Job, et la foi, et le but ultime de la souffrance

(Suite de Job la souffrance et la patience)

Faisons un parallèle entre la souffrance de Job et notre misère actuelle. Une grande sagesse consiste d’abord à se rappeler que toute notre vie est enserrée entre deux puissances invisibles qui se disputent nos âmes invisibles. De son côté, Satan fait tout ce qu’il peut pour nous faire descendre en enfer, tandis que Dieu, sans nous enlever notre libre-arbitre, s’efforce de nous faire parvenir avec lui dans la vision béatifique du Ciel éternel.

Certes, le Dieu tout-puissant pourrait facilement réduire à néant tous les efforts de Satan, mais alors son Ciel ne serait plus peuplé que de robots. Or, ce n’est pas là le but qu’Il a voulu assigner au grand œuvre de Sa Création. Sachons tous alors lire entre les lignes de l’absurdité de notre temps : sachons reconnaître à l’œuvre un Dieu tout de justice et d’amour qui s’efforce de nous amener tous au Ciel.

Tandis que Job n’a point mérité ses souffrances, nous autres par notre mépris pour l’existence même de Dieu, mépris répandu maintenant dans le monde entier, n’avons-nous pas éminemment mérité cette absurdité mondiale ?

Certes, le péché actuel d’apostasie universelle tout autour de nous est plus que suffisant pour mériter la punition mondiale qui s’abat sur nous par le truchement de criminels ! Mais même si la souffrance est méritée pour la plupart, il y a aussi des innocents qui se trouvent parmi ceux qui doivent souffrir.

Bien sûr, la souffrance est normalement liée au péché, car elle n’est entrée dans le monde qu’avec le péché. Avant la chute, Adam et Eve n’avaient pas à souffrir, car le don surnaturel de Justice Originelle les en protégeait. Mais après leur péché, ce don a été remplacé par le Péché Originel. D’un coup, ils perdirent l’équilibre parfait et l’impassibilité de leur nature qui devint profondément défectueuse. Mais gardons-nous bien d’en blâmer Dieu ! Incriminons plutôt Ses ennemis, ces hommes qui Lui font la guerre et veulent Le chasser de Sa propre création.

Le texte nous fait apprécier la foi de Job : « Je sais que mon Rédempteur est vivant et que je ressusciterai sur la terre au dernier jour ; que je serai de nouveau revêtu de ma peau et que, dans ma chair, je verrai Dieu. » Cette Foi est loin d’être un conte de fées ou une illusion volontaire. C’est la vérité catholique qui se doit d’être dans notre esprit et dans notre cœur, elle peut nous porter et nous aider à traverser calmement, dans les prochaines années, quantité d’épreuves et de tribulations. « Seigneur, accordez à vos enfants, victimes de l’apostasie répandue aujourd’hui, de profiter des répits relatifs que vous nous donnez, pour affermir notre Foi. Et, quelles que soient les tribulations que Vous permettrez, qu’elles nous portent sur le chemin du Ciel. »

Dans la troisième section du Livre de Job, chapitres 38 à 42, Dieu intervient lui-même pour apporter la vraie solution que Lui seul pouvait présenter avec une telle autorité. Pour nous, cette leçon nous est certainement des plus profitables, car elle nous permet de situer correctement dans nos esprits et la folie du monde actuel, et le châtiment divin qui s’approche de plus en plus près, et la probable fin du monde.

Ce que dit le Tout-Puissant n’est point la réponse à laquelle Job lui-même ou nous autres nous aurions pu nous attendre, parce que le Seigneur ne répond directement à aucune des questions de Job. A la place Il fait appel à Sa propre majesté incommensurable et infiniment au-dessus de tout calcul purement humain. C’est rédigé en quelques pages parmi les plus sublimes de toute la Bible pour le portrait de Dieu par Lui-même, pages que nous ferions bien de garder présentes à l’esprit tant que Dieu n’aura pas encore mis fin par Son Châtiment au délire actuel et à toute la souffrance qu’il entraîne avec lui.

