Aujourd’hui, mercredi des Cendres commence le Carême pendant lequel trois types de pénitence sont recommandées : la prière, le jeûne, l’aumône.

Il est très utile, en ce début de Carême, de tirer les leçons de la triple tentation de Notre-Seigneur après 40 jours passés au désert.

Il est à remarquer que le tentateur attend le moment favorable pour agir, c’est-à-dire un passage de faiblesse : quand le « Fils de l’homme eut faim » (Mt 4, 2). Soyons donc vigilants dans les moments de stress, de contrariété, et même de… jeûne.

Avec le péché originel, l’âme s’est détournée de Dieu, et, du coup, l’âme n’a plus eu de pouvoir sur le corps et les passions, elle a au contraire eu tendance à être dirigée par eux.

Et le corps est devenu esclave des biens extérieurs qui le détournent de Dieu. L’homme charnel vit pour accumuler les biens matériels, il se comporte un peu comme s’il ne devait jamais mourir. Il oublie Dieu et son salut.

C’est ce triple désordre évoqué par St Jean : la chair, l’argent, l’orgueil, que le démon va employer pour tenter Le Christ après quarante jours de jeûne et d’isolement au désert.

Remarquons que le démon attaque Jésus par trois fois.

Il commence par dire : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains » (Mt 4, 3). Le démon vise ici la première faille possible chez un homme : la satisfaction des sens. Notre-Seigneur répond par l’Écriture : « L’homme ne vit pas seulement de pain » (Mt 4, 4). C’est-à-dire : le pain ne suffit pas à nourrir l’homme. À quoi bon prendre ces pierres pour en faire du pain ? La volonté divine ne peut-elle pas me nourrir secrètement et miraculeusement d’une autre manière ? Ne l’a-t-elle pas fait pour les Hébreux dans le désert avec la manne ?

Lors de la deuxième tentation, le démon dit à Notre Seigneur : « Jette-toi en bas. Car il est écrit : Il donnera pour vous des ordres à ses anges et ils vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre » (Mt 4, 6). Le Malin vise ici l’orgueil, la vaine gloire. C’est un peu comme s’il disait : « Si vous faites cela, si vous sautez et que les anges vous protègent visiblement, imaginez ce qu’on dira de vous… » Ici, Notre-Seigneur triomphe du démon une nouvelle fois sans opérer de prodiges. Les Pères de l’Église remarquent encore que le démon essaie de persuader toute âme fidèle de « se jeter ». Mais il ne peut la précipiter, à moins qu’elle n’y consente. Il dit : «Jette-toi en bas », c’est-à-dire « Perdez-vous vous-même. » Et c’est là l’aveu de son impuissance. Il est capable de nous tenter mais c’est l’homme qui, usant de sa liberté, accepte de lui obéir.

Enfin, lors de la troisième tentation, Satan promet de « donner tous les royaumes du monde avec leur gloire » (Mt 4, 9). Il vise la troisième faille : les possessions matérielles, l’argent, le pouvoir. Et Notre-Seigneur, qui s’appuie toujours sur l’Écriture, riposte que c’est « Dieu seul qu’il faut servir » (Mt 4, 10). Le serviteur de Dieu sait que les richesses visibles n’ont qu’un temps et que les invisibles sont éternelles.

Quelle riposte peux-t-on opposer au démon ?

Par suite du péché originel, comme il y a trois désordres en nous ; il y aura donc trois grands types de pénitence : la prière, le jeûne, l’aumône.

L’orgueil pousse à l’indépendance vis-à-vis de Dieu ; on montrera notre dépendance par la prière.

Par la concupiscence de la chair, le corps et les passions veulent gouverner ; par le jeûne, on les affaiblira, pour mieux les maîtriser.

Enfin la concupiscence des yeux pousse à accumuler les biens extérieurs ; on s’en détachera par l’aumône.

Pour la prière, avant d’en faire plus pendant ce Carême, il sera bon de prendre le temps de bien prier, avec attention, sans tomber dans la routine.

Pour le jeûne, on pourra faire des efforts sur la nourriture et la boisson, mais on pourra aussi faire le jeûne de certaines informations et/ou d’internet. On gagnera du temps, que l’on pourra mettre à profit en faisant une saine lecture spirituelle.

Quant à l’aumône, n’oublions pas qu’elle ne consiste pas seulement à donner son argent, mais aussi un peu de son temps, de son écoute, se sa compassion pour soulager les misères spirituelles et corporelles de notre prochain.

A cette triple attaque, le Sauveur répond par trois brèves sentences tirées des Écritures, que cela nous incite à lire dans notre missel les passages d’Écriture propres à chaque jour de Carême. Ils nous encourageront à faire pénitence dans ces trois domaines.

Le mercredi des Cendres, en effet, Notre Seigneur dit « Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste » (Mt 6, 16).

Le jeudi suivant, la prière d’Ézéchias lui obtient quinze années de vie supplémentaire (Is 38, 2-5).

Enfin, le vendredi, Notre-Seigneur nous dit de faire l’aumône en secret. Et II ajoute cette parole encourageante : « Ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 4).