Prier le Rosaire car Marie est la seule qui puisse nous aider

La Seconde Guerre mondiale, la plus grande des guerres que l’on ait connues jusqu’ici, n’est encore rien en comparaison de la guerre spirituelle qui fait rage depuis la chute d’Adam et Eve et qui durera jusqu’à la fin du monde, entre les forces du Bien et du Mal, car l’enjeu, c’est le salut ou la damnation éternelle des âmes. Dans cette guerre, le poids lourd du camp du Mal est le Prince des anges déchus, Satan en personne. Son intelligence et sa ruse diaboliques l’emportent infiniment sur celles des simples mortels, comme on le voit dans la crise actuelle. Des hommes honnêtes, qu’il s’agisse d’hommes politiques, de médecins ou de qui que ce soit, se démènent sans compter pour s’opposer aux satanistes. Mais en vain, hélas, car les ennemis de Dieu préparent déjà cette attaque contre l’humanité depuis des siècles sous la direction de Satan. Et cette lutte devient toujours plus féroce, à mesure que nous nous approchons de la fin du monde. Aussi tous les crimes de l’épidémie finiront-ils par triompher – à moins que les amis de Dieu ne fassent appel à leur propre pièce maîtresse, la Mère de Dieu, qui au Japon en 1973 nous a dit : 

« Je suis la seule maintenant qui puisse vous aider. »

Mais pourquoi est-elle la pièce maîtresse de toutes les forces du Bien ? Parce qu’elle a écrasé la tête du Serpent, parce qu’elle a surmonté, par sa profonde humilité, toutes les incitations et les tentations du démon au moment de la Passion, de la mort et de la Résurrection de son Fils. Elle est restée absolument fidèle à Dieu, et son divin Fils l’a récompensée en la faisant Reine de tout l’Univers, qui englobe tous les anges, fidèles ou déchus, y compris Satan. Aucune créature n’a jamais servi Dieu sur terre aussi fidèlement qu’Elle. Aucune créature n’a jamais été récompensée par Lui avec un pouvoir comparable sur toute la création. C’est pourquoi les catholiques l’ont toujours vénérée à toutes les époques de l’Église.

Pour le XXème siècle, Notre Seigneur nous a dit que la dernière dévotion qu’Il accorderait à un monde s’abîmant vers sa fin, serait le Cœur Douloureux et Immaculé de Sa Mère. Peut-être a-t-Il pensé que les hommes auraient certainement plus de mal à repousser la plus douce et la plus tendre des mères. C’est pourquoi Elle apparaît partout dans le monde en ces derniers temps, suppliant les hommes d’écouter son Fils et de ne pas abandonner leur âme aux feux inextinguibles de l’enfer, pour les siècles des siècles. Et chaque fois qu’elle apparaît, elle demande de prier le Rosaire, en particulier pour le Pape, les évêques et les prêtres, car elle sait, comme personne d’autre, combien l’humanité dépend de l’unique et véritable Église de Son Fils, et combien cette Église dépend de ses ministres humains, faillibles, certes, mais indispensables hommes d’Église.

Le Psautier de Marie ou Rosaire

Tous les récents papes depuis Léon XIII recommandent fortement aux fidèles la récitation du chapelet pour obtenir la paix et la protection du ciel sur les familles. Saint Louis Marie Grignion de Montfort écrit, dans son livre Le secret du Très Saint Rosaire :

« Le Rosaire renferme deux choses, savoir : l’oraison mentale et l’oraison vocale. L’oraison mentale du saint Rosaire n’est autre que la méditation des principaux mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa très sainte Mère. L’oraison vocale du Rosaire consiste à dire quinze dizaines d’Ave Maria précédées par un Pater pendant qu’on médite et qu’on contemple les quinze vertus principales que Jésus et Marie ont pratiquées dans les quinze mystères du saint Rosaire. Dans le premier chapelet, qui est de cinq dizaines, on honore et on considère les cinq mystères joyeux ; au second les cinq mystères douloureux, et au troisième les cinq mystères glorieux. Ainsi le saint Rosaire est un sacré composé de l’oraison vocale et mentale pour honorer et imiter les mystères et les vertus de la vie, de la mort et de la passion et de la gloire de Jésus-Christ et de Marie. »

Saint Louis de Montfort continue : « Le saint Rosaire dans son fond et dans sa substance étant composé de la prière de Jésus-Christ et de la Salutation angélique, savoir le Pater et l’Ave, et de la méditation des mystères de Jésus et de Marie, c’est sans doute la première prière et la première dévotion des fidèles, qui depuis les apôtres et les disciples a été en usage de siècle en siècle jusqu’à nous. »

Mais à quand remonte le Rosaire, quel est son origine ?

