La tradition que nous venons de rapporter, et qui est autorisée par l’assentiment des siècles et l’autorité des souverains pontifes, fixe à trois le nombre des Mages. « Ces trois hommes, dit saint Léon le Grand, suivant la lumière d’en haut, et méditant avec attention ce signe que leur donne l’astre brillant qui les précède, arrivent par l’illumination de la grâce à la connaissance de la Vérité. »
Enfin le nombre de leurs présents indique assez le nombre de leurs personnes : l’or, la myrrhe et l’encens.
Elle ajoute que par leur âge ils représentaient la vie humaine dans toute son étendue : Gaspard, la jeunesse ; Melchior, la vieillesse ; Balthasar, l’âge mûr : comme les trois bergers, ils représentaient les trois races descendues de Noé, par conséquent l’humanité tout entière.
Quelle fut l’époque et la durée de leur voyage ?
Sur la durée du voyage des Mages et l’époque de l’apparition de l’étoile, une difficulté s’est élevée dans quelques esprits. Les paroles de saint Matthieu l’ont fait naître : « Hérode voyant qu’il avait été trompé par les Mages fut violemment irrité, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem, ainsi que dans le pays d’alentour, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps indiqué par les Mages. »
D’après ce texte, les uns avaient prétendu que le voyage des Mages avait duré deux ans, opinion qui se réfute d’elle-même, les Mages fussent-ils partis des extrémités du monde. Les autres, que les Mages avaient attendu deux ans avant de se mettre en route ; autre opinion non moins insoutenable que la première, puisqu’elle implique de la part des Mages une indifférence inadmissible. Tout cela pour expliquer les deux ans marqués dans le texte évangélique. Saint Chrysostome et Baronius lèvent la difficulté : « il ne faut pas, dit le premier, s’étonner si Hérode fit tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous. En effet, la crainte et la cruauté formaient le caractère de ce tyran, qui pour plus de sûreté fit étendre le massacre à un espace de temps plus considérable afin qu’aucun enfant, d’un âge plus ou moins rapproché de la naissance du Christ, ne pût échapper. En sorte que les enfants nés après Notre-Seigneur et après l’apparition de l’étoile n’étaient pas compris dans le massacre, puisqu’ils ne pouvaient donner aucun soupçon. »
Quant au temps où eut lieu le massacre des Innocents, il est certain qu’il ne suivit pas immédiatement la naissance de Notre-Seigneur. Hérode ne voyant pas revenir les Mages put s’imaginer qu’ils avaient été trompés : que l’étoile n’était qu’un météore insignifiant et que, pour ne pas s’exposer au ridicule, ils n’avaient pas voulu repasser par Jérusalem. Du reste, l’événement de Bethléem n’avait probablement pas produit à la cour d’Hérode, si tant est que la nouvelle y fût parvenue, plus d’effet que les miracles de nos jours n’en font sur les incrédules.
Mais lorsque l’Enfant Jésus a été présenté publiquement au temple, qu’il a été reconnu et célébré par le vieillard Siméon, un des personnages les plus saints de Jérusalem, comme le Sauveur du monde ; c’est alors qu’alors Hérode, comprenant que le Roi des Juifs était né, ordonna le massacre afin de se défaire d’un compétiteur aveuglément redouté.
Quoi qu’il en soit, non moins dociles que les bergers à l’appel divin, les Mages firent à la hâte leurs préparatifs de départ, et, guidés par l’étoile, ils se mirent en route vers l’occident. Les circonstances de ce voyage nous sont inconnues. On sait seulement qu’il dura treize jours, et qu’ils arrivèrent à Bethléem le 6 janvier. Fixée à ce jour de toute antiquité, la fête de l’Épiphanie rend le fait incontestable. Sur ce point la tradition est unanime.
La courte durée du voyage confirme le témoignage des saints Pères entre autres de saint Justin, qui font venir les Mages de l’Arabie : « Les Mages partis de l’Arabie viennent l’adorer. »
En effet l’Arabie n’était pas très éloignée de la Judée ; et les Arabes avaient pour se transporter les magnifiques dromadaires, connus par la rapidité de leur marche.
La suite des Mages paraît avoir été assez nombreuse et en rapport, soit avec la dignité royale dont ils étaient revêtus, soit avec la majesté du nouveau Roi auprès de qui ils venaient en ambassade, chargés de lui offrir les plus riches présents de leur pays.
L’Évangile nous a dit ce qui leur arriva dans Jérusalem, ne voyant plus l’étoile, ils allèrent trouver Hérode qui ne savait rien au sujet de cet enfant, Ils apprirent du peuple que le Messie devait naître à Bethléem, ils sortirent alors de Jérusalem en direction de Bethléem. Au récit de saint Mathieu, la tradition ajoute un détail qui trouve ici sa place.
Sortis de Jérusalem par la porte du Midi, les Mages entrèrent dans la vallée des Géants. C’est après avoir cheminé pendant à peu près un quart d’heure, et comme ils arrivaient au pied d’une colline, que l’étoile reparut à leurs yeux. Or, en ce même lieu, on trouve encore aujourd’hui le Puits des Trois-Rois, dont le nom rappelle et la réapparition de l’étoile et la joie dont sa vue transporta les courageux pèlerins. Continuant sa mission, l’astre mystérieux demeura visible jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au point du ciel qui correspondait perpendiculairement au lieu béni, où se trouvait le divin Enfant. Dans des sentiments qu’on devine, mais qu’on ne peut exprimer, ils entrèrent et offrirent leurs présents au Dieu nouveau-né : c’était le sixième jour de janvier.
(A suivre)