Quelle était l’étoile des Mages, et comment en connurent-ils la signification ?
Quoi qu’il en puisse être, les Mages, prêtres et rois, avaient vu dans le ciel l’étoile qui marquait la naissance du Désiré des nations. Comment l’avaient-ils reconnue ?
Qui leur avait appris ce qu’elle annonçait ?
Sur ces questions, la tradition est riche de documents. Une étoile se lèvera de Jacob, c’est-à-dire tout à la fois un astre apparaîtra au ciel de la Judée qui annoncera le véritable Astre du monde, la Lumière éternelle, descendue sur la terre pour dissiper les ténèbres de quatre mille ans dont elle est enveloppée.
Cet oracle était resté vivant parmi les peuples de l’Arabie. Devenu populaire chez les autres nations de l’Orient, il avait pénétré jusque dans l’hémisphère occidental. « Il y a, dit Chalcidius, philosophe platonicien, une autre histoire plus respectable et plus sainte. Elle dit qu’une certaine étoile s’est levée pour annoncer non des maladies et des morts, mais la descente d’un Dieu vénérable, ami de l’homme et du monde. » Puis il ajoute que les sages de Chaldée, habiles dans la science des astres, ont cherché le Dieu nouvellement né ; et qu’ayant trouvé cette majesté enfantine, ils lui ont offert les présents qui lui conviennent.
En effet, les Mages disent à Hérode : « Nous avons vu son étoile, non pas une étoile quelconque, mais l’étoile qui annonce la naissance du roi des Juifs ; l’étoile qui a été prédite à nos ancêtres par un de nos ancêtres divinement inspiré : l’étoile que nous n’avons cessé d’attendre une longue suite de siècles. »
Qu’avait cette étoile pour se faire infailliblement reconnaître ?
« L’étoile des Mages, disent saint Augustin et saint Chrysostome, d’accord avec toute la tradition, ne fut pas une des étoiles créées dès le commencement et qui accomplissent leurs révolutions, d’après la loi du Créateur ; ce fut un astre nouveau, qui apparut pour annoncer le miraculeux enfantement de la Vierge. »
Saint Thomas explique le témoignage des Pères et en donne les raisons. « L’étoile des Mages, dit-il, ne fut ni une comète, ni un météore, ni aucun des astres que nous voyons briller au firmament. Ce fut une étoile créée exprès, dans la région du ciel la plus voisine de la terre, et se mouvant non d’après les lois ordinaires du système planétaire, mais suivant la volonté libre du Créateur. En effet, cette étoile ne suivait pas la marche ordinaire des autres étoiles ; elle n’apparaissait pas seulement la nuit, mais en plein midi, ce que ne font ni les étoiles ni même la lune. Tantôt elle apparaissait, tantôt elle disparaissait. Son mouvement n’était pas continuel, comme celui des autres astres. Mais, lorsque les Mages devaient marcher, elle marchait ; lorsqu’ils devaient s’arrêter, elle s’arrêtait. »
Depuis longtemps attendu, l’astre béni avait été figuré par la colonne de feu qui dirigeait la marche des Israélites dans le désert du temps de Moïse, mais plus noble était sa mission. L’antique colonne indiquait au peuple la route de la Terre promise : l’étoile des Mages conduisit le genre humain au berceau de l’Enfant-Dieu. Saint Thomas : « Les Mages ont dit « nous avons vu son étoile en Orient »
Ce qui ne veut pas dire que les Mages étant en Orient avaient vu l’étoile fixée sur la terre de Judas : mais qu’elle était en Orient, que c’est là qu’ils l’avaient vue et qu’elle avait marché devant eux jusqu’en Judée. »
Un des plus illustres vicaires de Notre-Seigneur Jésus-Christ, saint Léon, continue, en le confirmant, le témoignage de saint Ignace : « Aux trois Mages, dit-il, apparut dans une région de l’Orient une étoile plus brillante et plus belle que tous les astres. Elle attira les regards et fixa l’attention de tous ceux qui la virent. On comprit aussitôt que ce n’était pas en vain qu’apparaissait un si étrange phénomène ».
Personne plus que les Mages ne fut frappé de l’apparition de l’astre merveilleux. Ils l’attendaient et en connaissaient la signification.
Ils l’attendaient. La tradition rapporte que les mages d’Arabie, gardiens fidèles de l’oracle de Balaam, avaient, de temps immémorial, fondé un collège de douze des plus instruits parmi eux, afin de signaler l’apparition de l’étoile prophétique. A la mort, le fils prenait la place du père. Chaque année, après les moissons, ils montaient sur une haute montagne, appelée Montagne de la Victoire. Là, ils demeuraient trois jours en prières, demandant instamment à Dieu de leur montrer l’étoile prédite par Balaam, leur aïeul. Trois d’entre eux demeuraient sur la montagne et continuaient la prière. Au temps marqué, ils étaient remplacés par trois autres, en sorte que leurs veilles et leurs supplications étaient aussi continuelles que leur attente.
Ce fut aux Mages en observation sur le mont de la Victoire, comme aux bergers de garde dans la tour d’Ader, que, pendant la nuit de Noël, apparut aux premiers l’étoile si longtemps attendue et si ardemment désirée, et aux seconds l’Ange rayonnant de lumière annonçant la naissance du Sauveur.
Ils en connaissaient la signification. A cette connaissance naturelle se joignit l’illumination surnaturelle. « Les Mages, dit saint Léon, éclairés intérieurement par la lumière de la grâce, reconnurent aussitôt l’étoile. » Elle fut pour eux ce que la voix de l’Ange était pour les Bergers, la voix du Ciel, à laquelle ils obéirent avec transport.
(A suivre)