Pontmain, c’est un hameau d’une quinzaine de maisons et de moins de cent habitants, à 50 kms au nord de Laval. En 1870, 38 hommes de Pontmain, sont mobilisés pour la guerre contre la Prusse. Avant leur départ, leur curé qui croit fortement en la protection de la Vierge Marie, les bénit et les consacre à la Sainte Vierge, les assurant qu’ils rentreront tous au pays.
Le 17 janvier 1871, vers midi et demi, la terre tremble, ce qui impressionne fortement tous les habitants, surtout en cette période troublée. Chacun vit dans l’angoisse et dans la peur car on est sans nouvelles des 38 hommes partis depuis septembre dernier. Et puis il y a une épidémie de typhoïde qui commence à reprendre. Et la variole qui se répand.
Malgré tout, on prie avec ferveur. Car il en est ainsi à Pontmain. Depuis l’arrivée du curé, l’abbé Michel Guérin, dans chaque famille, on prie le chapelet tous les jours, et on se retrouve de bonne heure, chaque matin à la messe.
Ce soir-là, deux enfants, Eugène (12 ans) et Joseph (10 ans) Barbedette aident César, leur père. Eugène sort de la grange pour voir le temps qu’il fait dehors.
Et voilà que, en plein ciel, au-dessus de la maison d’en face, il voit une « Belle Dame » qui tend les bras comme dans un geste d’accueil et qui lui sourit. Elle est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or (comme la voûte de l’église peinte ainsi en 1860). Sur la tête, elle a un voile noir surmonté d’une couronne d’or avec un liseré rouge au milieu. Aux pieds, elle porte des chaussons bleus avec une boucle d’or. Elle est au milieu d’un triangle formé de trois grosses étoiles. L’enfant sourit à la « Belle Dame ». Ce sourire sera le seul dialogue car, de toute l’apparition, la « Belle Dame » ne dira pas un seul mot.
Le jeune frère Joseph, venu à la porte, voit lui aussi la « Belle Dame ». La nouvelle se répand dans le village et plusieurs accourent mais les grandes personnes ne voient rien sinon trois étoiles inhabituelles. Certains jeunes enfants s’extasient car ils voient eux aussi « la Belle Dame ». L’abbé Guérin arrive au milieu de ses paroissiens.
On commence à parler, à discuter et la « Belle Dame » devient triste, comme le dit Eugène. « Prions » ajoute M. le curé, il sort son chapelet. Aussitôt, la Dame sourit à nouveau.
Après le chapelet, tous chantent le Magnificat. Des lettres commencent alors à s’écrire, en majuscule, couleur d’or, dans le ciel. Le mot MAIS apparait suivi du mot PRIEZ. Le message continue de s’écrire lettres après lettres. A la fin des litanies que l’on chante après le Magnificat, les enfants peuvent lire une première ligne :
« Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. »
Puis, des lettres commencent une seconde ligne : MON FILS. Alors c’est un cri de joie général : « C’est Elle ! C’est bien Elle ! C’est la Sainte Vierge ! » Jusque-là, on pensait que ce pouvait être Elle. Mais maintenant, on en est sûr. C’est bien écrit : MON FILS. Pendant que l’on chante le Salve Regina, le message continue :
« Mon fils se laisse toucher »
Il n’y a pas de point final mais cette deuxième ligne est soulignée par un gros trait d’or comme les lettres. « Chantons notre cantique à Marie » dit alors M. le curé et les paroles s’élèvent joyeuses vers le ciel, alors que le dimanche d’avant, on l’avait chanté la gorge serrée : « Mère de l’Espérance dont le nom est si doux, Protégez notre France. Priez, priez pour nous. »
Suit un autre cantique « Mon doux Jésus ». Les enfants, joyeux jusque-là, deviennent subitement tout tristes. C’est que la Vierge elle aussi est devenue toute triste. Elle ne pleure pas mais un frémissement au coin des lèvres marque l’intensité de sa douleur. « Jamais on n’a vu une pareille tristesse sur un visage humain » disent les enfants. Joseph Barbedette déclarera : « J’ai vu ma mère abîmée dans la douleur lorsque, quelques mois plus tard, mon père fut frappé par la mort. On sait ce qu’un tel spectacle dit au cœur d’un enfant ! et pourtant, je m’en souviens, la tristesse de ma mère ne me parut rien en comparaison de la tristesse de la très sainte Vierge qui me revenait naturellement à l’esprit. C’était bien la Mère de Jésus au pied de la croix de son Fils. »
Un sourire « plus grave » revient sur ses lèvres et une petite croix blanche apparaît sur chacune de ses épaules. Il est 20 H 30.
