Cette fête nous rappelle la visite de Marie à Sa cousine Élisabeth. Après avoir annoncé à Marie le mystère de l’Incarnation, l’archange Gabriel La prévient que Sa cousine Élisabeth, âgée et jusque-là stérile, sera mère dans trois mois, par un nouveau prodige. Marie ne tarda pas à Se mettre en route pour féliciter l’heureuse mère.
Ce voyage n’eut pour mobile aucun sentiment humain. Marie possédait en Elle, avec Jésus, toutes les richesses et toutes les joies du Ciel ; cela Lui suffisait, et nul besoin n’agitait Son cœur ; mais un devoir de douce charité se présentait à remplir ; Elle voyait, dans l’accomplissement de ce devoir, un exercice de zèle et une occasion de glorifier Dieu. D’ailleurs, le Saint-Esprit La conduisait : la rencontre des deux futures mères, et surtout des deux enfants qu’elles portaient, était dans les desseins providentiels. Aussi Marie Se hâte, Elle S’expose aux fatigues d’un long chemin, Elle gravit les collines et traversent les zones désertiques, et bientôt Elle atteint le terme du voyage.
O merveille ! à peine Marie et Élisabeth sont-elles en présence, que l’enfant d’Élisabeth tressaille dans son sein, et elle-même, saisie de l’esprit prophétique, s’écrie en embrassant Marie : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et béni le Fruit de Votre sein ! » Paroles que l’Église a jointes à l’Ave Maria pour en faire une des plus belles prières chrétiennes ; paroles qui retentiront partout et dans les siècles ! Ainsi, la mission de Jésus commence avant Sa naissance, Il sanctifie Jean-Baptiste dans le sein de Sa mère ; car ce tressaillement qu’il éprouve annonce le Prophète qui devine son Dieu, et le Précurseur qui reconnaît le Sauveur.
Marie, saisie Elle-même par l’Esprit divin, entonne ce beau chant d’action de grâces appelé le Magnificat, qui célèbre dans un langage céleste les merveilles opérées par Dieu en Elle, chant que répéteront sans fin tous les échos du temps et de l’éternité.
Durant trois mois, les paroles et les exemples de Marie firent le charme de la maison qu’Elle visitait. On ignore si Elle quitta Élisabeth avant la naissance de saint Jean-Baptiste. Cependant saint Luc (1, 56) mentionne Son départ avant le récit de l’enfantement d’Élisabeth (1, 57).
De retour à Nazareth, Elle retrouva Sa vie silencieuse et retirée, n’ayant rien perdu de ce trésor de recueillement, de pureté, de vie intérieure qu’Elle savait constamment communiquer autour d’Elle.
Que de leçons pour les chrétiens dans ce mystère ! Leçons de charité et de zèle, de prévenance et d’amabilité ! Leçons de mortification, d’humilité, de sanctification des actions communes et des relations nécessaires avec le monde !
À l’exemple de la mère de Dieu, sachons marquer nos visites par la discrétion, les bons services et des entretiens sains et respectueux.
D’après saint Augustin, l’Église nous dit qu’ordinairement la vie des Saints est célébrée au jour de leur mort, ce qui est, en fait, le jour de leur naissance à la vie éternelle. La Nativité de saint Jean-Baptiste a été exemptée de cette règle générale, parce qu’il fut sanctifié avant de naître, dans le sein de sa mère, lors de la visite que fit la très Sainte Vierge à sainte Élisabeth.
La naissance de saint Jean-Baptiste fut une grande joie pour la terre, puisqu’elle annonçait l’approche de sa Rédemption. Déjà la puissance divine était intervenue d’une manière extraordinaire dans la naissance de quelques prophètes, de Samuel et de Jérémie, par exemple ; mais elle éclata bien davantage dans celle du saint Précurseur. La dignité de son ministère futur et le degré éminent de grâce et de sainteté auquel il était élevé, le rendaient, selon la parole de Jésus-Christ Lui-même, bien supérieur à tous les patriarches et à tous les prophètes.
Le message d’un Ange à Zacharie pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste, la maternité d’Élisabeth à un âge très avancé, le mutisme subit de Zacharie qui avait douté de l’annonce de l’Ange jusqu’à la Circoncision de l’enfant, et sa guérison miraculeuse lorsqu’il confirma que l’enfant devait s’appeler Jean et qui lui permit d’entonner le beau cantique « Benedictus » : tout est merveilleux dans l’apparition de Jean le Baptiste qui allait montrer bientôt le Sauveur promis et attendu depuis quatre mille ans.
Parmi les récits évangéliques, il en est peu d’aussi intéressants ni d’aussi touchants que celui de la naissance de saint Jean-Baptiste. Les miracles s’ajoutaient aux miracles autour du berceau de l’enfant ; les habitants du voisinage furent saisis d’une crainte respectueuse, et le bruit de ces merveilles se répandit dans toutes les montagnes de la Judée, de sorte que tous se disaient les uns aux autres : « Que pensez-vous de l’avenir de cet enfant ? »
Saint Jean-Baptiste occupe dans l’histoire de l’humanité une place incomparable : il sert de trait d’union entre les deux mondes, il résume en lui tout l’Ancien Testament et prépare le Nouveau ; il ferme la mission des prophètes et ouvre celle des Apôtres. Prophète, apôtre, docteur, ermite, martyr, il est plus que tout cela, parce qu’il est tout cela en même temps. Il réunit tous les titres à la sainteté, il rassemble en lui seul tout ce qui constitue les différentes classes des saints. Le culte de saint Jean-Baptiste a toujours joui d’une immense popularité.
Sa fête est régulièrement célébrée par des feux de joie. Il est le patron de nombreuses paroisses, de nombreuses confréries et des Canadiens Français.
Afin de tenter de l’imiter dans sa retraite, essayons de nous éloigner le plus que nous le pourrons des compagnies et des conversations du siècle. Joignons, comme ce saint, la pénitence à la retraite, en retranchant autant que possible toute superfluité dans les habits, dans les meubles et dans la nourriture.