Dernièrement mon fils est allé visiter le Sacré Cœur à Paris, il m’a dit avoir été dérangé dans la récitation de son chapelet par une diffusion constante de musique ! Il apprécie le silence de nos églises et chapelles traditionnalistes qui lui permet de mieux se recueillir. Or, comme par hasard, je tombe quelques jours plus tard sur la transcription d’un sermon de M. l’abbé Patrick de la Roque (prieur de Nice) que je me fais un plaisir de vous transmettre ci-dessous :
» Déjà au VIe siècle avant Jésus-Christ, Sun Tzu l’avait compris. Afin de réduire à néant son ennemi, il invitait à l’abreuver constamment d’informations.
L’épisode est célèbre : convoqué sur le mont Horeb pour y entendre la parole de Dieu, le prophète Élie fut tout d’abord témoin d’un vent fort et violent. Mais Dieu n’était pas dans ce vent. Puis survint un tremblement de terre, mais Dieu n’était pas dans ce tremblement de terre ; de même du feu dévorant apparaissant ensuite. Finalement, un doux murmure apaisé se fit entendre dans le silence : c’était la voix de Dieu (1 R, 19, 11-13). C’est que Dieu se donne dans le silence. Ce trait manifeste à lui seul combien Dieu éprouve de difficultés à se donner dans notre monde d’agitation et de bruit. De ce vacarme de trépidation comme du feu de l’action, il importe de savoir régulièrement sortir, pour qui veut entendre la voix de Dieu et marcher à sa suite. Oui, il importe de savoir souvent franchir les portes du silence : « Quand tu veux prier, entre dans ta chambre et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est présent dans le secret »(Mt 6, 6).
À lire les grands Anciens, depuis Sénèque jusqu’à saint Jacques en son épître, se taire consiste à mettre un garde à sa bouche (Ps 140, 3 ; cf. Pr 13, 3 et 21, 23) : « Si quelqu’un ne pèche pas en parole, c’est un homme parfait […] La langue est un tout petit membre ; mais de quelles grandes choses peut-elle se vanter ! Une étincelle peut embraser une grande forêt !(Jc 3, 2- 6).
« Certes, ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui en sort, car ce qui sort de la bouche vient du cœur » (Mt 15, 11-18). Nos médisances, critiques et calomnies ne nous le disent que trop bien. Néanmoins, rien n’est dans le cœur qui ne soit entré par les yeux. Aussi est-ce à un autre silence qu’il importe de nous habituer en premier lieu : faire taire en nous le bruit du monde. Jamais sans doute ces mêmes Anciens n’auraient imaginé à quel matraquage de bruit nous sommes soumis ; ou plutôt hélas, à quel tapage nous livrons notre esprit. L’argument séducteur est connu : sous prétexte de s’informer, nous voici livrés à toutes les curiosités. Nous avons simplement oublié que la curiosité est un vilain défaut !
Il nous paraît opportun de tout savoir sur tout, et surtout sur chacun. Les potins sont démultipliés par Internet, où l’information des uns rivalise avec la réinformation des autres. Quoiqu’il en soit, toujours le même bruit du monde, la même curiosité ; et l’âme se répand, se vide et s’avilit. Car, ne serait-ce que d’un point de vue naturel, rien n’est plus contraire à la démarche intellectuelle. “Lire à l’intérieur de” réclame en effet d’abstraire, c’est-à-dire de délaisser l’accidentel et le passager, le superficiel et le futile. Or c’est précisément en cette sphère que nous enferme le bruit du monde. Il est destructeur. Déjà au VI° siècle avant Jésus-Christ, Sun Tzu l’avait compris. Afin de réduire à néant son ennemi, il invitait à l’abreuver constamment d’informations. Tout est dit du traitement auquel s’est soumis le fanatique des écrans…
Comment Dieu pourrait-il se faire entendre en une telle auberge espagnole ? Lors du premier avènement de Dieu dans le monde, il est dit que la sainte famille ne trouva pas place dans l’hôtellerie. Certaines traductions sont plus précises : leur place n’était pas dans l’hôtellerie. Au brouhaha de l’auberge, Dieu préféra le silence de la crèche. Tout est dit de l’importance du silence, pour qui veut accueillir Dieu. » Abbé Patrick de la Roque
Le chrétien se signe en portant la main droite au front en disant : « Au nom du Père » ; puis sur la poitrine, disant : « et du Fils » ; ensuite à l’épaule gauche et à l’épaule droite, disant : « et du Saint-Esprit » ; enfin il dit : « Ainsi soit-il » puis il récite le Credo. (Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant, d’où Il viendra juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen.)
Sur le premier grain, le chrétien dit le Notre Père. (Notre Père, qui êtes aux cieux, Que votre nom soit sanctifié, Que votre règne arrive, Que votre volonté soit faite Sur la terre comme au ciel. Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonnez-nous nos offenses, Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation. Mais délivrez-nous du mal. Amen.)