Dans un article intitulé « L’origine du Rosaire », M. Even écrivait :

« Dès les débuts du christianisme, les disciples du Christ suivaient l’exemple et les instructions du Maître. Ils le faisaient dans les termes enseignés par Jésus. Lui-même : le Pater Noster. »

« Après la mort de Marie, les apôtres et les premiers disciples, La sachant au Ciel en corps et en âme, Lui adressèrent aussi leurs prières. Ils aimaient certainement à Lui répéter la belle salutation de l’Archange qui avait ouvert le Nouveau Testament, dont saint Luc avait consigné le texte dans son Evangile. »

« Les prières des premiers chrétiens étaient empruntées beaucoup au Psautier, recueil des 150 psaumes attribués à David, même si certains d’entre eux sont d’autres sources. »

« C’est ainsi, sans doute, que de bonne heure, des dévots de la Vierge eurent l’idée de ce qu’on appela assez longtemps le Psautier de Marie, composé de 150 Ave, dans lequel ils intercalaient le Pater de Jésus, et des acclamations à la Très Sainte Trinité. »

« Mais la forme actuelle du Rosaire remonte à saint Dominique agissant sur les instructions de Marie elle-même. Les 150 Ave furent partagés en 3 parties en l’honneur de la Très Sainte Trinité. Puis, chaque partie en 5 dizaines d’Ave, chaque dizaine précédée d’un Pater et suivie du Gloria à la Très Sainte Trinité. »

« Saint Dominique, né en Espagne, était un grand prédicateur des débuts du XIIIe siècle. A cette époque, des hérétiques, reprenant la vieille hérésie manichéenne, semaient l’erreur et la subversion sociale dans le sud de la France. Saint Dominique commença ses missions à pied, au niveau des gens, mendiant repas et couchers. Ses disciples firent de même. Des conversions eurent lieu. Mais, en somme, ce fut encore très médiocre, devant l’immensité de la tâche et les forces de la perversion. Il manquait quelque chose, et Dominique allait l’apprendre. »

« En 1214, presque découragé à la vue du maigre résultat de tant d’efforts, le prédicateur se retira dans un bois près de Toulouse, se mit en prière et en pénitence, jeûnant, en expiation des offenses faites à Dieu par les pécheurs, les hérétiques et les impénitents.

« Le troisième jour la Très Sainte Vierge lui apparut. Elle lui dit :

“Mon fils Dominique, ne vous étonnez pas de ne pas réussir en vos prédications. Exhortez donc les hommes, dans vos sermons, à réciter mon psautier (Rosaire), et vous en recueillerez de grands fruits pour les âmes.”

« C’est ce que fit dès lors Dominique, et les résultats furent vite considérables. Il y eut bien la vingtaine d’années de guerre de la croisade des Albigeois, qui fit beaucoup de massacres des deux côtés des belligérants, attisa beaucoup de braises, mêla beaucoup d’injustices à une cause juste. Mais ce fut le Rosaire et non les armes qui convertit les âmes. Saint Dominique mourut en 1221, mais il laissa son Ordre des Dominicains bien établi, pour continuer son œuvre. »

« Le Rosaire s’était beaucoup répandu. Mais, comme il arrive souvent, la négligence revient quand les grandes épreuves sont passées, Il fallut la grande peste de 1349, qui ravagea tous les royaumes d’Europe, pour ramener les foules à se retourner vers Dieu et à reprendre le psautier de Jésus et de Marie. »

« Au siècle suivant, en 1460, la Sainte Vierge Marie apparut au bienheureux Alain de la Roche, de l’Ordre de S. Dominique, insistant de nouveau sur la récitation de son psautier. Ce qu’il fit, et c’est alors que la voix publique donna à cette prière le nom de Rosaire, qui signifie Couronne de roses. Une couronne, composée, au complet, de 153 roses blanches (Ave) et 16 roses rouges (Pater) toutes venant du Paradis. Et dans des révélations ultérieures, Marie elle-même a confirmé ce nom. » (Fin de l’article de M. Even)

Les mystères du Rosaire

Les mystères Joyeux. A réciter le lundi et le jeudi si on ne médite qu’un chapelet dans la journée.

L’Annonciation (Luc 1, 26-38)
Fruit du mystère : l’esprit d’humilité
Réciter le Notre Père et 10 Je vous salue Marie, le Gloire au Père, puis Ô mon Jésus et enfin :
Grâces du mystère de l’Annonciation, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment humbles.

