Vision de Marie d’Agreda sur la naissance de Marie :

« Les neuf mois étant accomplis, sainte Anne fut éclairée d’une lumière intérieure, par laquelle le Seigneur lui fit connaître que le temps de ses heureuses couches était venu. Prosternée en présence de la majesté divine, elle demanda humblement au Seigneur de l’assister de ses grâces, et tout-à-coup elle sentit dans son sein un doux mouvement, qui lui fit comprendre que sa très chère enfant voulait venir à la lumière. Dans cet état de la mère, la très sainte enfant vint au monde le huit septembre, à minuit; et afin qu’elle ne vit ni ne sentit sa naissance, elle fut ravie en une extase très-sublime en paradis. La sainte mère voulut elle-même l’envelopper de ses langes, la recevoir dans ses bras, sans permettre que d’autres mains la touchassent et elle put remplir elle-même cet office parce qu’elle ne ressentit pas les douleurs de l’enfantement. Sainte Anne ayant reçu cette chère enfant dans ses bras adressa à Dieu des prières.

Les soixante-six jours de la purification étant passés, sainte Anne alla au temple portant dans ses bras sa très pure enfant : elle se présenta à la porte du tabernacle avec l’offrande que la loi exigeait. Le saint prêtre Siméon ressentit une joie extraordinaire et sainte Anne entendit alors une voix qui lui dit d’accomplir le vœu qu’elle avait fait d’offrir sa fille au temple dès l’âge de trois ans. En témoignage de l’acceptation que le Seigneur en faisait, une très claire lumière descendit du ciel d’une manière sensible sur la mère et sur l’enfant. Ayant fini sa prière et présenté son offrande, sainte Anne revint à sa maison de Nazareth. La très sainte enfant était traitée dans la maison paternelle comme les autres enfants de son âge. Elle prenait les mêmes aliments qu’eux, mais en très petite quantité, son sommeil était court, quoiqu’elle se laissât coucher quand on le voulait; elle n’était pas importune et ne pleurait jamais pour les petits chagrins ordinaires aux autres enfants, mais elle était très douce et très paisible. Son visage était ordinairement joyeux, mais pourtant sérieux et plein de majesté et il n’y avait dans ses actions jamais rien de puéril. Elle recevait dans certaines rencontres les caresses qu’on lui faisait, mais à l’égard de celles qui n’étaient point de sa mère, elle les modérait par son sérieux.  Aussi le Seigneur inspira à saint Joachim et à sainte Anne un grand respect et une grande modestie en sorte qu’ils étaient fort réservés et fort prudents dans les démonstrations sensibles qu’ils lui donnaient de leur tendresse.

Jusqu’à ses trois ans, âge où elle entra au temple, Marie n’ouvrit presque jamais la bouche si ce n’est pour répondre à sa mère qui s’entretenait avec elle de Dieu, de ses mystères et surtout de l’incarnation du Verbe divin.  La maison de Joachim n’était pas fort riche, mais pourtant elle n’était pas des plus pauvres; c’est pourquoi sainte Anne habillait sa fille le mieux possible, dans les limites de l’honnêteté et de la modestie. Dès que la sainte enfant commença à parler, elle pria ses parents de la vêtir plus pauvrement d’un habit grossier et de couleur de cendres, et leur témoigna le désir qu’il eût déjà été porté. Sainte Anne ne jugea pas à propos de la vêtir d’habits aussi grossiers qu’elle le demandait, elle la satisfit néanmoins pour la couleur et pour la forme qui rappelaient un peu l’habit qu’on met aux enfants par dévotion. Elle ne répliqua pas une parole, et se montra très soumise à sa mère, compensant par cet acte d’obéissance l’acte d’humilité qu’elle ne pouvait pas faire. »

Conformément aux désirs de Marie elle-même. Ils la conduisirent au temple. Marie, aidée par les anges, franchit toute seule les quinze degrés du sanctuaire, fut reçue par les prêtres et réunie à celles qui vivaient à l’ombre de la maison de Dieu.

Au Temple à Jérusalem, Marie fut éduquée, par Zacharie, le grand prêtre, époux d’Elizabeth (cousine germaine de Marie), les parents de Jean-Baptiste. C’est Noémie qui s’occupa de Marie au Temple, elle était la tante de Lazare, Marthe et Marie-Madeleine.

(A suivre)