’époque de Notre-Seigneur), des hommes partis de la Judée jouiraient de la puissance souveraine. » Et Tacite : « C’était l’opinion générale que les anciens livres des prêtres annonçaient qu’à cette époque l’Orient prévaudrait, et que de la Judée sortiraient les maîtres du monde. »
Les prêtres dont parle Tacite étaient les Mages. Dans les langues de l’antique Orient, le mot Mage veut dire prêtre, philosophe, conservateur et interprète des mystères de la science divine et humaine. Sages, savants, adonnés surtout à l’étude des astres si profondément mystérieuse, et relativement si facile sous le ciel transparent de la Chaldée et de la Mésopotamie, les Mages formaient une caste nombreuse. Les Mages étaient très répandus dans la Perse, dans la Babylonie, dans la Bactriane et dans les autres parties du Haut Orient. Telle était leur puissance et le respect religieux dont ils étaient environnés, qu’en Perse, par exemple, il fut un temps où nul ne pouvait être roi s’il n’était Mage ou disciple des Mages.
D’où venaient les Mages ?
Il y avait plus de mille ans que Balaam, mage et prophète malgré lui, avait appelé sur ce peuple d’Israël toutes les bénédictions divines et annoncé dans la suite des siècles ses glorieuses destinées. Il avait prononcé ces mémorables paroles : « Une étoile se lèvera de Jacob, et le Sceptre sortira d’Israël. » Il avait ajouté que Celui qui portera le sceptre annoncé par l’étoile dominera l’Orient et l’Occident. « Rien n’est plus certain, dit saint Jérôme, à la confusion des Juifs, qui devaient apprendre des Gentils la naissance du Messie, une étoile paraît à l’Orient : étoile qu’avait prédite Balaam. »
Sur le pays des Mages, nous avons les paroles des Prophètes, et le témoignage des premiers Pères de l’Église. « Les Mages arabes, dit saint Justin, étant venus à Bethléem, adorèrent le petit Enfant. » Et Tertullien : « Le Christ enfant reçut en hommage la puissance de Damas. Témoins les Mages d’Orient, qui honorent son enfance par des présents en or, en encens et en myrrhe. »
L’infériorité relative de leurs royaumes jointe à l’orgueil d’Hérode explique peut-être l’espèce de sans façon avec lequel ce roi parvenu traite les Mages : « Allez, leur dit-il dans un langage très peu royal, et venez m’apporter des nouvelles de l’enfant. »
(A suivre)