Comme dernier mot sur toutes les souffrances de Job, Dieu lui rend sa famille et sa prospérité et beaucoup plus qu’avant (42, 7–17). Bénies sont ces âmes qui ne mettront jamais en question les buts ni les plans de Dieu à travers tout le chaos et la souffrance qui seront déchaînés dans ces années qui viennent. A nous autres il peut bien arriver de ne pas savoir ce que nous faisons, mais depuis l’éternité Dieu sait parfaitement ce qu’Il fait.

Il cherche à nous faire choisir d’entrer dans Son Paradis !

Job, la souffrance, et la patience

L’Ancien Testament a beaucoup à nous enseigner en ce moment au sujet de la crise frappant l’Église et le monde entier. Actuellement de grandes souffrances touchent des innocents. La souffrance… c’est justement le thème central de l’histoire de Job, au 20e livre de l’Ancien Testament. On y trouve d’abord, en quoi la souffrance de Job pose un problème ; puis, l’exemple de sa patience et de sa foi, et enfin la seule et réelle solution à ce problème.

Job est un homme exempt de reproche et fait preuve d’une grande droiture. C’est un propriétaire terrien très prospère doté d’une famille de dix enfants et d’une propriété considérable, comptant des milliers de têtes de bétail. Par ailleurs, il montre piété et dévotion envers Dieu. Pourtant, il va être amené à souffrir profondément, sans qu’il ne sache pourquoi.

Tout d’abord, des attaques extérieures viennent lui enlever ses enfants puis tous ses biens. Or, sa seule réaction est de bénir Dieu, prononçant ses paroles sublimes : « Nu, je suis sorti du sein de ma mère et nu je retournerai dans le sein de la terre ; le Seigneur a donné, le Seigneur a repris ; béni soit son Saint Nom ! ».

Mais, comme si ces souffrances ne suffisaient pas, voilà qu’il est attaqué dans sa propre personne : des plaies répugnantes le couvrent de la tête aux pieds, de sorte qu’il est réduit à les gratter avec un débris de poterie. Sa femme le tente, lui suggérant de chercher un soulagement en maudissant Dieu. Mais là encore, il réagit avec une piété tout-à-fait exceptionnelle : « Femme insensée, si nous acceptons le bien des mains de Dieu, ne devons-nous pas aussi recevoir le mal ? »

Puissions-nous ne pas oublier cet admirable exemple, ni ces nobles paroles lorsque, dans quelques temps peut-être, les cieux nous tomberont sur la tête !

Ce que Job ignorait, mais que l’auteur de l’histoire nous a appris dans les deux premiers chapitres du livre de Job, c’est que ces terribles souffrances, apparemment imméritées, venaient bien de Dieu, ou plus exactement, d’une sorte de bras de fer entre Satan et Dieu, ni plus ni moins.

Satan s’étant présenté un jour devant Dieu, le Seigneur lui avait demandé si lui, Satan, n’avait jamais vu une piété telle que celle de son serviteur Job. Satan répondit que cela était dû sans doute à une protection spéciale que Dieu accordait à Job, mais que, si Dieu cessait de le protéger, Job Le maudirait dans la souffrance comme n’importe qui d’autre.

Dieu donna alors à Satan la permission de faire souffrir Job, mais seulement dans tous ses biens et non dans sa personne. C’est alors que Job perdit sa famille et tous ses biens, sans jamais prononcer un seul mot contre Dieu.

« Tu vois ? » dit le Seigneur, lorsque Satan réapparut devant Lui. « Ah ! répondit Satan, permets donc seulement qu’il souffre en sa personne ! Et tu le verras Te maudire. »

 Dieu permit alors à Satan de commettre les pires atrocités contre la personne de Job. C’est ainsi que Job fut couvert, de la tête aux pieds, de plaies purulentes, le réduisant à l’état d’une loque, assis sur un tas de cendres, se demandant avec angoisse ce qu’il avait bien pu commettre pour mériter de telles misères. L’histoire se poursuit en nous montrant la patience de Job.