Sur chacun des trois grains suivants : un Je vous salue Marie (Je vous salue, Marie pleine de grâce ; Le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, Priez pour nous, pauvres pécheurs, Maintenant, et à l’heure de notre mort. Amen.)
L’introduction aux Mystères se termine par un Gloria (Gloire au Père, au Fils, Et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.)
Si on dit le Rosaire entier (trois chapelets) dans la journée on ne répète pas cette introduction.
Puis vient la méditation (contemplation) des trois séries de mystères : joyeux, douloureux et glorieux, qui constituent les trois chapelets dont est formé le Rosaire. Chaque chapelet est constitué de cinq mystères qu’on médite en cinq dizaines. On appelle ainsi les dizaines parce qu’on y récite une fois le Notre Père suivi de dix Je vous salue Marie. La prière du Gloire au Père achève la dizaine.
Il faut donc cinq dizaines pour faire un chapelet, trois chapelets pour faire un rosaire.
Après chaque dizaine, dire l’invocation demandée par l’ange de Fatima :
Ô ! mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes. Nous vous prions spécialement pour celles qui ont le plus besoin de votre Miséricorde.
Et pour terminer le chapelet si on n’en récite qu’un, ou à la fin du Rosaire :
Seigneur, donnez-nous des prêtres ! Seigneur, donnez-nous de saints prêtres ! Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres ! Seigneur, donnez-nous beaucoup de saintes vocations religieuses !
Le Rosaire est bien une arme, pacifique et redoutable, arme donnée par Marie, l’Immaculée Conception qui terrassa le serpent et ne connut aucun péché. Ce qui explique la puissance que cette prière a déployée quand la chrétienté était en danger, en particulier contre l’islam, mais aussi face au communisme ou au laïcisme, l’histoire l’a démontré maintes fois :
Au XIIIème siècle, le Rosaire, révélé par Notre Dame à saint Dominique, remportait la victoire sur la secte cathare.
En 1571, le pape saint Pie V mobilisait les Confréries du Rosaire, et l’Islam fut vaincu à Lépante le 7 octobre. Il fut écrasé de la même manière à Vienne en 1683, et à Peterwardin en Hongrie en 1716.
En 1628 à La Rochelle, le Rosaire empêcha le protestantisme de s’emparer de la France. Il fut repoussé des Philippines de la même manière en 1646.
De 1638 à 1854, les catholiques japonais, privés de prêtres par la persécution, gardèrent la foi grâce au Rosaire.
En 1793, le Rosaire suscitait la résistance vendéenne qui sauva le catholicisme en France.
De 1927 à 1929, le Rosaire a soutenu l’insurrection des Cristeros mexicains contre le gouvernement maçonnique persécuteur de l’Église soutenu par les États-Unis.
De 1936 à 1939 en Espagne, en 1955 en Autriche et en 1964 au Brésil, le Rosaire repoussa miraculeusement le communisme.
En 1998 au Portugal, le Rosaire a repoussé victorieusement un projet de loi sur l’avortement demandé par les socialo-communistes.
De nos jours, l’heure est grave, certes, mais évitons gémissements et réactions stériles ! Méditons plutôt ces paroles de Sœur Lucie : « La Très Sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, a donné une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire ; de telle façon qu’il n’y a aucun problème, temporel ou spirituel, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du Saint Rosaire ».
Récitons alors, de fait, le chapelet, sinon le rosaire, tous les jours, en privé, à pied, en voiture, en famille, avec nos voisins, lors de « manifs », gagnons-y notre prochain, inlassablement.
Alors, par cette offensive, une force inexplicable, humainement parlant, fera s’écrouler les espérances insensées des ennemis de la France et des nations chrétiennes.
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort encourage à réciter le chapelet publiquement à deux chœurs. « De toutes les manières de réciter, c’est la plus glorieuse à Dieu, la plus salutaire à l’âme, la plus terrible au diable. (…) Dieu aime les assemblées. (…) Quel bonheur d’avoir Jésus-Christ en sa compagnie ! Pour le posséder, il ne faut que s’assembler pour dire le chapelet. » Ce grand dévot de la Sainte Vierge donne les avantages de la prière en deux chœurs : « L’esprit y est ordinairement plus attentif. Quand on prie en commun, une seule voix s’élève vers le Ciel. Donc si quelqu’un en particulier ne prie pas si bien, un autre dans l’assemblée qui prie mieux, supplée à son défaut. » Ce saint ajoute qu’une personne qui récite son chapelet toute seule n’a le mérite que d’un seul chapelet. Si elle le récite avec trente personnes, elle a le mérite de trente chapelets, selon les lois de la prière commune.