« Mes chers amis, dit M. le curé, nous allons faire tous ensemble la prière du soir ». Tout le monde se met à genoux, là où il est, certains dans la neige, d’autres dans la grange pour ceux qui ont voulu s’abriter du froid glacial.
« Voyez-vous encore ? » demande M. le curé. « Non, M. le curé, tout a disparu, c’est tout fini ! ». Il est près de 21 H 00. Chacun rentre chez soi, le cœur en paix. Toute crainte, toute peur s’en est allée.
Les Prussiens qui devaient prendre Laval ce soir-là n’y sont pas entrés. Le lendemain, ils se sont repliés. L’armistice est signé le 25 janvier. Les 38 jeunes de Pontmain reviennent tous sains et saufs.
Voici quelques extraits de « L’Apparition de la Très Sainte Vierge sur la montagne de la Salette le 19 septembre 1846 » publiée par la Bergère de la Salette avec l’imprimatur de Mgr l’évêque de Lecce.
« Le 18 septembre, veille de la sainte Apparition de la Sainte Vierge, j’étais seule, comme à mon ordinaire, à garder les quatre vaches de mes maîtres. Vers les 11 heures du matin, je vis venir auprès de moi un petit garçon. À cette vue, je m’effrayai parce qu’il me semblait que tout le monde devait savoir que je fuyais toutes sortes de compagnies.
Cet enfant s’approcha de moi et me dit : « Petite, je viens avec toi, je suis Maximin, je suis de Corps ». À ces paroles, mon mauvais naturel se fit bientôt voir, et, faisant quelques pas en arrière, je lui dis : « Je ne veux personne, je veux rester seule ». Puis, je m’éloignais, mais cet enfant me suivait en me disant : « Va, laisse-moi avec toi, mon maître m’a dit de venir garder mes vaches avec les tiennes ; je suis de Corps ». Moi, je m’éloignai de lui en lui faisant signe que je ne voulais personne ; et après m’être éloignée, je m’assis sur le gazon. Là, je faisais ma conversation avec les petites fleurs du Bon Dieu.
Un moment après, je regarde derrière moi et je trouve Maximin assis tout près de moi. Il me dit aussitôt : « Garde-moi, je serai bien sage ». Mais mon mauvais naturel n’entendit pas raison. Je me relève avec précipitation et je m’enfuis un peu plus loin sans rien lui dire, et je me remis à jouer avec les fleurs du Bon Dieu. Un instant après, Maximin était encore là à me dire qu’il serait bien sage, qu’il ne parlerait pas, qu’il s’ennuierait d’être tout seul, et que son maître l’envoyait auprès de moi, etc… Cette fois, j’en eus pitié, je lui fis signe de s’asseoir, et moi, je continuai avec les petites fleurs du Bon Dieu.
Maximin ne tarda pas à rompre le silence, il se mit à rire, (je crois qu’il se moquait de moi) ; je le regarde et il me dit : « Amusons-nous, faisons un jeu. » Je ne lui répondis rien, car j’étais si ignorante que je ne comprenais rien au jeu avec une autre personne, ayant toujours été seule. Je m’amusais seule avec les fleurs et Maximin, s’approchant tout à fait de moi, ne faisait que rire en me disant que les fleurs n’avaient pas d’oreilles pour m’entendre, et que nous devions jouer ensemble. Mais je n’avais aucune inclination pour le jeu qu’il me disait de faire.