La Visitation (Luc 1, 39-56)
Fruit du mystère : la charité fraternelle
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de la Visitation descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment charitables.

La Nativité (Luc 2, 1-21)
Fruit du mystère : l’esprit de pauvreté
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de la Nativité descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment pauvres en esprit.

La Présentation de Jésus au Temple et la Purification de Marie (Luc 2, 22-40)
Fruit du mystère : l’esprit de pureté et d’obéissance
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de la Présentation de Jésus au Temple descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment pures et obéissantes.

Le Recouvrement de Jésus au Temple (Luc 2, 41-51)
Fruit du mystère : la recherche de Dieu en toute chose
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère du Recouvrement de Jésus au Temple, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment sages.

Les mystères Douloureux. A réciter le mardi et le vendredi

L’Agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers (Luc 22, 39-46 ; Mt 26, 36-56 ; Mc 14, 32-52 ; Jn 18, 1-11)
Fruit du mystère : la contrition de nos péchés
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de l’Agonie de Jésus, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment contrites.

La Flagellation (Mt 27, 26 ; Mc 15, 15 ; Jn 19, 1)
Fruit du mystère : La mortification de notre corps et de nos sens
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de la Flagellation, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment mortifiées.

Le Couronnement d’épines (Mt 27, 27-31 ; Mc 15, 16-20)
Fruit du mystère : La mortification de notre orgueil et de notre amour-propre
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère du Couronnement d’épines, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment contraires au monde.

Le Portement de Croix (Luc 23, 26-30 ; Mt 27, 32)
Fruit du mystère : La patience dans les épreuves
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère du Portement de Croix, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment patientes.

La Crucifixion et la mort ignominieuse de Jésus sur la Croix (Luc 23, 33-44 ; Mt 27, 33-56 ; Mc 15, 21-41 ; Jn 19, 17-37)
Fruit du mystère : Le don de soi à l’œuvre de la Rédemption
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de la Crucifixion, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment saintes.

Les mystères Glorieux. A réciter le mercredi, le samedi et le dimanche

La Résurrection (Luc 24, 1-12 ; Mt 2, 5-8 ; Mc 16, 5-4)
Fruit du mystère : La foi
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de la Résurrection, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment fidèles.

L’Ascension de Notre-Seigneur (Luc 24, 50-53 ; Mc 16, 19-20 ; Act 1, 4-11)
Fruit du mystère : L’espérance et le désir du Ciel
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de l’Ascension, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment célestes.

La descente du Saint-Esprit sur les apôtres (Act 2, 1-13)
Fruit du mystère : La charité du zèle apostolique
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de la Pentecôte, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment zélées.

L’Assomption de la Très Sainte Vierge (Apc 12, 14-16)
Fruit du mystère : La grâce d’une bonne mort
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère de l’Assomption, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment persévérantes jusqu’à la mort.

Le Couronnement de la Sainte Vierge au Ciel (Apc 12, 1-3)
Fruit du mystère : Une plus grande dévotion envers la sainte Vierge
Pater, Ave, Gloria, ô mon Jésus
Grâces du mystère du Couronnement de la Sainte Vierge, descendez dans nos âmes et rendez-les vraiment dévotes à Marie.

A la fin du chapelet ou du Rosaire, le chrétien récite les prières demandées à Fatima par la Vierge Marie :

« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne Vous aiment pas. »

« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, présents dans tous les tabernacles de la Terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Cœur et ceux du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »

Le Rosaire commence par le signe de la Croix.

Le chrétien se signe en portant la main droite au front en disant : « Au nom du Père » ; puis sur la poitrine, disant : « et du Fils » ; ensuite à l’épaule gauche et à l’épaule droite, disant : « et du Saint-Esprit » ; enfin il dit : « Ainsi soit-il » puis il récite le Credo. (Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant, d’où Il viendra juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen.)

Sur le premier grain, le chrétien dit le Notre Père. (Notre Père, qui êtes aux cieux, Que votre nom soit sanctifié, Que votre règne arrive, Que votre volonté soit faite Sur la terre comme au ciel. Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonnez-nous nos offenses, Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation. Mais délivrez-nous du mal. Amen.)

Sur chacun des trois grains suivants : un Je vous salue Marie (Je vous salue, Marie pleine de grâce ; Le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, Priez pour nous, pauvres pécheurs, Maintenant, et à l’heure de notre mort. Amen.)

L’introduction aux Mystères se termine par un Gloria (Gloire au Père, au Fils, Et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.)

