C’est encore une fois Anne Catherine Emmerich qui nous la raconte :
« Six mois après que Marie fut entrée dans le Temple, son bienheureux père Joachim tomba malade. Dieu l’ayant révélé à la très sainte enfant, elle pria le Seigneur pour lui et lui envoya douze Anges pour l’assister et le consoler. Ayant appris le jour et l’heure à laquelle il devait mourir, elle lui envoya tous les anges de sa garde.
Le saint non-seulement les vit, mais les reconnut pour les anges qui gardaient sa très chère fille Marie. Les Anges s’entretinrent avec lui de plusieurs mystères, et par le commandement de Dieu, lui révélèrent avant sa mort, que Marie avait été choisie par le Tout-Puissant pour être la mère du Messie, ce qu’il ignorait encore. Il fut chargé de porter cette heureuse nouvelle aux saints pères des Limbes. Lorsque les saints anges tenaient ce discours à Joachim, son épouse sainte Anne était présente l’assistant au chevet de son lit, et elle entendit tout par la permission divine. Quand ils eurent fini, saint Joachim perdit la parole, et commença à agoniser, partagé entre la joie d’une nouvelle si agréable et la douleur de la mort, il mourut paisiblement à l’âge de soixante-neuf ans et demi ; à quarante-six ans il avait épousé sainte Anne qui en avait vingt-quatre, et vingt ans après leur mariage, ils eurent la très pure Marie.
Elle avait trois ans et demi lors de la mort de son père. Le saint patriarche étant mort, les saints anges s’en retournèrent vers leur reine et lui apprirent tout ce qui était arrivé. La très sage fille cacha ce qu’elle en savait lorsque sa mère lui en envoya la nouvelle par une lettre écrite à sa maîtresse Anne la prophétesse. Ce fut la première affliction que ressentit la jeune Marie dans cet âge si tendre. »
Après la mort de Joachim, Anne épousa Cléophas, frère aîné de Joseph. Ils eurent une fille, Marie Jacobée qui épousa Alphée, un jeune frère de Joseph. Ils eurent trois fils : Jacques le Mineur, Simon le Zélote et Jude Thaddée, tous trois apôtres de Jésus.
A la mort de Cléophas, toujours sur ordre de Dieu et des prêtres, Anne eut un troisième époux, Salomé : leur fille, Marie Salomé épousa Zébédée, parents de Jacques le Majeur et Jean l’Evangéliste, tous deux apôtres de Jésus.
Quand Joachim fut arrivé sous la porte dorée, il vit Anne, toute rayonnante de joie, venir à sa rencontre. Ils s’embrassèrent dans un mouvement de sainte allégresse et se communiquèrent leur bonheur. Ils étaient ravis en extase et entourés d’une nuée brillante.
C’était sous la porte dorée elle-même, que s’accomplissaient les épreuves et les cérémonies de l’absolution pour les femmes accusées d’adultère, ainsi que d’autres expiations pour les femmes stériles.
Les parents de la sainte Vierge l’engendrèrent donc dans une pureté parfaite et par l’effet de la sainte obéissance. Si ce n’eût été pour obéir à Dieu, ils auraient gardé perpétuellement la continence. La pureté, la chasteté, la retenue des parents et leur lutte contre le vice impur ont une influence incalculable sur la sainteté des enfants qu’ils engendrent. En général, c’est dans l’incontinence et l’excès que se trouve la racine du désordre et du péché.
Une vision d’Anne Catherine Emmerich :
« C’était sainte Anne, entre saint Joachim et un autre homme, peut-être son père. Sous la poitrine de sainte Anne, je vis une cavité lumineuse à peu près de la forme d’un calice, et, dans cette cavité, la figure d’une enfant resplendissante qui se développait et grandissait ; ses petites mains étaient croisées sur sa poitrine ; sa petite tête était inclinée, et il en partait une infinité de rayons qui se dirigeaient vers une partie du monde. »
Voici maintenant quelques extraits de l’histoire des visions de Sœur Marie de Jésus de Agreda (1602-1665) qui fut une religieuse et une mystique espagnole. À partir de 1620, elle a vécu une série de visions extatiques du Saint-Esprit, de la passion du Christ, de la Pentecôte, de l’Enfant-Jésus et de la Reine des anges. Elle tombait en ravissement devant le Saint-Sacrement et semblait avoir un don de lévitation. Choisie comme abbesse en 1627, elle a reçu des apparitions de la Sainte Vierge la même année, qui l’a chargée de la mission d’écrire l’histoire de sa vie. Elle dut reconstituer ses notes face aux réticences de son premier confesseur qui, lui-même, faisait face à ses propres inquiétudes. Son œuvre principale est La Cité mystique. Ce livre fut examiné sur l’ordre de Benoît XIV et édité en 1862 et 1926. Décédée en 1665, sa cause en béatification fut introduite en 1671 et elle fut déclarée vénérable huit années plus tard.