Cependant, je me mis à lui parler et il me dit que les dix jours qu’il devait passer avec son maître allaient bientôt finir, et qu’ensuite il s’en irait à Corps chez son père, etc… Tandis qu’il me parlait, la cloche de la Salette se fit entendre, c’était l’Angelus : je fis signe à Maximin d’élever son âme à Dieu. Il se découvrit la tête et garda un moment le silence.
Ensuite, je lui dis : « Veux-tu dîner ? – Oui, me dit-il. Allons ». Nous nous assîmes ; je sortis de mon sac les provisions que m’avaient données mes maîtres, et selon mon habitude, avant d’entamer mon petit pain rond avec la pointe de mon couteau, je fis une croix sur mon pain, et au milieu un tout petit trou, en disant : « Si le diable y est, qu’il en sorte, et si le Bon Dieu y est, qu’il y reste » et vite, vite, je recouvris le petit trou. Maximin partit d’un grand éclat de rire et donna un coup de pied à mon pain qui s’échappa de mes mains, roula jusqu’au bas de la montagne et se perdit.
J’avais un autre morceau de pain, nous le mangeâmes ensemble ; ensuite nous fîmes un jeu ; puis comprenant que Maximin devait avoir besoin de manger plus, je lui indiquai un endroit de la montagne couvert de petits fruits. Je l’engageai à aller en manger, ce qu’il fit aussitôt ; il en mangea et en rapporta plein son chapeau. Le soir nous descendîmes ensemble de la montagne, et nous nous promîmes de revenir garder nos vaches ensemble. »
« Mon père était natif de Corps, chef-lieu de canton du département de l’Isère, et s’appelait Pierre Calvat. Il était simple maçon et scieur de long, mais bon chrétien. Mes parents habitaient Corps ; ils étaient très pauvres ; et mon père étant obligé de travailler au loin pour nourrir sa famille passait souvent des mois entiers dehors. Ce fut en partie pour cela que je fus mise à servir chez des patrons aussitôt que je pus travailler, avant l’âge de sept ans.
Mes parents eurent dix enfants, six garçons et quatre filles. Ils eurent d’abord une fille qui mourut peu de temps après sa naissance. Ils eurent ensuite deux garçons dans l’espace de quatre ans. Ma mère, à qui le temps durait beaucoup dans ce pays, désirait fort d’avoir une petite fille pour lui tenir compagnie quand elle sortait ; enfin elle l’obtint : je naquis le 7 novembre 1831. Elle me donna au Saint Baptême les noms de Françoise-Mélanie. Elle m’aimait beaucoup, mais ce ne fut pas de longue durée. Mes méchancetés, les continuels déplaisirs que je lui donnais furent cause de quelques troubles dans la maison. Oh ! comme je suis et j’ai été mauvaise ! Il aurait fallu la patience des anges pour me supporter.
Par nature ma mère était très gaie ; elle aimait les divertissements, les danses, les comédies ; et elle était toujours des premières à toutes les fêtes du pays. Dès que j’eus cinq ou six mois, elle voulut me porter dans les soirées où il y avait des amusements ; mais je criais, je pleurais et déchirais ses habits.
Mon père était plus sérieux, il était aimé de tout le pays ; il aimait le travail et tous ses enfants également. Souvent il nous exhortait à vivre dans la sainte crainte de Dieu, à être honnêtes et dociles. Il ne manquait jamais, chaque fois qu’il se trouvait dans la famille, de nous faire faire notre prière avant de nous mettre au lit ; et comme j’étais trop jeune encore pour me tenir à genoux, il m’asseyait sur ses genoux et m’apprenait à faire le signe de la sainte croix, puis me mettait un crucifix dans les mains, me parlait du bon Dieu et expliquait à sa manière le grand mystère de la Rédemption, le Christ qui avait voulu tant souffrir et puis mourir pour nous ouvrir la porte du Paradis. Ces paroles me plaisaient beaucoup ; j’étais, à ce qu’il paraît, très sensible, j’aimais le Christ, je pleurais, je le regardais avec affection, je lui parlais, je le questionnais, je n’avais pas de réponse et, dans mon ignorance, je voulais imiter son silence. Toutes ces choses de ma première enfance, je les sus pour les avoir entendu dire par les voisins et par ma mère à qui je fus toujours une croix.
