Les Hosties miraculeuses de Faverney

Un miracle eucharistique s’est produit les 26 et 27 mai 1608, soit le lendemain et le surlendemain de la Pentecôte, en l’église abbatiale de l’abbaye de Faverney, sise dans l’ancien comté de Bourgogne, aujourd’hui dans le département de la Haute-Saône et la région Franche-Comté.

Les moines bénédictins de l’abbaye de Faverney avaient demandé l’autorisation au pape Clément VIII d’exposer le Saint-Sacrement durant les trois jours des fêtes de la Pentecôte Ils reçurent un avis favorable indiqué par un bref apostolique du pape, accordant des indulgences à ceux qui viendraient adorer la Sainte Eucharistie, qui se confesseraient et communieraient, ainsi qu’une lettre de Monseigneur de Rye, qui en autorisait la publication.

La veille de la Pentecôte, le samedi 24 mai 1608, les moines bénédictins préparent un reposoir en bois d’environ 2 mètres de haut, près de la grille du chœur. L’église est grande, ils veulent que tous les fidèles même ceux au fond de l’église puissent voir l’ostensoir placé au somment de ce reposoir. Il consistait en une table de bois surmontée d’un gradin de bois et d’une étagère à quatre colonnes, également de bois, rehaussant la table de près d’un mètre. L’Ostensoir se trouvait donc en haut de cet ensemble. De nombreuses nappes et étoffes de soie recouvraient table et reposoir, avec au-dessus, accroché à la grille, un dais festonné d’où descendaient des draperies. La table était garnie de fleurs et portait deux chandeliers de cuivre garnis de cierges, et deux chandeliers d’étain portant des lampes d’huile qui devaient brûler jour et nuit devant le saint Sacrement.

Au moment des Vêpres, le prieur y dépose un reliquaire-ostensoir contenant, dans un tube de cristal une relique dont ils étaient dépositaires (un doigt de sainte Agathe), le bref du pape, et au-dessus, dans une grande lunule d’argent de l’ostensoir, deux hosties consacrées à la messe du matin.

Le lendemain, jour de Pentecôte, l’adoration du Saint Sacrement se poursuit normalement toute la journée, et les Vêpres dites, l’église est fermée à clef pour la nuit.

A 5 heures du matin, le lundi, Dom Jean Garnier, le sacristain, ouvre les portes de l’église pour y sonner mâtines. Il trouve alors l’église remplie de fumée noire et voit les décombres du reposoir incendié. Il s’évanouit puis se relève et appelle en criant, les moines accourent et se précipitent vers les débris fumants jonchant le sol. Ils s’agenouillent pour recueillir les débris en quête d’un quelconque vestige. Ils retirent intacts des cendres le bref apostolique du pape et la lettre de l’évêque, la relique de Sainte Agathe, mais l’ostensoir n’est pas dans les décombres ???  

Soudain, levant les yeux à l’endroit où était le reposoir et le reliquaire, un jeune novice, Frère Antoine Hudelot, aperçoit à travers la fumée, l’ostensoir, à sa place initiale, mais désormais dans les airs. Par précaution, les moines posent en dessous de celui-ci une table recouverte d’une petite nappe, le corporal, y allument des cierges, et font prévenir les moines capucins de Vesoul, la ville voisine de 20 kms, les requérant comme témoins. Rien en-dessous, rien en-dessus, rien sur les côtés, l’ostensoir est bien en suspension dans les airs et la grille branle chaque fois qu’on la touche tandis que l’ostensoir reste immobile.

Le soir même, tous écrivent un mémoire à l’archevêque de Besançon. La nouvelle se répand très vite. Le lendemain, le mardi, des messes sont célébrées dans l’église, tout au long de la journée, par tous les curés des paroisses voisines, quand tout à coup, aux environs de 10 h, l’un des cierges placés sous le reliquaire suspendu s’éteint à plusieurs reprises, malgré les tentatives de Dom Jean Garnier pour le rallumer. Soudain, l’ostensoir se met à bouger avant de descendre se poser sur le corporal, après trente-trois heures de lévitation, devant plus de mille témoins, venus assister à l’office et constater le miracle. Lorsqu’ils ouvrent l’ostensoir, les moines trouvent les deux hosties intactes.

L’incendie avait détruit les deux tiers du reposoir, brûlé les linges et draperies, fait tomber en grande partie du dais, fondu à moitié l’un des chandeliers d’étain, noirci l’ostensoir en plusieurs endroits. Mais les deux hosties, placées l’une contre l’autre dans la lunule d’argent et de verre, le tube de cristal dans lequel se trouvait la relique, et même le bref (lettre) du Pape accordant les indulgences à l’occasion de cette adoration et qui avait été épinglé devant la table n’avaient pas brûlé.

En 1725 et en 1753, lors d’incendies, on fit une bénédiction de la ville avec l’hostie miraculeuse et les incendies cessèrent de s’étendre. A la Révolution, l’abbaye de Faverney fut fermée, volée par l’état et déclarée  » Bien National  » elle fut vendue et bientôt découpée en nombreuses propriétés. Le Maire voulut faire brûler l’hostie. Mais sa propre femme eut le courage de s’en emparer et de la remettre à des personnes sûres. Grâce à elle, elle est toujours là, petit rond tout brun de 41 millimètres de diamètre.

Chaque année depuis 1608 l’hostie est portée en procession dans la petite ville de Faverney, avec le concours de processions venant des villages voisins.

Trois cents ans après le miracle, en 1908, un Congrès Eucharistique réunit à Faverney 20.000 personnes dont une dizaine d’évêques et plusieurs centaines de prêtres.

Chaque lundi de la Pentecôte l’hostie sauvée miraculeusement des flammes est exposée.

Les effets de ce miracle eucharistique furent sensibles dans toute la région : il enraya les progrès du Protestantisme alors importants autour du pays de Montbéliard. Il suscita la fondation de Confréries du Saint Sacrement dans presque toutes les paroisses ; il favorisa ainsi l’assistance à la messe en semaine, la communion plus fréquente, l’Adoration perpétuelle.

Ce miracle en produit immédiatement un autre.

Un protestant François Vuillard se rendait avec sa famille à Montbéliard où il était orfèvre. En cette période, des protestants zélés appliquaient les principes d’un vaste plan culturel et cultuel visant à infirmer les thèses théologiques des Réformés, ces protestants s’étaient regroupés à Montbéliard. Passant dans la ville de Vesoul ce dimanche 26 mai 1608 et constatant l’effervescence qui y régnait l’homme décide de faire un détour de 20 kms jusqu’à Faverney pour voir ce soi-disant miracle. Il est interloqué car il croit à une supercherie pour inciter le peuple crédule à ne pas rejoindre la thèse protestante. Il entre et sort de l’église plus de 30 fois. Il n’en croit pas ses yeux, il est fasciné et reste la nuit dans l’auberge du village. Le lendemain lorsqu’il voit l’ostensoir redescendre après 33 heures de suspension, il s’agenouille avec les fidèles et dit : « Je crois ». Toute sa famille se convertit alors avec lu, puis certains de ses amis pourtant bien ancrés dans leur choix de vivre dans ce foyer de protestantisme qu’était Montbéliard. Ce miracle venait détruire une bonne partie de leurs convictions étant donné que les protestants ne croient pas à la Présence réelle de Jésus dans l’hostie, qu’ils rejettent l’autorité du pape ainsi que le culte des reliques !