Ste Anne : Annonce de la naissance de Marie

Anne-Catherine Emmerich raconte ses visions :

« C’était une des fêtes de la loi, et Joachim, suivi de sainte Anne, s’était rendu à la Ville Sainte. Au milieu de la multitude des chefs de famille qui se pressaient au temple pour présenter leurs offrandes, Joachim apportait également les siennes. Mais quelle que fût la noblesse de sa race, les prêtres les refusèrent devant toute la foule.  Plusieurs autres personnes, venues pour sacrifier, s’y trouvaient déjà, et Joachim fut soumis à une cruelle épreuve. Je vis un prêtre, appelé Ruben, mépriser ses offrandes ; au lieu de les placer avec les autres dans un endroit apparent, derrière les grilles, à droite de la salle, il les mit tout à fait de côté. Il injuria tout haut le pauvre Joachim, à cause de la stérilité de sa femme, ne le laissa pas approcher, et le relégua dans un coin pour lui faire affront.

« Comment le Seigneur les aurait-il pour agréables, dit-il à Joachim, puisqu’il n’a pas daigné féconder votre union, et vous accorder ce qu’il accorde à tant d’autres ? Quel crime l’a irrité contre vous ? »

Joachim savait que sa conscience ne lui reprochait rien, mais il ne chercha pas à se justifier. Soumis à la volonté de Dieu qui les éprouvait, les vieux époux acceptèrent sans murmure ce terrible affront et sortirent du temple.

Saint Joachim partit alors sur une montagne voisine, veillant sur les troupeaux qu’il possédait. Seul, en présence de Dieu, il priait avec ardeur.

Anne, de son côté, se trouvait dans son jardin à Nazareth ; elle s’y était fait comme une solitude et, elle y renouvelait ses supplications.

Souvent Anne pleurait la face contre terre, parce qu’elle ne savait pas où était son mari, qui resta caché pendant cinq mois entiers auprès de ses troupeaux de l’Hermon.
Vers la fin de ce temps, un soir, elle jeta sur sa tête un grand drap, dans lequel elle s’enveloppa tout entière, et s’en alla vers le grand arbre qui était dans sa cour, et qui formait une cabane de feuillage ; elle alluma une lampe qui était suspendue à l’arbre dans une espèce de boite, et lut des prières écrites sur un rouleau. Cet arbre était très grand et on y avait installé des sièges. Anne, étant sous cet arbre, cria vers Dieu pendant longtemps, le suppliant, puisqu’il lui avait ôté la fécondité, de ne pas tenir en outre éloigné d’elle son pieux époux Joachim.

Et voilà qu’un ange du ciel lui apparut : il descendit devant elle comme du haut de l’arbre et lui dit qu’elle devait se consoler, parce que le Seigneur avait exaucé sa prière ; il lui prescrivit de partir le lendemain pour le temple avec deux servantes, et de prendre avec elle des colombes pour le sacrifice. Il ajouta que la prière de Joachim était également exaucée, qu’il se rendrait de son côté au temple avec son offrande, et qu’ils se rencontreraient sous la porte dorée : le sacrifice de Joachim serait accepté, tous deux seraient bénis et elle allait bientôt connaître le nom de son enfant. Il lui dit encore qu’il avait porté à son époux un message semblable, et disparut.
Anne, pleine de joie, rendit grâce au Dieu de miséricorde. Elle rentra alors dans sa maison et prit avec ses servantes les dispositions nécessaires pour pouvoir se mettre en route le lendemain. Je la vis ensuite se coucher pour dormir, après avoir prié. »

Tout à coup, le futur messager de l’Incarnation, celui qui avait fixé à Daniel les soixante-dix semaines d’années après lesquelles viendrait le Christ, l’archange Gabriel, qui annoncera aussi Jean-Baptiste, apparut à Joachim. Il lui dit de la part de Dieu que ses prières avaient été exaucées, lui apprit la naissance d’une fille qui s’appellerait Marie, objet de la prédilection de Dieu et de la vénération des anges.

Tel est le récit de la tradition.

(A suivre)