Je me rappelle que chaque fois qu’elle me portait à des fêtes, à des comédies, aussitôt que je voyais la foule, je pleurais et me cachais la figure sur ses épaules tout en continuant de pleurer très fort, de sorte que j’empêchais les assistants d’entendre ce qui se disait et ma mère devait me porter dehors. Quelle grande patience elle a eue avec moi qui ne lui donnais que des ennuis ! Arrivée à la maison, elle me demandait pourquoi je pleurais ; je lui répondais brièvement que j’avais peur et que je préférais rester ici avec le crucifix de mon père. À cela elle me grondait, me demandant si moi aussi je voulais être bigote comme ma tante (sœur de mon père). Je ne lui répondais pas et je ne me corrigeais pas non plus. Elle se plaignait avec les voisines de mon caractère. Celles-ci lui conseillèrent de me conduire souvent dans les assemblées pour m’habituer à voir le monde et à parler. Ainsi fut fait, mais mon naturel sauvage résista à toutes les tentatives. Je ne parlais qu’avec mon père ; quand il me disait que c’étaient nos péchés qui avaient fait mourir Notre-Seigneur Jésus-Christ, je lui disais : « Oh !… jamais je ne veux faire des péchés puisque ça a tant fait souffrir mon bon Dieu. Oh !… pauvre bon Dieu, je veux toujours penser à vous et ne veux jamais vous déplaire. Quand je pourrai marcher toute seule, je ferai comme vous avez fait, j’irai dans la solitude, je penserai à vous ; et puis, quand je serai grande, j’irai dire aux méchants hommes et aux méchantes femmes : Faites-moi mourir sur une croix pour que j’efface vos péchés, autrement vous n’irez jamais en paradis. » Ces paroles achevaient d’exaspérer ma mère ; elle ne pouvait plus me voir devant ses yeux ; au lieu d’être sa consolation, j’étais l’objet de toutes ses peines ; elle me surnomma la muette : « Je défends, dit-elle, à mes deux enfants de l’appeler par son nom ; je défends qu’on lui donne à manger et je défends qu’on fasse attention à elle ; ne la tenez plus, laissez-la par terre ; puisqu’elle veut faire tout ce que Dieu a fait, qu’elle le fasse : Dieu n’a pas eu besoin qu’on lui apprît à marcher ni qu’on le tînt lorsqu’il était petit. Dieu a couché par terre il a même demandé son pain, mais je lui défends de demander soit à présent soit plustard, quoi que ce soit. » Je me traînais donc comme je pouvais sur les mains et sur les genoux, et je passais les journées et quelquefois les nuits entières dans un coin ou sous un lit. Là je pensais à l’enfant Jésus et à la Sainte Vierge, et aux souffrances de Notre-Seigneur. Plusieurs mois s’écoulèrent ainsi. Enfin ma mère ennuyée de me voir rester sous un lit dans une chambre, toute seule, je méritai le châtiment d’être chassée de la maison, le soir.
Vers le matin, je voulus rentrer auprès de ma chère mère, et, par un Juste Jugement de Dieu, je fus renvoyée comme incorrigible et obstinée. Ne sachant où aller, je pris le chemin qui aboutissait à un bois qui est à quelques minutes de la maison. Je rencontrai ma tante qui me demanda où j’allais. Avec la main je lui fis signe que j’allais dans ce bois. Elle me donna la main et me conduisit chez elle. J’avais alors environ trois ans.
J’aimais beaucoup mes chers parents et en général toutes les personnes que je connaissais. Il me semblait sentir en moi comme un besoin d’aimer et d’être aimée par les créatures du bon Dieu. Maintenant, par la grâce de Dieu, je reconnais la bonté, la miséricorde du Très-Haut sur moi mesquine créature, et que ce fut Dieu qui permit que je ne fusse jamais caressée ni embrassée par ma chère mère.
Après environ trois jours, ma tante me conduisit chez mes parents ; et dès que mon père revint de son travail, le dimanche, elle lui parla. Il paraît qu’entre les plaintes qu’elle lui fit, elle dit qu’on me faisait souffrir de la faim. Je m’aperçus que ma chère mère était triste, affligée, peinée. Parmi tant de défauts j’avais celui d’être très sensible pour les chagrins d’autrui. La voyant triste, je voulus la consoler. Je mis une chaise près de la sienne afin d’y monter pour l’embrasser ; elle me repoussa. Je pleurais de ne pouvoir me satisfaire ; alors mon père m’embrassait et me donnait le Christ, seul objet de piété qu’il y eût dans la maison.
Avec le Christ en main j’étais contente : je regardais, j’embrassais notre doux Sauveur crucifié pour nous et des larmes coulaient de mes yeux. Je pensais à ce que m’avaient dit mon père et ma tante, que chaque fois qu’on pêche on crucifie de nouveau notre divin Rédempteur.
Mais je ne m’amendais pas, je ne me corrigeais pas de mes nombreux défauts. Chaque fois que ma mère me portait dans quelque société, je lui donnais du déplaisir par mes pleurs et mes cris, de sorte qu’elle devait toujours faire retour à la maison. Mes méchancetés étaient continuelles. Une fois surtout, je fus très impertinente. Il y avait une très belle représentation et je ne faisais que crier et pleurer, je me tordais dans les bras de ma chère mère pour qu’elle me mît à terre et m’enfuir à la maison, de sorte qu’une des personnes de la scène dit à haute voix de faire sortir cette enfant. Arrivées à la maison, ma pauvre mère très fâchée me dit que je n’étais pas sa fille, que ses enfants avaient tous de très bons caractères, que par charité elle m’avait gardée chez elle, mais que l’heure était venue de se débarrasser de moi, que je pouvais aller où il me plairait. Elle dit à mes frères que je n’appartenais pas à la famille, que je n’étais pas la sœur de mes frères et qu’ils ne devaient plus m’appeler Mélanie, que mon vrai nom était « muette, louve, sauvage, solitaire » que je devais aller avec les animaux qui vivent dans les bois ; et elle me défendit de l’appeler maman, et d’appeler mon père (qui était absent) papa. Voyant son affliction, je pleurais et je voulais l’embrasser pour la consoler ; elle me repoussa en m’ordonnant de m’en aller, me prit par le bras et, ouvrant la porte me mit dehors en me défendant de revenir.
L’apparition de la Sainte Vierge à Mélanie Calvat à La Salette eut lieu le 19 septembre 1846. Cette apparition m’a donné envie de commencer à vous parler de certaines apparitions et prophéties qui semblent bien correspondre aux temps que nous vivons.
Tout d’abord Mélanie Calvat
Elle naquit à Corps (Isère), le 7 novembre 1831. Son père, Pierre Calvat, homme respecté des gens du pays, inculqua au cœur de sa fille une grande compassion pour Jésus crucifié ; mais le travail manquant dans le village, il devait s’absenter souvent pour trouver ailleurs de quoi subvenir aux besoins de la famille.