Si on dit le Rosaire entier (trois chapelets) dans la journée on ne répète pas cette introduction.

Puis vient la méditation (contemplation) des trois séries de mystères : joyeux, douloureux et glorieux, qui constituent les trois chapelets dont est formé le Rosaire. Chaque chapelet est constitué de cinq mystères qu’on médite en cinq dizaines. On appelle ainsi les dizaines parce qu’on y récite une fois le Notre Père suivi de dix Je vous salue Marie. La prière du Gloire au Père achève la dizaine.

Il faut donc cinq dizaines pour faire un chapelet, trois chapelets pour faire un rosaire.

Après chaque dizaine, dire l’invocation demandée par l’ange de Fatima :

Ô ! mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes. Nous vous prions spécialement pour celles qui ont le plus besoin de votre Miséricorde.

Et pour terminer le chapelet si on n’en récite qu’un, ou à la fin du Rosaire :

Seigneur, donnez-nous des prêtres !
Seigneur, donnez-nous de saints prêtres !
Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres !
Seigneur, donnez-nous beaucoup de saintes vocations religieuses !

On termine avec le signe de la Croix.

(A suivre avec les mystères du Rosaire)

Fatima : 13 octobre 1917, le miracle du Soleil

Soixante-dix mille personnes étaient présentes et seront témoins du grand miracle.

Il était à peu près 1 heure de l’après-midi et il pleuvait.

« Nous étions parvenus à la Cova da Iria, près du chêne-vert, raconte Lucie, quand je me sentis poussée par un mouvement intérieur, et demandai à la foule de fermer les parapluies pour réciter le chapelet. »

Du haut de la route, abrités dans leurs voitures, tous ceux qui n’avaient pas eu le courage de s’aventurer dans le bourbier argileux de la Cova assistèrent alors à un spectacle stupéfiant :

« À un moment donné, nota l’un d’eux, cette masse confuse et compacte ferma les parapluies, se découvrant ainsi dans un geste qui devait être d’humilité ou de respect, mais qui me laissa surpris et plein d’admiration, car la pluie, avec obstination, mouillait toujours les têtes, détrempait et inondait tout. »

Cependant, quelques minutes avant le miracle, il cessa de pleuvoir. Le soleil perça victorieusement l’épaisse couche de nuages qui le cachait jusque-là, et brilla intensément.

Il était 13h30 lorsque les trois enfants virent l’éclair, et Lucie s’écria :

« Silence ! Silence ! Notre-Dame va venir ! Notre-Dame va venir ! »

Maria Rosa, qui avait réussi à rester là, toute proche, n’oublia pas de donner à son enfant un conseil maternel :

« Regarde bien, ma fille. Prends garde de ne pas te tromper ! »

Mais Notre-Dame apparaissait déjà au-dessus du chêne-vert, posant ses pieds sur les rubans de soie et les fleurs, pieusement disposés la veille par la fidèle Maria Carreira.

Alors, le visage de Lucie devint de plus en plus beau et prit une teinte rose ; ses lèvres s’amincirent. Jacinthe, dans un geste de sainte impatience, donna un coup de coude à sa cousine et lui dit :

« Parle, Lucie, Notre-Dame est déjà là ! »

Lucie revint à elle-même, respira deux fois profondément, comme quelqu’un qui n’avait plus le souffle, et commença son entretien, d’une politesse toujours aussi exquise, avec Notre-Dame.

« Que veut de moi Votre Grâce ?

– Je veux te dire que l’on fasse ici une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux.

– J’avais beaucoup de choses à vous demander : de guérir quelques malades et de convertir quelques pécheurs, etc.

– Les uns oui, les autres non. Il faut qu’ils se corrigent, qu’ils demandent pardon pour leurs péchés.

Et, prenant un air plus triste :

– Que l’on n’offense pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, car Il est déjà trop offensé !

– Vous ne voulez rien de plus de moi ?

– Non, je ne veux rien de plus de toi.

– Alors, moi, je ne demande rien non plus. “


Comme le 13 septembre, pendant que Notre-Dame s’entretenait avec Lucie, la foule put voir par trois fois se former autour du chêne-vert la même nuée qui s’élevait ensuite dans l’air avant de se dissiper.