Voici ce que dit Marie d’Agreda :
« Dieu, pour augmenter davantage la gloire et la vertu de sainte Anne, voulut que dans le temps de sa grossesse elle eut à souffrir diverses afflictions. Lucifer, découvrant une si grande sainteté dans cette femme, eut le soupçon que l’enfant qu’elle avait dans son sein pouvait être cette illustre femme qui devait le fouler aux pieds et lui briser la tête. Dans sa rage il mit en œuvre divers moyens pour la faire périr. Il osa la tenter de plusieurs fausses persuasions et de défiances sur sa grossesse, pour la faire chanceler dans sa foi ; mais ce fut en vain. Il tâcha d’abattre la maison qu’habitait la Sainte afin que l’ébranlement et la terreur qui en résulterait fissent périr l’enfant dans son sein. Mais il ne put réussir, parce que les anges qui gardaient la très sainte enfant lui résistèrent. Il pervertit et irrita certaines commères qui s’acharnant avec rage contre notre sainte, lui firent de sensibles affronts et de grandes railleries sur sa grossesse ; ces artifices furent encore inutiles, bien que les pauvres femmes eussent consenti aux mauvaises suggestions de Lucifer. »
« Le premier enfant qu’Anne mit au monde dans la maison de son père fut une fille, mais qui n’était pas l’enfant de la promesse. Les signes qui avaient été prédits ne se montrèrent pas à sa naissance, qui se trouva liée à quelques circonstances pénibles. Je vis, par exemple, qu’Anne, pendant sa grossesse, éprouva du chagrin de la part de ses gens. Une de ses servantes avait été séduite par un parent de Joachim. Anne, très troublée de voir ainsi violée la stricte discipline de sa maison, reprocha un peu vivement sa faute à cette fille. Celle-ci prit son malheur trop à cœur et accoucha avant terme d’un enfant mort. Anne fut inconsolable de cet accident ; elle craignit d’en avoir été la cause, et il s’ensuivit qu’elle-même accoucha avant terme ; mais sa fille vécut. Comme cette enfant n’avait pas le signe de la promesse et qu’elle était née prématurément, Anne vit là une punition de Dieu, et fut extrêmement troublée, car elle croyait s’être rendue coupable. Toutefois, les parents accueillirent avec une joie sincère la naissance de l’enfant, qui fut appelée Marie Héli. C’était une enfant aimable, pieuse et douce. Ses parents l’aimaient beaucoup ; mais il restait en eux quelque trouble et quelque inquiétude, parce qu’ils reconnaissaient qu’elle n’était pas ce fruit béni de leur union qu’ils avaient attendu. Cette petite Marie grandit entourée de ses parents, grands-parents, ainsi que d’une nombreuse parenté.
Anne et Joachim firent longtemps pénitence et vécurent souvent séparés l’un de l’autre. Anne était devenue stérile, ce qu’ils regardaient comme le résultat de leurs fautes, et cela les portait à redoubler leurs bonnes œuvres. Je les vis souvent, chacun de leur côté, faire de ferventes prières, puis vivre à part l’un de l’autre pendant de longs intervalles, donner des aumônes et envoyer des victimes au temple.
Ils vécurent ainsi sept ans chez le père d’Anne, Eliud, ce que je pus voir à l’âge du premier enfant, lorsqu’ils se décidèrent à se séparer de leur famille et à s’établir dans une maison avec quelques terres attenantes, qui leur était venue des parents de Joachim, et qui était située dans les environs de Nazareth. Ils avaient l’intention d’y recommencer à nouveau, dans la solitude, leur vie conjugale, et d’attirer la bénédiction de Dieu sur leur union par une conduite qui pût être plus agréable encore à ses yeux. Je vis prendre cette résolution en famille. Ils partagèrent les troupeaux et mirent de côté, pour le nouveau ménage, des bœufs, des ânes et des moutons. On chargea les bœufs et les ânes, qui étaient devant la porte, de provisions, d’ustensiles et d’effets de toute espèce.