Sa mère, Julie Barnaud, frivole et négligente de ses devoirs au foyer, aurait voulu entraîner sa fille encore bébé aux danses et divertissements du village. Mais Dieu avait prédisposé cette enfant à une aversion innée pour toutes les vanités mondaines ; les cris et les larmes de Mélanie forçaient sa mère à la ramener à la maison. Sa mère se mit à détester sa fille et la chassa de la maison à plusieurs reprises, la pauvre errante trouva sa consolation en Jésus, caché sous les traits d’un aimable enfant Se nommant son frère, Celui-ci se fit son compagnon dans la solitude des champs et des forêts, la dirigeant jusqu’aux sommets de la vie mystique.
Dès que l’enfant fut en âge, sa mère l’envoya en service comme bergère chez divers maîtres des régions avoisinantes. Ce fut ainsi qu’elle se trouva sur la montagne de La Salette, en compagnie de Maximin Giraud, où la Reine du ciel leur apparut en pleurs, le 19 septembre 1846. Elle confia aux deux jeunes bergers un message public ; puis à Maximin seul, un secret ; ensuite à Mélanie un message qu’elle pourrait publier en 1858, ainsi que la Règle qui devait être pratiquée par les futurs fils et filles de l’Ordre de la Mère de Dieu. En même temps elle contemplait dans une vision prophétique la vie et les œuvres de ces nouveaux Apôtres.
L’Apparition vint bouleverser le mode de vie de celle qui avait passé ses quatorze premières années dans la retraite, loin du monde. La mission de Mélanie fut des plus pénibles. En transmettant les reproches et les volontés du Ciel, l’héroïque messagère se condamna pour la vie aux constantes et vindicatives persécutions d’un certain clergé, trop imbu de lui-même pour recevoir, par l’intermédiaire de cet humble instrument, les remontrances de la Vierge et répondre à Ses désirs. Calomniée, méprisée, méconnue, Mélanie, sans fléchir, travailla néanmoins jusqu’à la fin de sa vie à la formation de l’Ordre des Apôtres. Plusieurs tentatives de fondation, rapidement réduites à néant par un Épiscopat hostile, nous ont valu cependant une précieuse correspondance dans laquelle la bergère expose, avec une sublime simplicité, l’esprit que la Vierge Marie veut voir régner chez les nouveaux Apôtres. Les persécutions condamnèrent Mélanie à une vie errante pour laquelle elle fut, de surcroît, taxée d’inconstance. Partout où elle passa, elle laissa le parfum exquis de toutes les vertus, se distinguant surtout dans la pratique de l’humilité et de l’amour de la croix. Pour préparer la venue des Apôtres des Derniers Temps, Dieu ne pouvait susciter une âme plus crucifiée, plus oublieuse d’elle-même. La Servante de Dieu écrit : « C’est à l’école du Calvaire que l’on apprend la rare science de l’amour des souffrances et du vrai anéantissement de soi. »
Les derniers mois de sa vie, Mélanie les vécut à Altamura, Italie, sous la protection de Mgr Cecchini. C’est là qu’elle mourut en odeur de sainteté dans la nuit du 14 au 15 décembre 1904.
Cette apparition eut lieu le 8 mai 492, sous le pontificat de Gélase 1°, sur le mont Gargan, aujourd’hui San-Angelo, dans le Royaume de Naples.
Un riche habitant de Siponte avait ses troupeaux sur les flancs du mont Gargano. Un jour, se dérobant à l’œil des bouviers, un taureau disparut. Après bien des recherches, on le retrouva enfin sur la cime la plus escarpée de la montagne, à l’entrée d’une grotte, et les cornes embarrassées dans de fortes lianes.
Furieux contre les obstacles qui le retenaient sur place, l’animal se débattait si violemment que personne ne put l’approcher. Alors on lança vers lui une flèche ; mais, chose étrange, cette flèche se retourna à mi-chemin de sa course, et alla frapper celui qui l’avait tirée. Ce fait extraordinaire remplit d’une telle crainte les bouviers, qu’ils s’éloignèrent immédiatement de la grotte.
