Dès la présentation de Jésus au Temple, le vieillard Siméon avait prédit à Marie qu’un glaive de douleurs transpercerait son cœur maternel.

La première douleur se présenta quand la Sainte Famille dut quitter son pays pour fuir en Egypte. Alors que Jésus avait environ an, Joseph, prévenu par un ange qu’Hérode voulait exterminer tous les enfants de Bethléem de moins de deux ans, Joseph donc, prit l’Enfant et sa mère et ils fuirent en pleine nuit. Ils y restèrent sept ans et quittèrent l’Egypte après qu’un ange eut averti Joseph qu’ils pouvaient rentrer dans leur pays.

La deuxième douleur eut lieu lorsque Marie et Joseph, retournant à Nazareth depuis Jérusalem, marchèrent toute une journée, croyant chacun que Jésus, âgé de douze ans, âge du passage à l’âge adulte, était avec l’autre. A cette époque, les femmes et les hommes marchaient séparément ; les femmes et les enfants de moins de douze derrière et les hommes devant. Le soir venu, à la halte, se rendant compte que Jésus n’était ni avec les femmes, ni avec les hommes, ils firent en toute hâte et de nuit le chemin parcouru pendant la journée. Là, ils coururent dans  la ville de Jérusalem en tous sens, cherchant désespérément à savoir si quelqu’un avait vu leur Fils. Ce n’est que le troisième jour qu’ils Le trouvèrent en train d’enseigner au Temple.

La troisième souffrance de Marie fut quand elle se retrouva seule à Nazareth, Jésus se devait de commencer sa vie publique, il partit choisir ses apôtres afin de parcourir le pays en enseignant et guérissant.

Les souffrances suivantes sont de véritables martyrs de l’âme !

La quatrième eut lieu quand Marie se trouva face à Jésus portant sa Croix, défiguré par les coups et les blessures de la Flagellation (quatrième souffrance : quatrième station du chemin de Croix). On ne peut qu’imaginer la douleur de ces deux êtres qui s’aiment infiniment ! Pour cette douleur de la sainte Vierge, les événements ont dépassé de beaucoup l’attente la plus terrible, car non seulement la réalité était pire que tout ce qu’elle avait pu redouter, mais elle apportait des souffrances inattendues auxquelles son âme n’avait pu se préparer. Le premier choc fut bien sûr l’état pitoyable dans lequel son Fils lui apparut. Tout avait concouru à mettre Jésus dans un état lamentable :  l’agonie au Jardin des Oliviers qui lui avait blanchi ses cheveux, au moins en partie, comme le montre le Saint Suaire ; la nuit sans sommeil ; l’absence de nourriture depuis le repas du Jeudi saint au soir ; la flagellation qui avait labouré son corps ; cette couronne d’épines qui meurtrissait sa tête ; cette croix de cinquante kilogrammes qui entaillait son épaule ; et cette foule en furie qui se pressait autour de son Fils, hurlant sa haine et réclamant la mort.

Les souffrances suivantes sont inséparables : Marie assiste à la Crucifixion, puis elle reste au pied de la Croix près de son Fils agonisant ! Voici le début de « Stabat Mater » qui exprime si bien cette souffrance :

« Debout, la Mère douloureuse Serrait la Croix, la malheureuse, Où son pauvre Fils pendait. Et dans son âme gémissante, Inconsolable, défaillante, Un glaive aigu s’enfonçait. Ah ! qu’elle est triste et désolée ! La Mère entre toutes comblée : Il était le Premier Né ! Elle pleure, elle pleure, la Mère, Pieusement, qui considère Son Enfant assassiné. Qui pourrait retenir ses pleurs A voir la Mère du Seigneur Endurer un tel Calvaire ?….. »

Enfin Marie reçoit dans ses bras le corps inanimé de Jésus avant d’être enseveli !

Il faut aussi se rendre compte que la cause la plus grande des douleurs de Notre-Dame au pied de la Croix, ce fut, comme pour Jésus  au Jardin des Oliviers, le péché : « La cause des douleurs [de Marie], ce fut l’ensemble de tous les péchés réunis, de toutes les révoltes, de toutes les colères sacrilèges portées en un instant à leur paroxysme dans le péché du déicide, dans la haine acharnée contre Notre-Seigneur » Père Guarrigou-Lagrange.