Je n’ai pas le souvenir d’avoir vécu quelque chose de positif au niveau religieux dans les différentes écoles par lesquelles je suis passé. J’y ai rencontré des femmes dures et souvent aigries, de la répression, du mépris, des jugements hâtifs et injustes. La seule religieuse avec laquelle j’ai eu quelques échanges intéressants, a défroquée pour partir avec un moine du couvent où nous faisions régulièrement des « récollections ». Finalement, les messes du vendredi à l’école étaient le moyen d’échapper à un cours ou une étude, et, celles du dimanche avec ma famille… !? Hé bien, soit j’y laissais aller mon imaginaire qui a toujours été débordant, soit à partir d’une quinzaine d’années, j’y trouvais le moyen de repérer des garçons du quartier qui me plaisaient et auxquels j’aurais bien aimé plaire.
Bon, revenons à notre première messe, celle qui a suivi le rêve de Sébastien. Nous découvrons une très belle bâtisse avec un grand parc, c’est là que les dominicaines prennent en charge l’instruction et l’éducation du CP à la Terminale de filles et garçons demi-pensionnaires dans le primaire et de jeunes filles pensionnaires dans le secondaire.
Nous pénétrons dans une petite chapelle de 200 places environ, bondée de monde… nous avons de la peine à nous trouver un siège. Je suis étonnée du silence qui y règne, depuis le bébé jusqu’au vieillard, chacun est absorbé dans une dévotion que je n’avais encore jamais rencontrée. C’est impressionnant.
Le prêtre arrive accompagné de deux enfants de chœur… des chants grégoriens… des prières en latin… C’est la messe de la Quinquagésime pendant laquelle je constate que chaque fidèle suit les différentes étapes sur son missel. J’ai eu un missel pour ma première communion mais je ne me souviens pas m’en être servi. A la sortie de la messe, des couples nous saluent gentiment, et la dominicaine que j’avais rencontré à la médiathèque vient vers nous et me dit dans un chaleureux sourire : « Je vois que vous êtes venues, qu’en pensez-vous ? Reviendrez-vous ? »
« Je n’imaginais pas que cela puisse exister encore, ce silence, cette concentration, cette dévotion, c’est plutôt extraordinaire ! » Je me tourne vers Sébastien : « Moi j’aimerais revenir, et toi ? » Et il acquiesce. La dominicaine qui nous parle se trouve être (bien évidemment, merci mon Dieu) la Mère Supérieure du couvent. Et nous lui racontons le rêve de Sébastien.