(A suivre)

Le silence

Dernièrement mon fils est allé visiter le Sacré Cœur à Paris, il m’a dit avoir été dérangé dans la récitation de son chapelet par une diffusion constante de musique ! Il apprécie le silence de nos églises et chapelles traditionnalistes qui lui permet de mieux se recueillir. Or, comme par hasard, je tombe quelques jours plus tard sur la transcription d’un sermon de M. l’abbé Patrick de la Roque (prieur de Nice) que je me fais un plaisir de vous transmettre ci-dessous :

” Déjà au VIe siècle avant Jésus-Christ, Sun Tzu l’avait compris. Afin de réduire à néant son ennemi, il invitait à l’abreuver constamment d’informations.

L’épisode est célèbre : convoqué sur le mont Horeb pour y entendre la parole de Dieu, le prophète Élie fut tout d’abord témoin d’un vent fort et violent. Mais Dieu n’était pas dans ce vent. Puis survint un tremblement de terre, mais Dieu n’était pas dans ce tremblement de terre ; de même du feu dévorant apparaissant ensuite. Finalement, un doux murmure apaisé se fit entendre dans le silence : c’était la voix de Dieu (1 R, 19, 11-13). C’est que Dieu se donne dans le silence. Ce trait manifeste à lui seul combien Dieu éprouve de difficultés à se donner dans notre monde d’agitation et de bruit. De ce vacarme de trépidation comme du feu de l’action, il importe de savoir régulièrement sortir, pour qui veut entendre la voix de Dieu et marcher à sa suite. Oui, il importe de savoir souvent franchir les portes du silence : « Quand tu veux prier, entre dans ta chambre et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est présent dans le secret »(Mt 6, 6).

À lire les grands Anciens, depuis Sénèque jusqu’à saint Jacques en son épître, se taire consiste à mettre un garde à sa bouche (Ps 140, 3 ; cf. Pr 13, 3 et 21, 23) : « Si quelqu’un ne pèche pas en parole, c’est un homme parfait […] La langue est un tout petit membre ; mais de quelles grandes choses peut-elle se vanter ! Une étincelle peut embraser une grande forêt !(Jc 3, 2- 6).

« Certes, ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui en sort, car ce qui sort de la bouche vient du cœur » (Mt 15, 11-18). Nos médisances, critiques et calomnies ne nous le disent que trop bien. Néanmoins, rien n’est dans le cœur qui ne soit entré par les yeux. Aussi est-ce à un autre silence qu’il importe de nous habituer en premier lieu : faire taire en nous le bruit du monde. Jamais sans doute ces mêmes Anciens n’auraient imaginé à quel matraquage de bruit nous sommes soumis ; ou plutôt hélas, à quel tapage nous livrons notre esprit. L’argument séducteur est connu : sous prétexte de s’informer, nous voici livrés à toutes les curiosités. Nous avons simplement oublié que la curiosité est un vilain défaut !

Il nous paraît opportun de tout savoir sur tout, et surtout sur chacun. Les potins sont démultipliés par Internet, où l’information des uns rivalise avec la réinformation des autres. Quoiqu’il en soit, toujours le même bruit du monde, la même curiosité ; et l’âme se répand, se vide et s’avilit. Car, ne serait-ce que d’un point de vue naturel, rien n’est plus contraire à la démarche intellectuelle. “Lire à l’intérieur de” réclame en effet d’abstraire, c’est-à-dire de délaisser l’accidentel et le passager, le superficiel et le futile. Or c’est précisément en cette sphère que nous enferme le bruit du monde. Il est destructeur. Déjà au VI° siècle avant Jésus-Christ, Sun Tzu l’avait compris. Afin de réduire à néant son ennemi, il invitait à l’abreuver constamment d’informations. Tout est dit du traitement auquel s’est soumis le fanatique des écrans…

Comment Dieu pourrait-il se faire entendre en une telle auberge espagnole ? Lors du premier avènement de Dieu dans le monde, il est dit que la sainte famille ne trouva pas place dans l’hôtellerie. Certaines traductions sont plus précises : leur place n’était pas dans l’hôtellerie. Au brouhaha de l’auberge, Dieu préféra le silence de la crèche. Tout est dit de l’importance du silence, pour qui veut accueillir Dieu.” Abbé Patrick de la Roque