La fête de Notre Dame du Rosaire s’appelait d’abord Notre Dame de la Victoire pour fêter la victoire de Lépante (7 octobre 1571), bataille qui unit l’Espagne, la république de Venise et les Etats Pontificaux contre l’envahisseur ottoman, victoire qui fut attribuée à la récitation du Rosaire demandée alors par le pape saint Pie V. Son successeur Grégoire XIII changea en 1573 le nom de cette fête locale en fête du Saint-Rosaire.
Elle a donc été instituée pour méditer et s’unir aux mystères de la vie de la Vierge, ainsi que pour se souvenir secondairement de la libération de l’Occident devant la menace ottomane.
Le Rosaire avait été demandée par Marie à saint Dominique au commencement du XIIIe siècle. Par le zèle des Papes, et aussi par les fruits abondants qu’il produisait dans l’église, il devenait de plus en plus populaire. Au XVe siècle, le bienheureux Alain de La Roche, moine dominicain, fut suscité par la Vierge Marie pour raviver cette dévotion si excellente.
Plus tard, dans les premières années du XVIIIe siècle, un homme extraordinaire fut le grand propagateur, l’apôtre de la dévotion au saint Rosaire : saint Louis-Marie Grignion de Montfort. C’est le moyen qu’il jugeait le plus puissant pour établir le règne de Dieu dans les âmes. Il récitait tous les jours son Rosaire et le faisait de même réciter publiquement tous les jours dans ses missions.
Par son Rosaire quotidien, saint Louis-Marie convertissait les plus grands pécheurs et les faisait persévérer dans la grâce et la ferveur de leur conversion ; il pouvait dire : « Personne ne m’a résisté une fois que j’ai pu lui mettre la main dessus avec mon Rosaire ! » Il sut propager et faire aimer le Rosaire : là, c’étaient quinze bannières représentant les quinze mystères du Rosaire ; ailleurs, d’immenses Rosaires qu’on récitait en marchant, dans les églises ou autour des églises, à la manière du chemin de la Croix. Il exaltait le Rosaire dans ses cantiques, un tonnerre de voix répondait à la sienne, et tous les échos répétaient, de colline en colline, les gloires de cette dévotion bénie.
Au début du XXe siècle, un des maîtres de l’Ordre des prêcheurs, le père Hyacinthe-Marie Cormier, créa une prière dédiée à la Vierge par cette dévotion :
« Immaculée Vierge Marie, faites que la récitation de votre rosaire soit pour moi chaque jour, au milieu de mes devoirs multiples, un lien d’unité dans les actes, un tribut de piété filiale, une douce récréation, un secours pour marcher joyeusement dans les sentiers du devoir.
Faites surtout ô Vierge Marie, que l’étude de vos quinze mystères forme peu à peu dans mon âme une atmosphère lumineuse, pure, fortifiante, embaumée, qui pénètre mon intelligence, ma volonté, mon cœur, ma mémoire, mon imagination, tout mon être.
Ainsi contracterai-je l’habitude de prier en travaillant sans le secours des formules, par des regards intérieurs d’admiration et de supplication ou par les aspirations de l’amour.
Je vous le demande, ô Reine du saint Rosaire, par Dominique, votre fils de prédilection, l’insigne prédicateur de vos mystères et le fidèle imitateur de vos vertus. Ainsi soit-il. »