Cet évènement émut la ville de Siponte, et l’évêque ordonna des prières publiques. Trois jours après, saint Michel apparut au prélat et lui dit : « Je suis l’archange Michel, un de ceux qui se tiennent sans cesse devant le Seigneur. J’ai choisi ce lieu (le mont Gargan) pour être vénéré sur la terre ; j’en serai le protecteur à jamais. »
L’évêque et les habitants se rendirent en procession jusqu’à la grotte du mont Gargano, le taureau était revenu de lui-même dans son troupeau, et prièrent en l’honneur de l’Archange.
Mis au courant, l’évêque du diocèse, Laurent, décréta trois jours de jeûnes et de prières à l’issue desquels un magnifique cavalier blanc lui apparut : « Je suis l’archange St Michel l’auteur du prodige de la grotte. Désormais, elle sera mon sanctuaire sur cette terre. »
Mais Laurent tarda à diffuser la nouvelle, car des barbares menaçaient Siponte qu’ils assiégèrent. Nouveau jeûne et nouvelles prières. Saint Michel lui apparut à nouveau et lui annonça une victoire éclatante. La bataille s’engagea, et Siponte paraissait vaincue, quand, tout à coup, une formidable secousse ébranla le mont Gargano ; de son sommet, couvert d’une noire vapeur, jaillirent des éclairs et des foudres qui portèrent la terreur et la mort dans le camp ennemi.
Triomphante grâce au secours miraculeux de saint Michel, la ville de Siponte se montra reconnaissante à son puissant protecteur. Elle exécuta aussitôt des travaux gigantesques, afin de pouvoir accéder plus facilement sur le mont Gargano, et sur la grotte naturelle qu’elle fit revêtir intérieurement de marbres précieux, elle bâtit une belle église dont la dédicace solennelle eut lieu le 29 septembre 522, par le pape saint Boniface. Cette basilique souterraine est depuis le rendez-vous de nombreux pèlerinages, et de grands miracles s’y sont opérés par la puissante intercession de saint Michel.
En l’an 708, en France, deuxième apparition en songe de l’archange Michel à saint Aubert, évêque d’Avranches, qui lui demande de construire un sanctuaire en son nom sur le mont Tombe. En 966, une communauté de Bénédictins s’établit et fait construire une première église. À la même époque, un bourg commence à se développer en contrebas pour accueillir les premiers pèlerins.
Les pèlerins étant de plus en plus nombreux, l’église d’origine devient trop petite pour les accueillir. Les bâtisseurs du XIe siècle accomplissent alors une véritable prouesse architecturale : ils édifient quatre cryptes tout autour de la pointe du rocher, puis bâtissent sur ces dernières une grande église abbatiale. Au XIIIe siècle, une donation du roi de France Philippe Auguste à la suite de la conquête de la Normandie permet d’entreprendre l’ensemble gothique de la Merveille. Celui-ci est formé par deux bâtiments de trois étages, couronnés par le cloître et le réfectoire des moines.
Pendant le siège anglais de la Guerre de Cent ans, le chœur roman de l’église abbatiale s’écroule. Il est remplacé à la fin de la guerre par l’actuel chœur gothique flamboyant.
Suite à la Révolution française, les moines doivent abandonner l’abbaye, qui devient une prison d’État. Jusqu’en 1863, 14 000 prisonniers passent dans cette « Bastille des Mers », où marées et sables mouvants rendent impossible toute évasion. Les familles des prisonniers remplacent alors les pèlerins qui fréquentaient jadis les ruelles du village.
En 1863, suite aux demandes des écrivains et artistes romantiques, la prison ferme. L’année suivante, le Service des Monuments Historiques restaure l’édifice et l’ouvre au public. Pour acheminer les touristes, de plus en plus nombreux, une digue-route est construite en 187, remplacée de nos jours par une passerelle.
Le site est miraculeusement épargné lors de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands l’occuperont tout de même entre 1940 et 1944. 1966 marque le millénaire de la fondation de l’abbaye et le retour d’une communauté religieuse qui assure depuis 2001 une présence spirituelle permanente, et accueillent pèlerins et visiteurs du monde entier.