Puis Lucie cria :

« Regardez le soleil ! »

« Ouvrant alors les mains, raconte Lucie, Notre-Dame les fit se réfléchir sur le soleil et, pendant qu’Elle s’élevait, le reflet de sa propre lumière continuait à se projeter sur le soleil. »
« Ce fut alors que l’on put regarder parfaitement le soleil, rapporte le père de Jacinthe et de François, sans en être incommodé. On aurait dit qu’il s’éteignait et se rallumait, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre. Il lançait des faisceaux de lumière, de-ci, de-là, et peignait tout de différentes couleurs : les arbres, les gens, le sol, l’air. Mais la grande preuve du miracle était que le soleil ne faisait pas mal aux yeux. »

Nul n’aurait pu imaginer ce qui survint alors : le soleil eut quelques secousses puis se mit à tourner sur lui-même.

« Tout le monde demeurait immobile. Tout le monde se taisait… Tous regardaient le ciel. À un certain moment, le soleil s’arrêta, et puis recommença à danser, à tournoyer ; il s’arrêta encore une fois, et se remit encore une fois à danser, jusqu’au moment, enfin, où il parut se détacher du ciel et s’avancer sur nous. Ce fut un instant terrible ! »

Maria Carreira décrit dans les mêmes termes la stupéfiante chute du soleil :

« Il produisait différentes couleurs : jaune, bleu, blanc ; et il tremblait, tremblait tellement ! il semblait une roue de feu qui allait tomber sur la foule. On criait : “ Ô Jésus ! nous allons tous mourir ! ” “ Ô Jésus ! nous mourons tous ! ” D’autres s’écriaient : “ Notre-Dame, au secours ! ” Et ils récitaient l’acte de contrition. Il y avait même une dame qui faisait sa confession générale, et disait à haute voix : “ J’ai fait ceci, j’ai fait cela… et cela encore ! ”

« Finalement, le soleil s’arrêta, et tous poussèrent un soupir de soulagement. Nous étions vivants, et le miracle annoncé par les enfants avait eu lieu. »

La promesse de Notre-Dame s’était réalisée à la lettre. Tous avaient vu. Maria Rosa aussi ! Son témoignage fut donc d’autant plus probant que son opposition avait été, depuis le début, tenace et systématique.

« Maintenant, déclarait-elle, on ne peut pas ne pas y croire ; car le soleil, personne ne peut y toucher. »

Durant les dix minutes où la foule put contempler le grandiose miracle cosmique, les trois voyants jouissaient d’un spectacle différent. La Vierge Marie réalisait pour eux ses promesses du 19 août et du 13 septembre. Il leur fut donné d’admirer, en plein ciel, trois tableaux successifs.

Écoutons Lucie :

« Notre-Dame ayant disparu dans l’immensité du firmament, nous avons vu, à côté du soleil, Saint Joseph avec l’Enfant-Jésus et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l’Enfant-Jésus semblaient bénir le monde avec des gestes qu’ils faisaient de la main en forme de croix. »

« Peu après, cette Apparition ayant cessé, j’ai vu Notre-Seigneur, et Notre-Dame qui me donnait l’impression d’être Notre-Dame des Douleurs. Notre-Seigneur semblait bénir le monde, de la même manière que Saint Joseph. »

« Cette Apparition disparut, et il me sembla voir encore Notre-Dame sous l’aspect de Notre-Dame du Carmel, parce qu’Elle avait quelque chose qui pendait de sa main. » Ce “ quelque chose ” était le scapulaire.

Lorsque le soleil reprit sa place, mais pâle et sans éclat, se produisit un fait inexplicable naturellement. Tous ces gens, qui avaient été trempés par la pluie, se trouvèrent soudain, avec joie et stupéfaction, complètement secs. La Très Sainte Vierge avait ainsi multiplié les merveilles, en Mère attentive et bienfaisante, pour confirmer la vérité des affirmations des enfants.

On remarqua aussi avec étonnement et soulagement que, dans la masse des gens qui empruntèrent des moyens de transport si nombreux et si divers, pas un seul accident ne fut à déplorer ni un seul désordre à enregistrer.

« Alors, raconte le docteur Carlos Mendès, je pris Lucie dans mes bras pour la porter jusqu’à la route. Ainsi, mon épaule fut la première tribune d’où elle a prêché le message que venait de lui confier Notre-Dame du Rosaire.

« Avec un grand enthousiasme et une grande foi, elle criait :

– Faites pénitence ! Faites pénitence ! Notre-Dame veut que vous fassiez pénitence. Si vous faites pénitence, la guerre finira… »

Faire pénitence, en portugais, équivaut à “ se convertir ”, “ revenir à Dieu ”,“ fuir le péché ”, et non “ faire des pénitences, des mortifications ”.

« Elle paraissait inspirée… C’était vraiment impressionnant de l’entendre. Sa voix avait des intonations comme la voix d’un grand prophète. »