En fait tout a commencé il y a 20 ans en 2004. Je vois aux Baux de Provence un documentaire « De vieux fous de Dieu depuis le Portugal jusqu’en Asie Mineure ». Emerveillée, estomaquée, subjuguée, une seule phrase me trotte dans la tête : « je veux devenir une vieille folle de Dieu ». Je comprends alors que c’est à cet abandon dans les bras de la Vérité, au retrait de ce monde livré à la folie que j’aspire intensément, c’est quelque chose de très profondément enfoui dans mon âme qui s’ouvre et se révèle !
Depuis cette émotion et ce désir ne m’ont pas vraiment quitté et tout doucement la vie ou plutôt la grâce divine m’ont amenée à ce jour anniversaire !
Ce dimanche de la Quinquagésime 2014 fut le début de ma conversion avec le retour à la messe et aux pratiques religieuses que j’avais abandonnées quelques 30 ans auparavant.
Après un long cheminement d’enseignements, de doutes, d’enthousiasmes, de désespérances, de craintes et d’espoirs fous, je me retrouve en 2024, vivant presque comme un ermite, je dis bien presque car j’ai tout le confort, je suis loin du dénuement de ces vieux fous de Dieu, mais je m’allège de mes besoins et désirs ! Très, très peu de contacts sociaux, des journées de solitude dans la paix et l’acceptation, de ce qui est, de ce qui vient, et une phrase du Psaume 139 qui ne me quitte pas : « Seigneur ton regard m’a pénétrée et Tu me connais, Ta pensée me suis quand je me couche et que je me lève ».
Les journées passent entre les prières, les messes, les sermons, les conférences à l’écran, et puis les nouvelles du monde pour mieux orienter mes prières. Je demande avec ferveur à être pardonnée de toutes mes erreurs, je demande à être de plus en plus consciente de mes défauts bien enracinés afin de les « mater ». Je sais que je ne peux rien sans l’aide de Celui qui, de toute éternité, veut me sauver et m’invite à Le suivre afin d’être auprès de Lui dans Sa Gloire pour l’Eternité. Deo Gratias.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir vécu quelque chose de positif au niveau religieux dans les différentes écoles par lesquelles je suis passé. J’y ai rencontré des femmes dures et souvent aigries, de la répression, du mépris, des jugements hâtifs et injustes. La seule religieuse avec laquelle j’ai eu quelques échanges intéressants, a défroquée pour partir avec un moine du couvent où nous faisions régulièrement des « récollections ». Finalement, les messes du vendredi à l’école étaient le moyen d’échapper à un cours ou une étude, et, celles du dimanche avec ma famille… !? Hé bien, soit j’y laissais aller mon imaginaire qui a toujours été débordant, soit à partir d’une quinzaine d’années, j’y trouvais le moyen de repérer des garçons du quartier qui me plaisaient et auxquels j’aurais bien aimé plaire.
Bon, revenons à notre première messe, celle qui a suivi le rêve de Sébastien. Nous découvrons une très belle bâtisse avec un grand parc, c’est là que les dominicaines prennent en charge l’instruction et l’éducation du CP à la Terminale de filles et garçons demi-pensionnaires dans le primaire et de jeunes filles pensionnaires dans le secondaire.
Nous pénétrons dans une petite chapelle de 200 places environ, bondée de monde… nous avons de la peine à nous trouver un siège. Je suis étonnée du silence qui y règne, depuis le bébé jusqu’au vieillard, chacun est absorbé dans une dévotion que je n’avais encore jamais rencontrée. C’est impressionnant.
Le prêtre arrive accompagné de deux enfants de chœur… des chants grégoriens… des prières en latin… C’est la messe de la Quinquagésime pendant laquelle je constate que chaque fidèle suit les différentes étapes sur son missel. J’ai eu un missel pour ma première communion mais je ne me souviens pas m’en être servi. A la sortie de la messe, des couples nous saluent gentiment, et la dominicaine que j’avais rencontré à la médiathèque vient vers nous et me dit dans un chaleureux sourire : « Je vois que vous êtes venues, qu’en pensez-vous ? Reviendrez-vous ? »
« Je n’imaginais pas que cela puisse exister encore, ce silence, cette concentration, cette dévotion, c’est plutôt extraordinaire ! » Je me tourne vers Sébastien : « Moi j’aimerais revenir, et toi ? » Et il acquiesce. La dominicaine qui nous parle se trouve être (bien évidemment, merci mon Dieu) la Mère Supérieure du couvent. Et nous lui racontons le rêve de Sébastien.
Alors voilà que tout se met en route afin de prendre la dure mais magnifique voie de la conversion. Sébastien me demande de téléphoner au couvent des dominicaines pour savoir si la messe du dimanche est publique. « Pour voir » dit-il.
Comme il s’agit aussi d’une école, je décide d’appeler en fin d’après-midi et auparavant de faire un petit tour à la médiathèque qui est à côté de chez moi. Or, j’habite une petite ville en Provence, et pendant 4 ans, je suis allé une à deux fois par semaine à cette médiathèque, je n’y ai jamais rencontré quelqu’un en habit religieux. Ce jour-là, comme par hasard, j’y croise à la sortie une dominicaine.
« Bonjour ma mère, excusez-moi de vous interpeller, mais j’aurais aimé savoir si la messe qui est célébrée dans votre couvent le dimanche à 11 h est bien ouverte au public, est-elle bien en latin ? » Sur sa réponse affirmative, je lui dis que nous irions très certainement ce dimanche avec mon fils.