Quand tout fut prêt, les valets et les servantes se mirent en marche et poussèrent devant eux les troupeaux et les bêtes de charge jusqu’à la nouvelle habitation qu’il leur fallait préparer à cinq ou six lieues de là. Anne et Joachim, après avoir pris congé de tous les amis et serviteurs avec toute sorte de remerciements et de recommandations, quittèrent la maison d’Eliud qu’ils avaient habité jusqu’alors, pleins d’émotions et de pieuses résolutions. La mère d’Anne ne vivait plus, mais je vis pourtant des membres de la famille des deux époux les accompagner vers leur nouvelle demeure. Marie Héli, leur fille aînée, âgée d’environ six ou sept ans, faisait aussi partie du cortège. Le père d’Anne, Eliud, semblait s’être remarié.
Quand les parents eurent installé leurs enfants dans leur nouvelle demeure, ils prirent congé d’Anne et de Joachim, qu’ils embrassèrent et bénirent, et ils reprirent le chemin de leur maison, ramenant avec eux la petite Marie Héli qui revenait avec ses grands-parents, ca qui avait été décidé avec l’accord de tous, y compris Marie Héli qui, comprenant la nécessité qu’éprouvait ses parents à vivre retirés, dans la prière, préférait rester avec ses grands-parents, ses tantes, Mahara et Sobé, son cousin Eliud et les ami(e)s de son village. Elle rendrait fréquemment visite à ses parents, Anne et Joachim.
Le Protévangile de St Jacques raconte la rencontre entre Anne et Joachim, éleveur venu faire sacrifier des bêtes de son troupeau au Temple. Or il devait au préalable laver ses moutons dans la piscine de Bethseda près de la Porte des Brebis et Anne se tenait à cette porte de la ville, si bien qu’elle vit Joachim arriver avec ses troupeaux.
D’après Anne Catherine Emmerich « Joachim et Anne furent mariés dans une petite bourgade. Anne avait alors dix-neuf ans. Ils habitèrent chez Eliud, le père d’Anne. Sa maison dépendait de la ville de Sephoris. Ils vécurent là plusieurs années. Tous les deux avaient quelque chose de distingué dans leur manière d’être ; ils avaient bien l’air tout à fait juif, mais il y avait en eux je ne sais quoi qu’ils ne connaissaient pas eux-mêmes : leur gravite était merveilleuse. Je les ai vus rarement rire, quoique dans les commencements de leur mariage ils ne fussent pas précisément tristes. Leur caractère était tranquille et égal, et dès leur jeunesse ils ressemblaient déjà à de vieilles gens par leur air réfléchi. J’ai vu autrefois de semblables jeunes couples qui avaient l’air très réfléchi et je me disais alors : Ceux-ci sont comme Anne et Joachim.
Ils avaient beaucoup de parents qui se réunissaient chez eux dans toutes les occasions solennelles. Je ne vis pas qu’on y menât grande chère. Je les vis souvent dans le cours de leur vie donner à manger à quelques pauvres, mais je ne vis jamais de festins proprement dits. Quand ils étaient ensemble, je les voyais ordinairement assis par terre en rond ; ils parlaient de Dieu avec un vif sentiment d’espérance. Je vis souvent de méchants hommes de leurs parents qui se montraient pleins de mauvais vouloir et d’irritation lorsque, dans leurs entretiens, ils levaient au ciel des yeux pleins de désir ; mais ils étaient bienveillants pour ces gens si mal disposés, les invitaient chez eux dans toutes les occasions, et leur donnaient double part. Je vis souvent ces personnes exiger grossièrement et brutalement ce que l’excellent couple leur offrait avec affection. »
Saint-Jérôme nous apprend qu’ils vivaient saintement, priant Dieu pour la venue du Messie, (qui d’après la prophétie de Daniel révélée par l’archange Gabriel devait s’incarner à leur époque).
Ils faisaient trois parts de leurs biens. La première était destinée au temple de Jérusalem, et nul n’était plus fidèle qu’eux à s’y rendre aux solennités fixées par la loi. La seconde était distribuée aux pauvres. La troisième servait à l’entretien de la maison.
Saint Vincent Ferrier nous représente ces chastes et saints époux, insistant auprès de Dieu de quatre façons différentes :
« C’était, premièrement, par leurs ferventes et continuelles prières, unies à leurs larmes et aux élans de leur cœur. Si nous voulons savoir ce que durent être ces prières, il nous suffit de considérer la manière dont elles furent exaucées.
Secondement, ils multipliaient les aumônes aux pauvres, ils multipliaient leurs offrandes au temple de Jérusalem, et leurs pèlerinages les y amenaient fréquemment en présence du Seigneur.
Troisièmement, ils se souvenaient de la parole écrite au livre de Tobie, disant que la prière est bonne accompagnée du jeûne, et ce qui ne pouvait être le fruit de leur mariage sera le fruit de leurs mortifications.
Enfin, ils y joignirent une promesse. Tous deux voueraient au Seigneur l’enfant qu’il leur donnerait. »
Après la naissance de leur fille aînée, Marie Héli, leur stérilité dura vingt ans, et alors qu’ils entraient dans la vieillesse, chaque jour semblait venir diminuer leur espoir ; et cependant, en présence de l’âge et de la stérilité, ils ne cessaient pas d’avoir confiance en celui qui, des pierres du désert, peut faire des enfants d’Abraham.
Dieu voulait faire resplendir leur foi dans une dernière épreuve.
Emerentia épousa un certain Ophras, qui était Lévite. De ce mariage fut issue Élisabeth, mère de saint Jean-Baptiste. Ismeria épousa un certain Eliud. Ils habitaient dans les environs de Nazareth, ils avaient là une maison et un bien. Ils avaient aussi des terres dans la belle vallée de Zabulon, à trois lieues de Nazareth.
Ils avaient hérité de leurs parents l’esprit de chasteté dans le mariage et de continence. Anne fut un de leurs enfants.
Avant Anne, Ismeria et Eliud eurent une fille aînée appelée Sobé. Comme celle-ci ne portait pas le signe de la promesse, cela les troubla beaucoup, et ils allèrent consulter de nouveau le prophète du mont Horeb, Archos, qui les exhorta à la prière, au sacrifice, et leur promit qu’ils seraient consolés. Ismeria resta ensuite stérile pendant environ dix-huit ans.
Dieu l’ayant bénie de nouveau, elle eut pendant la nuit une révélation : elle vit près de sa couche un ange traçant une lettre sur le mur : un M. Ismeria le dit à son mari, qui avait eu la même vision, et tous deux étant réveillés virent la lettre sur le mur. Trois mois après, elle enfanta sainte Anne, qui vint au monde avec le signe en question sur le creux de l’estomac.
Anne fut amenée à l’école du Temple dans sa cinquième année, ainsi que Marie le fut plus tard. Elle y passa douze ans et revint à dix-sept ans dans la maison paternelle, où elle trouva deux enfants, savoir : une petite sœur cadette appelée Maraha, et un jeune fils de sa sœur aînée Sobé, nommé Eliud. Un an après, Ismeria eut une grave maladie. Sur son lit de mort, elle désigna Anne comme devant lui succéder dans le gouvernement de la maison. Elle s’entretint ensuite seule avec Anne, lui dit qu’elle était un vase d’élection, qu’elle devait se marier et demander conseil au prophète du mont Horeb ; après quoi elle mourut.
Le père d’Anne, pendant la belle saison, était souvent, avec sa famille, dans la vallée de Zabulon, et il s’y fixa quelque temps après la mort de sa femme ; de là vinrent ses rapports avec les parents de saint Joachim, qui devint le mari de sainte Anne. Le père de Joachim s’appelait Matthat. C’était le demi-frère de Jacob, père de saint Joseph.
Ecoutons Anne-Catherine Emmerich :
« J’ai vu Anne dans son enfance ; elle n’avait pas une beauté remarquable, quoiqu’elle fût plus belle que beaucoup d’autres. Elle n’était pas à beaucoup près aussi belle que Marie, mais elle se distinguait par sa simplicité et sa piété naïve. Après la mort de sa mère, elle refusait se marier. Toute sa famille avait pour elle une tendresse particulière. Elle avait six prétendants à sa main, mais elle les refusait. Comme ses ancêtres, elle alla prendre conseil au mont Horeb, et il lui fut dit d’épouser Joachim, qu’elle ne connaissait pas encore, mais qui la rechercha en mariage lorsque son père Eliud se fut établi dans la vallée de Zabulon, où demeurait Matthat, père de Joachim. »