Enfin, le même saint met en garde contre « deux fautes très répandues. La première est de n’avoir aucune intention en récitant le Rosaire. Au contraire, il faut toujours avoir en vue quelque grâce à demander, quelque vertu à imiter, quelque péché à détruire. La deuxième faute est de n’avoir point d’autre intention, en le commençant, que de l’avoir bientôt fini ! Car on regarde le rosaire comme une chose lourde, qui pèse… » Si c’est vraiment le cas, il est utile de demander à la Très Sainte Vierge qu’elle nous donne le goût du chapelet et la facilité de le réciter. Une Mère n’aurait pas demandé de réciter le chapelet tous les jours si cela était si difficile.
Régulièrement nous passons un dimanche après-midi chez l’un ou l’autre des fidèles, et nous nous rendons compte qu’ils récitent le chapelet dans l’après-midi ou en soirée, en famille, agenouillés devant quelques statues ou crucifix. Parfois, ils nous invitent à le faire avec eux. Ils m’en vantent les bienfaits, me disent que l’on en retire de grandes grâces si on le prie chaque jour et, je me laisse convaincre. Je décide de les imiter.
Cette dévotion à Marie me plait, et petit à petit, comme j’ai du temps, je récite chaque jour un chapelet, et de temps en temps deux, et finalement, au bout de quelques mois trois chapelets, soit un Rosaire entier. Je suis heureuse de donner un peu de mon temps à la merveilleuse Mère de Dieu, penser et repenser à sa vie, à ses joies, à ses souffrances, lui confier mes soucis, mes espoirs, m’associer à ce Jésus, son fils, homme et Dieu en même temps, quel mystère !
Parfois Sébastien, quand il vient me voir dans mon studio, se joint à moi. A ce jour, comme nous habitons le même appartement, et ce depuis plus de quatre ans, nous sommes fidèles à dire notre Rosaire tous les jours, généralement en trois fois : les mystères joyeux en fin de matinée, les douloureux après le repas de midi et le dernier, les mystères glorieux après le repas du soir. Et si certains jours nous ne sommes pas ensemble, nous le prions chacun de notre côté.
Le Rosaire avait été institué par saint Dominique au commencement du XIIIe siècle, suite à une apparition de la Vierge qui lui remet un chapelet et lui demande de propager cette dévotion.
En 1570 alors que l’Islam devient toujours plus menaçant, le pape saint Pie V, inquiet des formidables préparatifs du sultan, invite les princes chrétiens à se joindre à la Sainte Ligue de Résistance qu’il organise et leur demande de prier le Rosaire popularisé par son ordre dans le sillage de saint Dominique. Ce 7 octobre, alors qu’il examine des comptes en présence de prélats, « tout à coup, comme mû par une impulsion invincible, il se lève, s’approche d’une fenêtre, l’ouvre, regarde l’Orient, demeure en contemplation, puis se retourne vers ses serviteurs, les yeux brillants encore de l’extase : « Ne nous occupons plus d’affaires, dit-il, mais allons remercier Dieu. L’armée chrétienne vient de remporter la victoire ». Il reçoit la confirmation de cette victoire dans la nuit du 24 octobre ; il ordonna alors que tous les hôtes du Vatican fussent réveillés et le suivissent à sa chapelle afin d’y glorifier la munificence de Dieu. Le lendemain, Rome retentit des volées joyeuses de toutes les cloches, des acclamations enthousiastes de toute la foule et du chant du Te Deum. »
Plus tard, dans les premières années du XVIIIe siècle, parut un homme extraordinaire appelé à bon droit le Dominique des temps modernes, et qui fut le grand propagateur de la dévotion au saint Rosaire ; c’est Saint Louis-Marie Grignon de Monfort, dont j’ai lu la passionnante biographie, (livre de plus de 600 pages écrit par le Père Louis Le Crom, il y consacra plus de dix ans de sa vie).
Depuis saint Dominique, il n’y a pas eu d’homme plus zélé que ce grand missionnaire pour l’établissement de la confrérie du Rosaire : il l’érigeait dans tous les lieux où elle ne l’était pas ; c’est le moyen qu’il jugeait le plus puissant pour établir le règne de Dieu dans les âmes. Il composa lui-même une méthode de récitation du Rosaire, qui est restée la meilleure entre toutes, la plus facile à retenir, la plus instructive et la plus pieuse. Il récitait tous les jours son Rosaire en entier, et le faisait de même réciter publiquement tous les jours dans ses missions.
Son œuvre a continué après lui ; c’est le Rosaire à la main que la Vendée, en 1793, a défendu ses foyers et ses autels ; c’est aussi le Rosaire ou le chapelet à la main que les populations chrétiennes paraissaient dans toutes les cérémonies religieuses jusqu’au début du XXème siècle.
Et, en 1917, à Fatima, la Sainte Vierge exhorte les trois petits enfants (Lucie, François et Jacinthe) à réciter quotidiennement le Chapelet. Les 13 mai, 13 juin, 13 juillet, 19 août, 13 septembre et 13 octobre 1917, à chacune de ses apparitions elle répètera :
« Récitez le Chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre ».