Voici Evènement annoncé dans la liturgie de l’Avent. C’est un Evénement étonnant dans lequel la gloire divine et l’humilité se rejoignent !
Nuit bénie où Dieu parait dans le monde. C’est un enfant de pauvres, emmailloté de langes, il a pour abri une étable dans un tout petit bourg de Judée. Seules quelques personnes simples, des bergers, sont mystérieusement avertis par les Anges. Sa mère, Marie, la Toute Pure, le Femme bénie entre toutes, la créature seule jugée digne de devenir la mère du Verbe incarné, l’Immaculée, le Chef-d’œuvre du Très Haut, la Reine de la Terre et des Cieux, Marie, accepte tout, le froid, l’humidité, l’inconfort. Dans la prière, l’humilité et l’acceptation totale de la volonté divine, elle met miraculeusement au monde son tout petit qui est aussi son Dieu. Et Joseph, le pure, le chaste, le dévoué Joseph, s’unit à la prière de Marie, assistant émerveillé à cet instant magique !
Ce nouveau-né, c’est l’Éternel. A Lui les titres de Dieu, Prince de la Paix, Père de l’ère qui s’ouvre aux hommes pour un Règne sans Fin. L’enfant pauvre et ignoré de Bethléem apparaîtra au Dernier Jour dans l’éclat de sa gloire divine. Mais l’avènement du Christ est encore lointain… ! Le Sauveur est né, le Verbe s’est fait chair et, dorénavant, nous avons part à la vie divine de celui qui a daigné prendre notre nature humaine.
Dieu paraît, et c’est un enfant de pauvres, il nait dans une étable, dans le froid et l’humidité d’une longue nuit d’hiver de Judée.
Ce sont des gens simples, des bergers, qui les premiers sont avertis mystérieusement. « Gloire à Dieu au plus haut de cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime », c’est le chant des anges aux bergers !
Ce tout petit, pourtant, c’est l’Eternel, à lui les titres de Dieu, Prince de la Paix, Roi de gloire, Splendeur du Père, Soleil de Justice, Porte du Ciel, Père de l’ère qui s’ouvre pour un règne sans fin. Il vient nous ouvrir les Portes du Paradis !
Dieu qui est son Père nous révèle par un prophète son origine éternelle ; « A Toi la puissance au jour de Ton triomphe. Dans les splendeurs des Cieux, Je t’ai engendré avant l’aurore du monde. »
L’enfant pauvre et ignoré de Bethléem apparaîtra au Dernier Jour dans l’éclat de sa Gloire divine. L’avènement triomphal du Christ est encore lointain mais l’œuvre du Salut a commencé, le Sauveur est né.
Cette naissance est l’annonce d’un monde nouveau, pur et innocent comme l’enfance, d’un monde sans péché, ni larmes, ni deuils. Dans sa bonté, ce Dieu incarné vient nous apprendre à vivre, ici-bas, comme Il a vécu, dans la maîtrise de soi, la compassion, la justice et la piété. Il nous offre ainsi de prendre part à la Vie divine de Celui qui a daigné s’asservir à la nature humaine. Gloire lui soit rendue !
Que la paix et la joie de Noël soient sur chacun d’entre vous, dans vos familles et votre entourage afin de rejaillir sur notre pauvre monde tant malmené !
La tradition signale d’autres choses encore que les bergers trouvèrent dans la grotte. Elle nous apprend qu’il y avait un bœuf et un âne.
Les Pères de l’Église Grecque et de l’Église Latine l’appuient de leur autorité. Nommons seulement saint Grégoire de Nazianze, saint Grégoire de Nysse, Prudence, saint Jérôme. L’Église elle-même l’adopte en la faisant passer dans les offices de Noël et de la Circoncision. Bien des siècles avant l’événement, le prophète Isaïe, appelé l’historien anticipé de Notre-Seigneur, avait annoncé cette circonstance de la naissance du Rédempteur universel. « Le bœuf, dit-il, a connu son maître, et l’âne la crèche de son Seigneur. »
Ces deux animaux figuraient les Juifs et les Gentils, deux peuples au milieu desquels le divin Enfant venait se placer pour les unir et n’en former qu’une seule société.
L’âne avait servi de monture à la Sainte-Vierge pour venir de Nazareth à Bethléem, et le bœuf avait été amené par saint Joseph pour payer le tribut à César. C’était peut-être la meilleure part de la fortune de la Sainte Famille.
Le nouveau-né reposait là, inaperçu du monde et protégé par la pauvreté. Cependant, les prodiges qui avaient signalé sa naissance ne pouvaient demeurer longtemps ignorés. L’arrivée des Mages à Jérusalem vint bientôt en donner la certitude et exciter les craintes sanguinaires du cruel Hérode.
Les Bergers ne furent pas les derniers à soupçonner le danger qui menaçait l’enfant Jésus. A leur éternelle louange, il ne se trouva parmi eux ni un espion ni un traître. Loin de là, ils cachèrent avec soin la Sainte Famille, en attendant que le Père éternel lui-même pourvût à la sûreté de son Fils.
Suivant la tradition encore vivante à Bethléem, la Sainte Vierge, pour échapper à Hérode, quitta sa première retraite et chercha un refuge dans la grotte d’un rocher voisin de Bethléem. Là, elle vécut en sûreté sous la protection des Bergers.
A la preuve de la sainteté des trois bergers se joignent les témoignages de la tradition. Dans le manuscrit arabe de Mardin, les trois bergers sont représentés avec le nimbe. Or, il est notoire que dans les peintures ou sculptures chrétiennes le nimbe est le signe distinctif de la sainteté. Des monuments primitifs ne le donnent qu’à Notre-Seigneur, aux Apôtres et aux saints. Cette règle invariable prouve que dans la Mésopotamie, pays si bien placé pour connaître la tradition évangélique, les trois bergers étaient, dès la plus haute antiquité, tenus pour saints.
La première vertu qui resplendit en eux, c’est l’humilité. Ils sont humbles devant les hommes et devant Dieu. Devant les hommes, ils ne sont que de pauvres bergers ; devant Dieu, ils sont pleins du sentiment de leur petitesse. S’ils avaient été orgueilleux, à coup sûr l’Enfant Jésus, le modèle, le prédicateur, l’ami par excellence de l’humilité, ne les aurait pas choisis, de préférence à tous les autres hommes, pour ses premiers courtisans.
Fille de l’humilité, la simplicité est la seconde vertu de nos saints bergers. Plus que toute autre, la vie pastorale est éminemment propre à nourrir cette simplicité de mœurs et de langage dont les charmes gagnent tous les cœurs.
La foi des pasteurs de Bethléem brille dans l’assentiment instantané qu’ils donnent aux paroles de l’archange Gabriel : « Le Sauveur vous est né ». Elle brille dans la promptitude avec laquelle ils se rendent à la grotte. Elle brille dans l’adoration du Créateur du monde, caché sous la forme d’un petit enfant, enveloppé de pauvres langes. Elle brille dans les louanges qu’ils rendent à Dieu, en revenant auprès de leurs troupeaux, dans leurs transports d’allégresse et dans l’annonce à tout ce qu’ils rencontrent de ce qu’ils ont vu et entendu.
L’espérance marche de pair avec leur foi. Comme tout Israël, ils attendaient le Messie promis à leurs pères. La nouvelle de sa venue les comble de joie. Prosternés aux pieds de l’Enfant Dieu, ils n’espèrent plus, ils possèdent.
Il faut aussi ajouter le mérite de l’apostolat ; car ils purent dire aux hommes avant le disciple bien-aimé : « Ce que nous avons vu de nos yeux et touché de nos mains, le Verbe fait chair, nous vous l’annonçons. » Et tous ceux qui les entendaient admiraient ce qui leur avait été rapporté par les bergers.
Ils ont mérité aussi que leurs paroles à la crèche, inspirées par le Saint-Esprit, fussent conservées, comme dans un trésor, dans le cœur de la Très-Sainte Vierge, qui s’en nourrissait avec bonheur. Aux prophètes, il fut donné de parler au cœur de Jérusalem ; aux bergers, de parler au cœur de Marie. Qui peut se flatter d’une pareille gloire ?
Ecoutons une fois de plus Anne-Catherine Emmerich :
« Ce jour-là, Anne et sa fille aînée étaient en visite à Nazareth. A peine étaient-elles allées se reposer, que l’ange avertit Joseph. Un jeune homme resplendissant s’approcha de sa couche et lui parla, comme Joseph était accablé de sommeil, l’ange le prit alors par la main, et Joseph se réveilla tout à fait et se leva. Le jeune homme disparut. Joseph alla allumer sa lampe, alla prévenir la sainte Vierge, puis il alla dans l’écurie où était son âne, et entra dans une chambre où étaient divers effets. Il arrangea tout pour le départ.
La sainte Vierge se leva et s’habilla pour le voyage ; elle alla ensuite trouver sa mère et lui fit connaître l’ordre donné par Dieu. Alors sainte Anne se leva aussi, ainsi que Marie Héli et son fils. Ils laissèrent l’Enfant-Jésus reposer encore. La volonté de Dieu était au-dessus de tout pour ces saintes personnes. Quelque affliction qu’elles eussent dans le cœur, elles disposèrent tout pour le voyage avant de se livrer à la tristesse des adieux. Elles firent un paquet de médiocre grosseur avec ce que Joseph avait préparé, et y joignirent quelques couvertures. Tout se fit avec calme et très promptement, comme lorsqu’on vient d’être réveillé pour partir secrètement.
Le moment des adieux était venu. Sainte Anne et sa fille pressèrent, en pleurant, l’Enfant-Jésus contre elles ; le petit garçon l’embrassa aussi. Sainte Anne embrassa à plusieurs reprises la sainte Vierge, pleurant amèrement comme si elle ne devait plus la revoir. Marie Héli se Jeta par terre et versa des larmes abondantes. Il n’était pas encore minuit lorsqu’ils quittèrent la maison. Anne et Marie Héli accompagnèrent la sainte Vierge pendant quelque temps ; Joseph venait derrière avec l’âne. Marie avait un long manteau qui enveloppait l’enfant et elle. Elles avaient fait un peu de chemin lorsque saint Joseph les rejoignit avec l’âne, sur lequel étaient attachées une outre pleine d’eau et une corbeille où se trouvaient plusieurs objets, des petits pains et une petite cruche. Le petit bagage des voyageurs et quelques couvertures étaient empaquetés autour du siège placé en travers, qui avait une planchette pour les pieds. Elles s’embrassèrent encore en pleurant, et sainte Anne bénit la sainte Vierge ; celle-ci monta sur l’âne que Joseph conduisait, et se mit en route.
Alors que la Sainte Famille tentait de survivre en Egypte, Jésus étant à peu près au milieu de sa seconde année, un ange apparut à la sainte Vierge, à Héliopolis, et lui apprit le massacre des enfants par Hérode. Joseph et elle en furent très affligés, et l’Enfant-Jésus pleura toute la journée. »
Joseph était déjà saint avant son mariage, mais il fit encore bien plus de progrès dans la sainteté après qu’il eût épousé la Saint Vierge. Les seuls exemples de sa sainte épouse suffisaient pour le sanctifier.
Mais, si Marie, comme le dit Saint Bernardin de Sienne, est la dispensatrice de toutes les grâces que Dieu accorde aux hommes, avec quelle profusion devons-nous croire qu’elle en avait enrichi son époux qu’elle aimait tant et dont, en retour, elle était tant aimée !
Joseph aimait profondément sa sainte épouse. Elle était si belle dans son humilité, sa douceur, sa pureté. Elle était plus avancée dans l’amour de Dieu que tous les hommes et tous les anges, elle méritait tout l’amour de Joseph qui aimait tant la vertu ! Et puis, Joseph voyait comme il était aimé de Marie !
Combien plus encore devons-nous croire que la sainteté de Joseph s’accrut par l’intimité et la familiarité qu’il eut avec Jésus tout le temps qu’ils vécurent ensemble !
Joseph aimait tant son Jésus. Dieu l’avait choisi pour tenir lieu de père à son Divin Fils. Ainsi l’amour de Joseph ne fut pas un amour purement humain, comme l’est l’amour des autres pères, mais un amour surhumain qui lui faisait trouver dans la même personne et un fils et un Dieu !
La longue familiarité des personnes qui s’aiment, refroidit quelquefois l’amour parce que plus les hommes conversent longuement entre eux, plus ils connaissent les défauts des uns et des autres. Il n’en était pas ainsi pour saint Joseph : plus il conversait avec Jésus et Marie, plus il connaissait leur sainteté !